La Corée du nord a fait fi des menaces de la communauté internationale. Après deux
échecs qui lui ont valu deux trains de sanctions à l’ONU en 2006 et 2009, Pyongyang
a réussi un tir de fusée à l’aube mercredi matin, qualifiant ce geste de défi de «
percée » qui rend hommage au dirigeant Kim Jong-Il, décédé il y a un an et père de
l’actuel maître du pays, Kim Jong Un. « C’est une percée dans le développement des
technologies scientifiques et de l’économie de notre pays et ce tire exerce notre
droit à l’utilisation pacifique de l’espace » a notamment écrit l’agence officielle
nord-coréenne KCNA.
Ce lancement marque une rupture car « jusqu’à maintenant
le sort des missiles longue-portée nord-coréens n’était pas franchement brillant »
considère Pierre Rigoulot, directeur de l’Institut d’histoire sociale à Paris. « Soit
ils se perdaient en mer, soit ils explosaient au départ » rappelle-t-il. « Là nous
avons affaire à un tir qui a réussi indéniablement : politiquement et techniquement
cela change quelque chose. Les Nord-Coréens ont fait un pas vers une réelle dangerosité.
Ils sont capables maintenant d’atteindre avec l’engin qui a été lancé Hawaï ou l’Alaska
».
La nouvelle a été confirmée par les Etats-Unis, mais pour Washington, il
s’agit d’un missile balistique à longue portée et non d’une fusée. Depuis, les réactions
ne cessent pas. Plus fidèle soutien et plus proche allié du régime, la Chine a « regretté
» le tir effectué « en dépit des graves inquiétudes de la communauté internationale
» a ainsi déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Réunion
du Conseil de sécurité
« La Chine cependant, ne fait pas que condamner
la Corée du Nord, elle reproche aux adversaires de la Corée du Nord d’utiliser des
expressions trop violentes, trop belliqueuses » fait remarquer Pierre Rigoulot. En
fait Pékin appelle au calme ce qui rend sa réaction assez « ambigüe ». « La Chine
pourrait trouver son compte dans cette menace qui appelle les Etats-Unis à la prudence
à l’égard de la Corée du Nord. Les relations actuellement entre Pékin et Washington
ne sont pas en effet très bonnes », envisage-t-il.
La Russie « regrette profondément
» aussi ce geste, précisant qu’il s’agissait d’une violation de la résolution 1874
du Conseil de sécurité des Nations Unies. Le Conseil doit d’ailleurs se réunir dans
l’après-midi à New York pour examiner ce dossier qui marque les relations entre la
Corée du Nord et le restant de la communauté internationale depuis des années. Moscou
appelle aussi Pyongyang à ne plus effectuer de tir, considérant que ce lancement «
ne va pas contribuer à la stabilité et aura un effet négatif » sur la situation en
Asie orientale.
Pierre Rigoulot, directeur de l’Institut d’histoire
sociale à Paris, répond aux questions de Xavier Sartre
(Photo
: des Sud-Coréens regardent les informations à Séoul)