(Radio Vatican) En France, un rapport voulu par François Hollande ouvre la porte à
une assistance médicalisée de la fin de vie mais rejette l’euthanasie active. Composée
de neuf membres, la « mission Sicard » a terminé ses consultations et remis les conclusions
de sa réflexion au chef de l’Etat français. Elle considère notamment que l’assistance
au suicide peut être envisagée dans certains cas de maladie incurable et évolutive.
Le rapport de la commission de réflexion sur la fin de vie propose une solution
à la française : il évoque clairement la question de la sédation profonde terminale
en cas d’arrêt de traitement. Cette grave décision serait prise par un médecin engagé
en conscience, et éclairée par une discussion collégiale. Il tient en revanche à établir
une nette distinction entre l’euthanasie active, «un acte médical radical qui franchirait
la barrière d’un interdit » et l’assistance au suicide où l’acte légal est accompli
par la personne malade elle-même, consciente et autonome, atteinte d’une maladie grave
et incurable.
Sur le banc des accusés, une médecine sans âme
Au
terme de six mois de consultations, la mission brosse un tableau sévère de la situation
: il prend acte de la grande insatisfaction des français en la matière, il fustige
une médecine sans âme qui privilégie la performance technique, il dénonce une mauvaise
prise en charge de la douleur et de la souffrance psychique des patients, il préconise
un « effort majeur d’appropriation» de la loi Leonetti, largement méconnue et mal
appliquée, mais estime que celle-ci est insuffisante. Le rapport émet plusieurs recommandations
notamment pour améliorer la formation médicale et l’accès aux soins palliatifs et
décourager l’obstination déraisonnable.
L’ancien président du Comité consultatif
national d’éthique, Didier Sicard, avait été choisi en juillet par François Hollande
pour donner suite à un des engagements de sa campagne électorale : «fournir une assistance
médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». L’Elysée a immédiatement annoncé
qu’il saisissait le Comité consultatif national d’éthique. Un projet de loi sera présenté
au Parlement en juin 2013.
Ni euthanasie, ni acharnement thérapeutique
L’Eglise
catholique condamne l’acharnement thérapeutique mais affirme que le refus de toute
euthanasie est une valeur non négociable. Benoît XVI a affirmé à plusieurs reprises
que l’euthanasie était une fausse solution au drame de la souffrance, un acte indigne
de l’homme. La vraie réponse, selon le Pape, n’est pas de donner la mort, aussi douce
qu’elle soit, mais de témoigner de l’amour afin d’aider à affronter la douleur et
l’agonie.
Benoit XVI a par ailleurs dénoncé les pressions en faveur de l’euthanasie
subies par les personnes fragiles et les familles les plus pauvres dans une société
fortement influencée par les dynamiques de la productivité et les exigences de l’économie.
L’Eglise catholique estime que l’accompagnement des malades en phase terminale passe
par la solidarité concrète de tous, un défi majeur dans la société actuelle. (RF
avec La Croix)