2012-12-18 16:56:48

L’ENGAGEMENT DE L’EGLISE AFRICAINE POUR LA PAIX


Au second synode pour l’Afrique, le débat s’est focalisé sur comment L’Eglise catholique en Afrique peut contribuer à l’édification de sociétés réconciliées, plus justes et paisibles ? Ce synode et l’exhortation apostolique Africae Munus invitent l’Eglise dans son ensemble à prendre une position claire pour une être, sans équivoque, « Sel de la Terre ».

Bien que, par le passé, les Evêques africains se sont distingués par leur engagement impartial dans la résolution des problèmes qui affligeaient la société ; ils le faisaient souvent à titre individuel. En effet, au début des années 90, quand les sociétés africaines vivaient la période de transition, passant des systèmes politiques basés sur le parti unique pour embrasser le pluralisme politique, elles ont fait appel aux Evêques pour les accompagner dans ce processus.

Et, les Evêques, ont répondu positivement à cet appel, dans l’objectif de soutenir la cause de la justice et de la paix et, ont présidé les conférences nationales souveraines, des assises d’élaboration des nouvelles règles du jeu politique censées promouvoir la démocratie. C’était les cas de Mgr Isidore de Souza, au Bénin, Mgr Ernest Kombo, au Congo, Mgr Philippe Kpodzro, au Togo, Mgr Laurent Monsengwo, en République Démocratique du Congo, pour ne citer que quelques exemples.

En remettant l’exhortation post synodal Africae Munus à l’Eglise africaine dans son ensemble, le Pape Benoit XVI a voulu que l’Eglise africaine franchisse le pas des actions liées aux individus. Le Pape a invité toute la communauté ecclésiale à devenir « un instrument efficace de Réconciliation, de Justice et de Paix » sur le continent africain.Tout en reconnaissant sa vitalité ecclésiale, Benoit XVI invite l’Eglise qui est en Afrique à assumer un rôle social majeur dans « la construction d’une Afrique réconciliée » où puisse régner la paix et l’amour. Pour relever ce défi, il a été recommandé aux Eglises particulières de mettre sur pied des structures et des lignes d’action concrètes» capables de former les consciences.

Africae Munus ne recommande pas seulement aux laïcs de vivre leur foi à travers leurs actions politiques mais, recommande aux Pasteurs d’être des garants de la paix et de la réconciliation sur le continent africain, où les foyers des conflits et les cas de violations de la dignité humaine ne cessent de se multiplier et, où un islamisme exacerbé empêche les chrétiens de vivre leur foi dans la sérénité.

En effet, en ce temps de préparation à la fête de Noel, on ne peut ne pas penser aux chrétiens vivant au Nigeria, au Kenya ou en Somalie et à ce qui peut leur arriver le jour où l’Eglise devrait célébrer la naissance du Prince de la Paix. Comme si l’espérance tant annoncée lors de la remise de l’exhortation ne soit, en réalité, qu’une chimère.

Par conséquent, il est important que l'Église promeuve le dialogue entre religions comme attitude spirituelle afin que les croyants apprennent à travailler ensemble, au sein des associations orientées vers la paix et la justice, dans un esprit de confiance et de soutien mutuel. A cet effet, Africae Munus invite les laïcs catholiques à promouvoir le dialogue et la collaboration avec les adeptes des autres religions, en tant que témoins de la foi et de la vie chrétiennes.

Comme par le passé, quand les dirigeants africains faisaient appel à l’Eglise pour qu’elle puisse les aider à sortir de leur crise, aujourd’hui encore, les peuples africains sont conscients du fait que l’Église est un signe d’espérance. Une espérance qui peut les conduire non seulement à la résolution des conflits mais aussi à l’avènement d’un ordre social juste.

Un an après la publication de Africae Munus, les évêques africains peuvent faire un bilan positif, bien que limité : L’Eglise du Nigeria, par exemple, à travers des exhortations et des gestes concrets, recommande aux chrétiens de ne pas baisser les bras devant l’avancée du fondamentalisme islamique et de ne pas entrer dans un cercle vicieux de violence.

Les évêques de la République Démocratique du Congo ont rencontré récemment les membres du mouvement rebelles M23 ; ils ont célébré une messe spéciale, le 19 septembre 2012, à la paroisse Saint Aloïs de Rutshuru, une zone occupée par ce mouvement rebelle en dénonçant une guerre injuste et injustifiée et en prônant l’unité du pays et du peuple congolais.

Après la partition du Soudan en deux Etats autonomes, les évêques ont répondu en maintenant une seule conférence épiscopale pour les deux nations ; un geste de solidarité aux chrétiens vivant au Soudan, considérés comme "une Eglise minoritaire qui aura besoin de celle du Sud pour rester vivante".

Et, comme le recommande Africae Munus, l’Eglise qui est en Afrique ressent la nécessité de sa présence là où se prennent les grandes décisions concernant l’avenir des peuples africains. Elle envisage, obtenir une représentation, en tant que Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et Madagascar auprès de l’Union Africaine et d’autres instances de prise de décision régionales ou nationales.
Les évêques souhaitent également pouvoir participer davantage aux réunions organisées sur le continent ou ailleurs, pour aider à la résolution des conflits.

Le grand défi que l’Eglise doit relever en Afrique pour que ses actions puissent porter des fruits en abondance est de s’atteler aux moyens de communication sociale moderne pour faire entendre sa voix et donner de la visibilité à ses actions.

Edité par Marie José Buabualo Muando, du programme français pour l'Afrique.









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