Lancé en 2011 par une équipe de 5 jeunes français et éthiopiens, le projet Boswellia
a permis à des communautés chrétiennes du nord de l’Ethiopie de développer durablement
leur production d’encens, de les transformer chez eux pour ensuite non plus les vendre
dans leur village dans leur région, mais aux églises d’Europe.
Récit d’un
projet solidaire, respectueux des hommes et de leurs forêts, avec Marie Duhamel
Dans la nef,
des volutes de fumée s’échappent de l’encensoir. Un parfum poivré et enveloppant accompagne
les fidèles dans leur prière, leur méditation et leur temps de recueillement. Dans
la liturgie chrétienne, l’encens est essentiel. « Il est symbole d'honneur », explique
Mgr Bernard Housset. L’évêque de La Rochelle et Saintes explique qu'en encensant l’autel,
les offrandes et l’Evangile, on rend honneur à Dieu.
Mais quel encens utiliser
? La question se pose face à un panel de choix important. Sur internet, on trouve
de l’encens « des rois mages » ou dit « Pontifical », celui de saint Antoine, de sainte
Rita ou de saint Benoît. Mille noms pour mille couleurs. Les boutiques « on line »
en propose du rouge, violet, bleuté ou jaune. Il est en tout cas difficile d’en trouver
qui soit naturel, récolté et transformé dans un de ses pays d’origine : le Yémen,
l’Erythrée ou encore l’Ethiopie.
Le boswellia, un arbre menacé par la surexploitation
L’histoire
de l’Ethiopie est liée à celle de l’encens, comme à celle du christianisme. La présence
des orthodoxes remonte au IV° siècle, faisant des Ethiopiens un des peuples chrétiens
les plus anciens du monde. C’est donc tout naturellement là que s’est établi le projet
Boswellia, du nom de cet arbre éthiopien produisant l’olibanum. Ce projet a de nombreuses
finalités. La toute première consiste à protéger cet arbre millénaire, car le boswellia
est aujourd’hui menacé de disparition. Des groupes privés, souvent étrangers, envoie
des saisonniers recueillir la sève de ces arbres, puiser sans limite et sans précaution
dans ces champs de forêts. Une surexploitation qu’ont décidé de contrer Julien Charbonnier
et ses partenaires du projet Boswellia.
Avec l’aval des autorités nationales
et locales en Ethiopie, l’ancien étudiant à Science po Toulouse a donc fait sa valise.
Il a passé plusieurs mois dans la région du Tigray auprès des communautés chrétiennes
pour les aider à préserver les forêts de Boswellia, dont ces hommes et femmes tirent
la moitié de leur revenu annuel.
Aider les communautés chrétiennes à protéger
leur ressource
Ces communautés possèdent déjà le savoir-faire. Pendant
quelques mois, chaque année, ils vont entailler l’écorce des arbres de manière mesurée
pour récolter la sève, que leur femmes feront ensuite sécher avant de les vendre à
des acheteurs locaux. Ce qui manque aux communautés, c’est l’accès à l’information.
Ils ne connaissent pas les possibilités de vente en dehors de leur périmètre, ni le
prix du marché international. Ils ne sont pas non plus informés des meilleurs moyens
de protéger leur ressource, comme la création de pépinière protégée des petits animaux
qui viennent ronger les racines naissantes de Boswellia.
C’est à ce titre
qu’intervient le projet Boswellia. Les cinq partenaires proposent de fournir un nouveau
marché aux coopératives de producteurs locaux, de les aider à protéger leur ressources
en évitant les interférences d’animaux ou humaine qui nuisent à la survie des forêts
de Boswellia, par la même à la survie de leur revenu et donc à leur propre avenir.
Le
projet Boswellia offre aussi la possibilité aux producteurs de résine d’augmenter
leurs revenus en travaillant eux-même sur place l’olibanum, pour ensuite la remettre
au projet Bosswellia qui se chargera enfin de la distribuer auprès des diocèses d’Europe.
Un encens éco-solidaire disponible dès janvier
Mais comment
les propositions du projet Boswellia ont-elles été accueillies par les communautés
? Ce ne sont pas de gens qui sautent au plafond et qui disent oui tout de suite, explique
Julien Charbonnier. Ils se réunissent, réfléchissent ensemble tranquillement avant
de prendre une décision. Cela dit, reconnait le jeune chercheur, avoir accès à un
prix stable et supérieur de 20% à celui du marché, c’est très important pour eux.
Aujourd’hui, cette coopération de savoir et de profit, économique et durable,
est mise sur pied et les diocèses de Toulouse, Bordeaux et la Rochelle et Saintes
la soutiennent.
Avis maintenant à l’ensemble des diocèses et à leurs économes.
L’encens solidaire du Tigray sera disponible en France dès le mois de janvier, pile
pour la fête de l’Epiphanie, quand les trois rois mages apportèrent à l’Enfant Jésus
de l’or de la myrrhe et de l’encens.
Pour plus d'informations : www.projetboswellia.com/