Massacre de Conakry, les victimes attendent toujours la justice
Le 28 septembre 2009, l’armée guinéenne ouvrait le feu sur une foule de plusieurs
dizaines de milliers d’opposants réunis dans le stade de Conakry. Cent cinquante personnes
mourraient lors de la fusillade et des dizaines de femmes étaient violées. Trois ans
après, l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch publie un
rapport qui met en lumière le difficile travail de la justice guinéenne. Des efforts
ont été fournis mais ils restent très insuffisants au regard des crimes commis. Sept
personnes sont suspectées dont deux anciens ministres en poste à l’époque des faits.
Géraldine
Mattioli, de Human Rights Watch, souligne que les conditions matérielles des juges
d’instruction sont mauvaises : « ils n’ont pas de stylos, de papier, de bureaux, de
voitures pour pouvoir mener leur enquête et le ministère de la justice a mis beaucoup
pour répondre à ces besoins ».
Manque de volonté de faire toute la lumière
sur le massacre
D’autres problèmes conduisent l’organisation à se demander
s’il existe une réelle volonté de vouloir faire la lumière sur le massacre. « Les
juges d’instruction ont fait une demande à la police judiciaire pour qu’elle enquête
sur les lieux d’un charnier il y a plus de deux ans mais la police n’a pris aucune
mesure » déplore la juriste d’HRW. La demande d’audition de l’ancien président Dadis
Camara n’a reçu aucune réponse pour le moment. Le gouvernement n’a encore rien demandé
aux autorités du Burkina Faso où l’ancien capitaine a trouvé refuge.
Or la
Guinée « s’est engagée auprès de la communauté internationale à faire justice pour
les crimes du 28 septembre. La Guinée a une véritable opportunité de montrer qu’elle
est entrée dans une nouvelle ère et que ce type de crime ne sera plus toléré », considère
Géraldine Mattioli. « Il faut donc encourager le gouvernement guinéen et HRW pense
que la Cour pénale internationale (CPI), le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme
des Nations Unies, les bailleurs de fonds comme les Etats-Unis, la France, l’Allemagne
et l’Union européenne doivent pousser que l’enquête avance ».
Géraldine
Mattioli, de Human Rights Watch est interrogée par Xavier Sartre 00:03:01:39