Syrie : deux villages chrétiens menacés d'être pris d'assaut
Lors de sa première conférence de presse, samedi à Damas, le chef de l'Eglise grecque-orthodoxe
de Syrie, Youhana Yazigi, patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, a appelé les
chrétiens à rester dans le pays. Il a exhorté les belligérants à mettre fin aux violences
et à entamer un dialogue.
Mais en Syrie, à la veille des fêtes de Noël, les
chrétiens sont plus que jamais confrontés à l’incertitude, alors que le conflit devient,
selon l’ONU, ouvertement intercommunautaire. Pris entre deux feux, ils se voient régulièrement
sommés de choisir leur camp. Dans l’ouest du pays, près de Hama, deux villages chrétiens
ont reçu un avertissement. Dans une vidéo, des combattants rebelles ont annoncé qu’ils
lanceront un assaut pour déloger les hommes de Bachar al-Assad. Les rebelles, qui
se présentent comme membres de la brigade al-Ansar, demandent aux habitants de se
soulever pour expulser les forces du régime.
Pour Fabrice Balanche,
ce message d'avertissement cache des intentions moins bienveillantes. Il est interrogé
par Antonino Galofaro :
Selon
ce chercheur au sein du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le
Moyen-Orient à Lyon, « on sait très bien que ces rebelles, qui sont dans des bataillons
à caractère islamique, veulent expulser les chrétiens et toutes les minorités de la
région », soit précise-t-il, parce qu’elles sont proches du régime, soit parce que
ce sont des groupes minoritaires qui ne sont « ni islamistes, ni salafistes ».
Si
les chrétiens se placent sous la protection de l’armée régulière, « ce n’est pas,
explique-t-il, parce qu’ils soutiennent la personne de Bachar Al Assad », c’est parce
qu’ils craignent l’arrivée au pouvoir des rebelles et un scénario similaire à celui
de l’Irak après la chute de Saddam Hussein.
Pour Fabrice Balanche, « nous sommes
dans une guerre civile avec des dérives confessionnelles » depuis septembre 2011,
quand il y a eu une militarisation des rebelles.