Le Cardinal Zimowski : la crise ne peut réduire l'hôpital à un lieu de souffrance
Mercredi midi, le président du Conseil pontifical pour la Santé, Mgr Zimowski, a présidé
une messe de solidarité avec les employés des hôpitaux romains confrontés à de grandes
difficultés économiques. Certaines structures, notamment catholiques, sont menacées
de fermeture, des personnels de santé ne reçoivent plus leur salaire en raison de
la crise et des mesures d’austérité. La publication ces derniers mois de photographies
montrant des malades soignés à même le sol avait mis en lumière les difficultés des
services d’urgences des hôpitaux romains. Le gouvernement a ouvert une cellule de
crise pour « remettre de l’ordre dans le système » de santé italien.
Les
lieux de soins ne peuvent devenir que des lieux de souffrance
Durant cette
messe, célébrée en l'Eglise de Santo Spirito in Sassia, le Cardinal Zimowski a tenu
à rappeler d'abord l'histoire insigne de l'hôpital du même nom, l'un des plus vieux
du monde, où travaillèrent et furent de grands témoins de la charité chrétienne, des
saints comme Filippo Neri et Camillo de'Lellis. Mais pour aussitôt regretter qu'un
tel lieu de soins, frappé par la crise comme tant d'autres, risque de devenir un lieu
de souffrance dépourvu de la moindre lueur d'espérance. Le Cardinal Zimowski déclarait
ensuite comprendre que l'on puisse se sentir découragé par les difficultés du travail
et l'apparente incapacité de changer les choses. Mais il recommandait pourant de faire
tout ce qui est possible pour que les centres de soins soient plus humains, plus accueillants,
et respectueux de la dignité des personnes. Il rappelait alors les récentes paroles
du Pape aux participants de la 27ème conférence Internationale du Conseil pontifical
pour la pastorale des services de santé: "La mesure de l'humanité est déterminée essentiellement
dans le rapport avec la souffrance et avec la personne qui souffre".
Le
Cardinal Zimowski appelle à un sursaut d'humanité, malgré la crise
Le Cardinal
Zimowski reconnaissait la difficulté de pouvoir répondre à cette exigence dans un
contexte où la crise économique et financière européenne et internationale a de fortes
répercussions sur les politiques sanitaires nationales. Et il renouvelait son inquiétude
face aux réformes en cours, ayant l'impression qu'elles ne tiennent compte que de
l'aspect économique du secteur de la santé, en négligeant ceux qui y travaillent et
en constituent l'essence vitale, ainsi que les malades."On parle de réduire le nombre
de lits, déclarait le Cardinal Zimowski, mais on ne parle pas de ceux qui seront ainsi
privés de la possibilité d'être hospitalisés, soignés et assistés". "Il s'agit pourtant
de l'une de nos soeurs, de l'un de nos frères, ou de nos parents, qui appartiennent
à cette génération qui a contribué à faire renaître le pays des ruines et des souffrances
de la Seconde Guerre Mondiale".
Pour faire face à ce défi, a conclu le Cardinal
Zimowski, l'effort de tous est nécessaire, en se rappelant que "ce n'est qu'en regardant
le monde avec le regard d'amour du Créateur que l'humanité apprendra à être sur la
terre dans la paix et dans la justice, en destinant opportunément les ressources au
bien de chaque homme et de chaque femme".
Les difficultés de certaines structures
catholiques ne sont pas dûes qu'à la crise
Le 2 décembre dernier, une délégation
de l’Institut dermatologique de l’Immaculée à Rome, avait manifesté Place Saint-Pierre,
demandant au Pape de soutenir leur cause. Quelques jours plus tard lors de l'Angélus,
Benoît XVI saluait « le groupe de prière » de cet Institut qui vit une situation difficile,
en souhaitant que « l’on puisse trouver des solutions aux problèmes qu’affrontent
diverses institutions sanitaires catholiques ». Une réponse au personnel de l’Idi,
mais aussi implicitement un appel à toutes les institutions catholiques en difficulté,
et notamment le grand hôpital du Gemelli – où Jean-Paul II fut soigné- , à mettre
de l’ordre dans leur organisation et leurs finances. Elles accusent 800 millions d’euros
de dettes, conséquences de mauvaises gestions et de diverses malversations plus que
de la crise économique.