La pauvreté, fléau endémique qui frappe l'Union Européenne de plein fouet
Tous unis pour passer des mots aux actes. Les ministres du travail et des politiques
sociales des pays de l’Union Européenne sont réunis ce vendredi à Bruxelles pour la
session conclusive de la Convention sur une plateforme européenne contre la pauvreté
et l’exclusion sociale. Ensemble, ils souhaiteraient qu’il y ait plus d’investissements
au niveau européen pour réduire la pauvreté et introduire plus d’équité.
La
pauvreté, problème endémique amplifié par la crise
La pauvreté prend une
infinité de visages au quotidien pour des millions d’hommes, de femmes et d’enfants
sur le continent européen. De la difficulté d’acquérir des biens de première nécessité
à l’impossibilité d’accéder à des soins médicaux, du parcours du combattant pour obtenir
un logement décent à la restriction drastique des prestations sociales. Déjà ébranlé,
le système social européen a été fortement remis en cause par la crise économique
qui frappe le vieux continent depuis 2008.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
110 millions d’européens sont en situation difficile, 42 millions vient bien en-deçà
d’un seuil tolérable de pauvreté. Les ministres du travail et des politiques sociales
des pays de l’UE s’étaient donnés comme objectif en 2010 de sortir de la pauvreté
20 millions de personnes d’ici 2020. Une perspective désormais voué à l’échec. Il
faut donc plus d’investissements, plus d’aides apportées au réseau des ONG engagées
dans le domaine social. Partir du terrain pour lutter contre la pauvreté et l’endiguer.
Les pays du sud de l’Europe (Espagne, Italie, Grèce…) sont en première ligne, mais
pas seulement.
La France souffre aussi d’une dégradation profonde de
son tissu social
Près d'un Français sur deux (48%) se considère aujourd'hui
comme pauvre ou sur le point de le devenir. C’est ce que révèle un sondage publié
par le quotidien Les Echos à la vieille de l’ouverture d’une conférence nationale
de lutte contre la pauvreté dans l’hexagone. Ce sont surtout les employés qui se voient
pauvres ou en train de le devenir (12% et 48%), ainsi que les ouvriers (12% et 39%)
et les travailleurs indépendants (19% et 39%). Les cadres et professions libérales
se sentent plus à l'abri (3% se considèrent pauvres et 17% en train de le devenir).
Une
conférence nationale contre la précarité
Le gouvernement français a décidé
de s’attaquer à bras le corps à la précarité grandissante. Annoncée en juillet par
le président Hollande, une conférence nationale sur la pauvreté se tiendra les 10
et 11 décembre à Paris. Elle doit aboutir à un «plan quinquennal» de lutte contre
les exclusions. Selon l’INSEE, le taux de pauvreté a atteint 14,1 % en 2010, son plus
haut niveau depuis 1997. Aucun n’objectif chiffré n’a été fixé par le gouvernement
français à l’annonce de la conférence qui s’ouvrira la semaine prochaine. L’annonce,
et l’échec, de Nicolas Sarkozy promettant de réduire d'un tiers la pauvreté pendant
son quinquennat est dans toutes les mémoires.
Pas d’objectif mais un programme
détaillé. L'accent sera mis sur l'accès à l'emploi et à la formation, l'accès aux
droits et aux minima sociaux, l'action pour les familles vulnérables, la lutte contre
le surendettement, l'accès au logement, l'accès aux soins et la gouvernance des politiques
de solidarité. Le but sera de fixer une feuille de route adressée à chaque ministre
pour les années à venir.
Parmi eux, la ministre française des Affaires sociales
et de la Santé participe à la réunion des ministres du travail et des politiques sociales
des pays de l’Union Européenne à Bruxelles le 7 décembre.
Interrogée par
notre confrère de la rédaction italienne de Radio Vatican Salvatore Sabatino, Marisol
Touraine revient sur les différents visages que revêt aujourd’hui la pauvreté