L'avenir des chrétiens dans le monde arabe en question
Ce n’est rien moins que sur l’avenir de la foi chrétienne et des chrétiens dans le
monde arabe que se penchent trois jours durant, les patriarches et évêques catholiques
au Moyen-Orient, réunis depuis lundi soir dans la maison d’accueil Bethania, à Harissa,
en présence des patriarches Béchara Raï (maronite), Grégoire III (grec-catholique),
Nersès Bedros (arménien-catholique), Ignace II Younan (syriens-catholiques) et de
représentants des patriarches copte, chaldéen et latin, ainsi que du nonce apostolique,
Mgr Gabriele Caccia. Les travaux de l’assemblée portent sur le suivi à donner
à l’Exhortation apostolique « Église du Moyen-Orient », fruit des travaux d’une assemblée
spéciale du synode des évêques qui s’est tenu à Rome, en octobre-novembre 2010, et
dont le texte a été remis par Benoît XVI aux Églises concernées lors de sa visite
historique au Liban, en septembre dernier. À l’ère des grands bouleversements régionaux
et de l’arrivée au pouvoir de partis islamistes dans de nombreux pays de la région,
l’Église, on s’en doute, à des devoirs de réflexion et d’action sérieux à accomplir.
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a ouvert les travaux de l’assemblée
par un discours dans lequel il a énoncé les thèmes qui sont examinés, suivant un plan
tiré de l’Exhortation apostolique même. Défendre le droit et le devoir des chrétiens
de participer à la vie de leur nation « Par Église du Moyen-Orient, a précisé
notamment le patriarche maronite, le pape désigne aussi bien l’Église catholique que
les Églises d’antiques traditions et les communautés ecclésiales nouvelles, qui sont
invitées à resserrer leurs liens pour renforcer leur témoignage. » Outre les dimensions
proprement ecclésiales de communion, les Églises au Moyen-Orient doivent défendre
« le droit et le devoir des chrétiens de participer à la vie nationale, dans leurs
différentes patries, de jouir d’une citoyenneté complète et de ne pas être traités
comme des minorités », a affirmé le patriarche. « Ils doivent partager avec leurs
compatriotes musulmans les différentes valeurs de leur culture, tout comme ils l’avaient
fait durant la Nahda, au XIXe siècle, notamment la liberté de croyance et de culte
», a-t-il ajouté. Les deux dangers: la violence du fondamentalisme religieux
et la laïcité négative Le patriarche a ensuite rappelé que « les deux dangers
qui menacent non seulement les chrétiens, mais les croyants de toutes les religions,
sont le fondamentalisme religieux violent » et « la laïcité négative » qui cherche
à confiner la foi religieuse dans la sphère de la vie privée et domestique, loin de
toute pratique sacramentelle, et va « jusqu’à l’extrémisme idéologique qui interdit
aux personnes d’exprimer publiquement leur foi religieuse ». Pour sa part, le nonce
apostolique a rappelé la joie qui a marqué la visite du pape au Liban, qui a révélé
« la vitalité de la présence chrétienne » au Liban et en Orient, ainsi que la réelle
et concrète possibilité pour les musulmans et les chrétiens de vivre ensemble, ainsi
que la beauté de cette concorde." (L'Orient Le Jour) On apprenait par ailleurs
que le chauffeur de la voiture qui venait de conduire les évêques syriens en partance
pour l’assemblée des patriarches et évêques catholiques du Moyen-Orient au Liban,
a été tué de deux balles sur le chemin du retour de l’aéroport d’Alep. On ignore pour
l’instant qui des troupes régulières ou des rebelles sont les auteurs de cet attentat
meurtrier.