2012-12-27 07:53:34

Dossier : la piraterie dans le Golfe de Guinée


On connaissait la piraterie dans le golfe d’Aden et sur les côtes somaliennes. Alors que ce phénomène y diminue sous l’œil vigilant d’une flotte internationale, il se développe dans un autre golfe, celui de Guinée, en Afrique de l’Ouest. Or cette région est vitale pour l’économie internationale puisqu’elle fournit 40% du pétrole européen et 29% du pétrole américain. Les enjeux, au-delà de la sécurité, sont donc financiers et stratégiques.

L’International Crisis Group (ICG)a publié un rapport en cette fin d’année sur les efforts des organisations régionales et les acteurs internationaux pour lutter contre la criminalité en mer. Depuis trois-quatre ans, l’insécurité maritime, plus que la piraterie dont la définition juridique est plus restrictive, est en nette augmentation. Rien que cette année, quarante-deux attaques ont été menées et quatre personnes y ont perdu la vie.

Qui sont ces nouveaux pirates?

Après avoir longtemps négligé ce problèmes, les Etats de la région commencent à prendre conscience des enjeux et ont entrepris de prendre des mesures concrètes pour y répondre. Mais qui sont ces nouveaux pirates ? « Il s’agit de gangs qui sont très bien organisés puisque cela nécessite une logistique très importante et des compétences maritimes ainsi que des informations précises sur les mouvements des navires », explique Thierry Vircoulon, directeur du projet Afrique centrale de l’International Crisis Group. « Il est évident que les gangs ont des complicités bien placées dans les industries de la mer et dans les forces de sécurité » poursuit-il.

« Ces gangs sont le produit de la criminalisation de l’économie dans la région et plus particulièrement au Nigéria qui a pris une ampleur extrêmement importante et c’est la contrebande de pétrole qui constitue la part la plus conséquente », précise-t-il.

Des racines d'ordre économiques et sociales

Face à ce danger, les Etats comme le Nigéria, le Gabon, le Bénin ou le Togo, commencent à s’équiper. « Pour lutter contre cette insécurité il faut des moyens maritimes et cela coûte cher. Les pays du golfe de Guinée ont pris conscience du problème il y a quelques années et commencent à développer leurs capacités. Mais bâtir une marine, former des garde-côtes, cela demande du temps et coûte cher » explique Thierry Vircoulon.

Mais cette approche sécuritaire et répressive ne peut pas tout résoudre car les racines de ce phénomène sont bien plus profondes et sont essentiellement d’ordre économiques et sociales. « La réponse sécuritaire a été la première donnée mais maintenant les Etats de la région coopèrent de plus en plus et l’industrie a pris de son côté des mesures défensives. Mais il ne s’agit que d’une réponse à court terme. Il faut réguler davantage les activités économiques en mer et notamment lutter contre la contrebande de pétrole. Il faut aussi développer l’emploi dans le golfe. Cette lutte implique une réforme de la gouvernance économique et un développement économique, et cela ne peut fonctionner que sur le long terme » conclut-il.

Thierry Vircoulon, directeur du projet Afrique centrale de l’International Crisis Group répond aux questions de Xavier Sartre : RealAudioMP3








All the contents on this site are copyrighted ©.