La politique italienne a retrouvé ses vieux démons. Samedi, Mario Monti a annoncé
qu’il démissionnerait après l’adoption dans quelques jours de la loi de stabilité
qui doit mettre en ordre les comptes publics italiens. Le président du Conseil italien
a pris sa décision après s’être entretenu avec le président de la République Giorgio
Napolitano qui l’a poussé à rester en place jusqu’au vote de cette loi très attendue
dans la péninsule.
Jeudi dernier, le PDL, parti de la liberté, la formation
de Silvio Berlusconi, qui jusqu’alors soutenait le gouvernement technique de Mario
Monti, a décidé de ne pas voter la confiance lors d’un vote au parlement. Vendredi,
le secrétaire général du PDL, Angelino Alfano, a durement critiqué l’exécutif. Et
Silvio Berlusconi a annoncé sa candidature aux législatives du printemps, briguant
de nouveau le poste de chef du gouvernement. Devant ces attaques, le chef du gouvernement,
en place depuis novembre 2011, a décidé de jeter l’éponge.
Monti victime des
jeux partisans
« Mario Monti est victime d’une stratégie politicienne d’un
seul parti », explique Giuseppe Bettoni, professeur de géopolitique à l’université
Roma 3 Tor Vergata. Mais le « professore » a décidé de rester en place jusqu’à l’adoption
du budget qui doit avoir lieu avant la fin de l’année, différant ainsi sa démission.
« L’alternative aurait été de démissionner immédiatement et de ne pas soutenir la
loi budgétaire : cela aurait été honteux pour le pays et très très dangereux d’un
point de vue économique » poursuit le chercheur.
Face à cette perspective,
le président de la République, lors de son entretien samedi avec le chef du gouvernement,
est parvenu à le convaincre de ne pas quitter ses fonctions aussitôt et d’attendre
l’approbation de la loi de finance. Après ce vote, se finira une expérience politique
saluée par grand nombre de partenaires de l’Italie.
Gouvernement Monti
: rien de nouveau
Si la nomination il y a un an de Mario Monti à la tête
du gouvernement italien a été applaudi par toutes les capitales européennes et a reçu
un vaste soutien de la part des Italiens, Giuseppe Bettoni juge que cette expérience
gouvernementale est à relativiser. « Mario Monti n’a absolument rien fait de nouveau,
juge-t-il. Après le gouvernement de Silvio Berlusconi, il est vrai que la sobriété
et la compétence des ministres de Mario Monti, au-delà des choix politiques, pourrait
faire croire à une rupture ». Mais ce gouvernement technique « est loin d’être une
originalité dans le paysage politique italien » relativise le politologue. « Lors
des cinquante dernières années, il y a eu plusieurs gouvernements techniques dirigés
par des universitaires » poursuit-il. Ce sera maintenant aux Italiens de décider si
la période Berlusconi, que Giuseppe Bettoni considère davantage comme une parenthèse,
sera définitivement conclue ou si elle se poursuivra pour cinq nouvelles années.
Giuseppe
Bettoni, professeur de géopolitique à l’université Roma 3 Tor Vergata
(photo
: Mario Monti et Silvio Berlusconi, il y a un an lors de la passation de pouvoir du
second au premier)