Dossier : l’Union européenne, un Nobel de la paix pour faire quoi ?
L'Union européenne a reçu ce lundi le prix Nobel de la paix. La nouvelle en avait
surpris plus d’un lorsqu’en octobre dernier le comité Nobel a annoncé décerner ce
prix à l’Union européenne. Après celui remis à Barack Obama en 2009, les choix des
sages de Stockholm laissent dubitatifs les commentateurs. Certes, les dirigeants européens
et des différents Etats membres se sont félicités de cette récompense qui salue les
efforts menés par l’UE en faveur de la paix. Mais certains observateurs critiquent
le manque d’engagement des institutions bruxelloises dans certains conflits. Pourtant,
le continent est globalement en paix depuis 1945 et d’aucun y voit là le principal
succès de la construction européenne. Malgré tout, les années 1990 ont été marquées
par la guerre en ex-Yougoslavie qui a montré que l’Union européenne en tant que puissance
diplomatique n’était pas encore en mesure de contrôler ses marches. Dans cette perspective,
peut-on vraiment dire que l’Union européenne est un facteur de paix ? globalement
oui selon Oliver Costa, chercheur au CNRS et membre du centre Emile Durkheim à Bordeaux.
«
Certains partisans de l’Union européenne ont tiré avantage de l’attribution du prix
Nobel de la paix pour souligner le bilan de la construction européenne en tant qu’élément
de pacification du continent » note Olivier Costa. Au contraire, « certaines nations
comme l’Autriche, la Suède ou la Finlande, qui ont une tradition pacifiste, n’apprécient
pas les timides efforts de l’UE pour se doter d’une diplomatie et d’un système de
défense ».
La paix passe aussi par la solidarité
Or « les premiers
efforts en matière diplomatique remontent à l’Acte unique en 1986 et le traité de
Maastricht entré en vigueur en 1993était censé mettre en place une politique de défense
et de sécurité commune »rappelle le chercheur. Le problème principal vient du fait
que l’UE « est une couche supplémentaire qui vient se superposer à vingt-sept Etats
qui restent parfaitement souverains qui n’ont pas perdu le contrôle de leur politique
étrangère et qui connaissent de très forts désaccords sur un grand nombre de dossiers,
ce qui rend difficile l’élaboration d’une politique étrangère en tant que telle »,
explique Olivier Costa.
La paix a aussi une dimension sociale. Les effets
de la crise économique qui touche durement l’ensemble du continent montrent bien que
le bien-être et l’apaisement des tensions sociales sont des éléments essentiels pour
préserver la paix au sein des Etats mais aussi entre Etats. Les récentes discussions
sur le budget européen qui sont dans l’impasse, montrent bien que « les Etats ne sont
pas prêts à faire des efforts en matière de solidarité financière » regrette-t-il.
Olivier Costa chercheur au CNRS et membre du centre Emile Durkheim à Bordeaux
est interrogé par Xavier Sartre, était ce matin l’invité de Radio Vatican
(Photo
: au centre, José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, Herman Van
Rompuy, président du Conseil européen, et Martin Schulz, président du Parlement européen
lors d'une conférence de presse à Oslo dimanche, à la veille de la remise du prix
Nobel de la paix)