C’est une visite préparée avec soin par l’exécutif français. Lors des six derniers
mois, les ministres se sont succédés à Alger en vue de la visite mercredi et jeudi
de François Hollande en Algérie. Le président français effectue là sa première visite
dans ce pays qui fête ses cinquante ans d’indépendance. La question du passé colonial
devrait être abordée lors des entretiens que François Hollande aura avec son homologue,
Abdelaziz Bouteflika, et lors des différents rendez-vous qu’il aura au cours de ces
deux jours, parmi lesquels sa visite au Parlement.
Cette visite sera placée
également sous le signe de l’avenir. Dans cette optique, il sera beaucoup question
d’économie. Et en la matière, les attentes de l’Algérie vis-à-vis de la France sont
importantes. « L’Algérie se retrouvera bientôt sans pétrole et sans gaz à exporter
et d’ici là il faudrait vraiment diversifier l’économie » explique Saïd Djaafer, rédacteur
en chef du site Maghreb émergent à Alger.
Demande d’investissements français
C’est
là que la France entre en jeu. « Les entreprises françaises se voient reprocher de
ne considérer l’Algérie que comme un marché où déverser leurs produits et non comme
un marché où investir », précise Saïd Djaafer. Attention donc à ne pas perdre ce que
les Français considèrent comme une chasse gardée prévient-il.
En vue d’une
collaboration intensifiée dans le domaine de la production industrielle, un accord
devrait être signé pour la construction d’une usine Renault près d’Oran « après deux
ans de très laborieuses négociations ». « L’Algérie importe chaque année 400 000 véhicules
et Renault est la marque la plus vendue » souligne le rédacteur en chef. « L’Etat
algérien a estimé qu’il y avait là matière à développer une industrie mécanique automobile
et a poussé pour que cette usine voit le jour ». Au-delà de ce projet symbolique,
il existe divers projets mais qui sont bloqués comme celui de la production d’engrais
destinés à l’exportation par Total.
Cette visite aura aussi des aspects plus
politiques et la question du Mali, dont le nord est contrôlé par des groupes islamistes,
devrait être abordée. L’Algérie apparaît comme un, sinon, l’acteur clé pour la résolution
du conflit du fait de son poids militaire, de sa frontière commune avec le Mali, de
ses intérêts sécuritaires et économiques dans la région. La France aimerait obtenir
ainsi le soutien de l’Algérie à une intervention internationale.
Saïd Djaafer,
rédacteur en chef du site Maghreb émergent à Alger, revient sur les aspects économiques
de cette visite avec Marie Duhamel
(Photo
: publicité pour Renault sur un bus d'Alger ; le constructeur automobile doit construire
une usine en Algérie)