2012-12-10 15:16:22

Italie, nouveau vent d’instabilité politique


La politique italienne a retrouvé ses vieux démons. Samedi, Mario Monti a annoncé qu’il démissionnerait après l’adoption dans quelques jours de la loi de stabilité qui doit mettre en ordre les comptes publics italiens. Le président du Conseil italien a pris sa décision après s’être entretenu avec le président de la République Giorgio Napolitano qui l’a poussé à rester en place jusqu’au vote de cette loi très attendue dans la péninsule.

Jeudi dernier, le PDL, parti de la liberté, la formation de Silvio Berlusconi, qui jusqu’alors soutenait le gouvernement technique de Mario Monti, a décidé de ne pas voter la confiance lors d’un vote au parlement. Vendredi, le secrétaire général du PDL, Angelino Alfano, a durement critiqué l’exécutif. Et Silvio Berlusconi a annoncé sa candidature aux législatives du printemps, briguant de nouveau le poste de chef du gouvernement. Devant ces attaques, le chef du gouvernement, en place depuis novembre 2011, a décidé de jeter l’éponge.

Monti victime des jeux partisans

« Mario Monti est victime d’une stratégie politicienne d’un seul parti », explique Giuseppe Bettoni, professeur de géopolitique à l’université Roma 3 Tor Vergata. Mais le « professore » a décidé de rester en place jusqu’à l’adoption du budget qui doit avoir lieu avant la fin de l’année, différant ainsi sa démission. « L’alternative aurait été de démissionner immédiatement et de ne pas soutenir la loi budgétaire : cela aurait été honteux pour le pays et très très dangereux d’un point de vue économique » poursuit le chercheur.

Face à cette perspective, le président de la République, lors de son entretien samedi avec le chef du gouvernement, est parvenu à le convaincre de ne pas quitter ses fonctions aussitôt et d’attendre l’approbation de la loi de finance. Après ce vote, se finira une expérience politique saluée par grand nombre de partenaires de l’Italie.

Gouvernement Monti : rien de nouveau

Si la nomination il y a un an de Mario Monti à la tête du gouvernement italien a été applaudi par toutes les capitales européennes et a reçu un vaste soutien de la part des Italiens, Giuseppe Bettoni juge que cette expérience gouvernementale est à relativiser. « Mario Monti n’a absolument rien fait de nouveau, juge-t-il. Après le gouvernement de Silvio Berlusconi, il est vrai que la sobriété et la compétence des ministres de Mario Monti, au-delà des choix politiques, pourrait faire croire à une rupture ». Mais ce gouvernement technique « est loin d’être une originalité dans le paysage politique italien » relativise le politologue. « Lors des cinquante dernières années, il y a eu plusieurs gouvernements techniques dirigés par des universitaires » poursuit-il. Ce sera maintenant aux Italiens de décider si la période Berlusconi, que Giuseppe Bettoni considère davantage comme une parenthèse, sera définitivement conclue ou si elle se poursuivra pour cinq nouvelles années.

Giuseppe Bettoni, professeur de géopolitique à l’université Roma 3 Tor Vergata RealAudioMP3

(photo : Mario Monti et Silvio Berlusconi, il y a un an lors de la passation de pouvoir du second au premier)







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