Birmanie : la guerre sans fin des Kachins s’intensifie
Dans l’extrême nord de la Birmanie, à la frontière avec la Chine, le cessez-le-feu
entre les rebelles Kachins et les autorités a volé en éclat il y a 18 mois. Depuis,
les combats sont réguliers, mais ils ont doublé d’intensité ces derniers jours. L’armée
birmane a maintenant recours à des avions et des hélicoptères de combat, officiellement
pour pourvoir ravitailler un avant-poste isolé par les rebelles qui contrôlent les
collines aux alentours de leur QG, Laiza. Mireille Boisson coordonne les projets
d’Amnesty France sur le Myanmar. Elle décrit à Marie Duhamel la situation
Ce lundi,
cette guerre entre combattants a fait, pour la première fois, des victimes civiles.
L’armée a tué au moins trois personnes dans la ville de Laiza. Selon le colonel James
Lum Dau, le porte-parole de la branche politique des rebelles de la minorité ethnique
kachin basée en Thaïlande : « trois obus sont tombés au cœur de Laiza, tuant trois
civils et en blessant six autres ». Selon lui, un adolescent de quinze ans compte
parmi les morts, et deux fillettes de deux et huit ans parmi les blessés. L’armée
dément, mais on ne voit pas pourquoi les rebelles tireraient sur des membres de leur
minorité ethnique explique Mireille Boisson. Pour elle, ces bombardements prouvent
une faiblesse du gouvernement civil au pouvoir depuis deux ans
Dans une démarche
d’ouverture politique et de dialogue avec la communauté internationale, le président
Thein Sein tente en effet de pacifier son pays. Le gouvernement, composé d'anciens
officiers réformateurs qui ont succédé à la junte en mars 2011, a entamé il y a plus
d'un an des négociations avec les groupes ethniques rebelles en conflit avec le pouvoir
central depuis l'indépendance en 1948. Il est parvenu à des accords de cessez-le-feu
avec la majorité d'entre eux mais pas les Kachins. « Un échec cuisant qui empoisonne
ses efforts pour convaincre la communauté internationale de la sincérité de ses initiatives
de paix », synthétise l’AFP. La pacification du pays est aussi cruciale pour son
développement économique. La Chine, partenaire centrale de la Birmanie, est d’ailleurs
fort peu contente de ces combats à sa frontière Ces affrontements
ont provoqué l’exode de milliers d’habitants dans la région. Au total, quelque 75.000
personnes ont été déplacées par les combats qui ont repris en juin 2011 après dix-sept
ans de trêve. La majorité d'entre elles sont en zone contrôlée par les rebelles où
l'ONU n'a pu accéder depuis des mois. Aucune ONG humanitaire n’a accès à ces populations
et l’Eglise birmane tente de faire de son mieux. Chaque jour le diocèse de Banmaw
apporte de l’eau, des tentes, des vêtements et de livres scolaires à 13 000 personnes
déplacées.
(Photo : un soldat de l'armée kachin d'indépendance sur le marché
de Laiza dans le nord de la Birmanie)