L'Eglise d'Allemagne cesse sa collaboration avec le chercheur qui enquêtait sur les
abus sexuels
Une rupture qui risque de relancer la polémique sur la pédophilie dans l’Eglise :
la Conférence des évêques catholiques allemands a décidé de cesser sa collaboration
avec le directeur de l'Institut de criminologie de Basse-Saxe qui enquêtait depuis
2011 sur les abus commis par des membres du clergé. Elle affirme dans un communiqué
que cette décision à effet immédiat a été prise pour des motifs graves. Elle demande
à l’Institut le remboursement des fonds qui ont déjà été versés.
La décision
est retentissante, le communiqué des évêques sévère : il affirme que la relation de
confiance entre le chercheur Christian Pfeiffer et les évêques allemands est anéantie,
alors que confiance est une condition incontournable pour un projet aussi vaste et
délicat. La Conférence épiscopale reproche au Professeur Pfeiffer sa façon de communiquer
avec les responsables de l'Eglise qui a malheureusement empêché de poursuivre un travail
constructif. Elle regrette de ne pas avoir pu trouver une solution à l’amiable malgré
les efforts.
La Conférence épiscopale recherche un nouveau partenaire
Au
printemps 2010, l’Eglise d’Allemagne s’était attaquée résolument au scandale de la
pédophilie en mettant en place un vaste plan d’action en plusieurs points. Prévue
pour durer jusqu’en 2014, la recherche de l’Institut de criminologie devait porter
sur des faits commis entre 1950 et 1980 et sur le comportement de l’Eglise en tant
qu’Institution. Christian Pfeiffer a rejeté la responsabilité de cette rupture sur
certains prélats qui lui auraient demandé de leur soumettre ses recherches pour approbation,
avant une éventuelle publication. Il a par ailleurs laissé entendre que plusieurs
diocèses auraient procédé à des destructions intentionnelles d’archives ayant trait
à son étude.
Depuis la crise de 2010, pourtant, l’Eglise d’Allemagne semble
avoir opté pour la transparence. En novembre dernier, une étude scientifique réalisée
par un autre chercheur indépendant, spécialiste en médecine légale a été rendue publique
sans incidents. Cette étude indiquait que seuls quelques cas d’abus signalés étaient
liés à une pathologie psychologique comme la pédophilie. Toujours aussi convaincue
de l’utilité d’une enquête criminologique sur ce dossier, la Conférence épiscopale
recherche à présent un nouveau partenaire pour relancer ce travail de manière approfondie
et transparente.
(Photo : Le cardinal Zollitsch, président de la conférence
épiscopale allemande)