Depuis le début de ses opérations militaires au Mali vendredi 11 janvier, Paris apparaît
bien seul. L’Otan a précisé qu’elle n’était pas impliquée et concernée par ces bombardements.
Le Royaume-Uni apporte un soutien qui n’est que logistique. L’Allemagne étudie la
question et les Etats-Unis se contentent de fournir une aide dans le champ des renseignements.
Quant aux pays africains, dont la participation à la force internationale était prévue
par les Nations Unies, ils font figure pour le moment de figurants. L’armée malienne,
en déliquescence, n’est pas en mesure de mener seule un assaut ou une offensive contre
les positions des islamistes.
L’armée française se voit donc en première ligne.
Si cette intervention recueille l’approbation quasi unanime au sein de la classe politique
française, à l’exception des Verts et de l’extrême-gauche, certaines questions demeurent
sur la décision de François Hollande, le président français, d’engager son pays dans
ce conflit. Marc-Antoine Pérouse de Montclos. politologue et chargé de recherche
au Centre Population et Développement à l’Université Paris Descartes, pointe du doigt
plusieurs problèmes
Quelle
souveraineté rétablir ?
« D’un point de vue stratégique, l’intervention
française pose un certain nombre de problèmes. Il y a d’abord un souci politique :
on veut rétablir la souveraineté du Mali mais de quel Mali s’agit-il ? celui de Bamako
dont le gouvernement est non-élu ? Et puis il y a ce paradoxe d’un gouvernement Hollande
qui s’est inscrit contre la Françafrique et qui agit pour soutenir un régime qui est
contrôlé en sous-main par des putschistes », souligne le chercheur.
Au vue
de l’évolution rapide des combats, l’armée française ne s’est pas contentée d’arrêter
la progression des forces islamistes vers le sud. « La France est en guerre contre
le terrorisme » s’est justifié dimanche le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
De fait, dimanche, des bombardements ont visé des positions islamistes dans le nord
du pays.
Quid de l’Algérie ?
« La France se retrouve engagée
un peu trop rapidement dans l’opération de reconquête du Nord Mali » explique le politologue.
« La résolution onusienne prévoyait d’agir par étape en commençant par rétablir l’ordre
constitutionnel à Bamako pour ensuite rétablir la souveraineté du pays dans le nord.
Or on a court-circuité la première étape : des élections auraient dû se tenir avant
que les opérations militaires ne soient lancées fin 2013. » Cette accélération du
calendrier a été justifiée par le gouvernement français qui estime que Bamako, la
capitale, serait tombée en quelques jours si les avions français n’étaient pas intervenus.
Si les pays voisins du Mali et de l’ensemble de la région sont quasiment tous
mobilisés pour soutenir les autorités de transition maliennes, il y a un voisin qui
se fait très discret : l’Algérie qui a toujours exprimé son hostilité à toute intervention
occidentale dans ce conflit. L’Algérie possède une longue frontière avec le Mali et
une grande partie des djihadistes luttant actuellement contre les forces françaises
et maliennes sont originaires d’Algérie ou y ont transité.
« L’Algérie est
une des clés majeures de la résolution de cette crise », reconnait Marc-Antoine Pérouse
de Montclos. « Elle continue de ne pas bloquer les frontières ce qui permet aux islamistes
présents au Mali de se ravitailler en essence. Alger joue un rôle ambigu » admet-il.
Cependant, l’Algérie a autorisé l’aviation française à survoler son territoire.
(Photo
: un Rafale français se pose sur une base aérienne à N'Djamena au Tchad après avoir
mené une attaque au Mali)