La crise politique se poursuit en Egypte. Mardi, les manifestants opposés au président
Mohammed Morsi sont de nouveau descendus dans la rue. Ils ont marché sur le palais
présidentiel au Caire et l’ont encerclé. La police, débordée par l’afflux de protestataires,
n’a pu les en empêcher. Selon certaines sources, le chef de l’Etat aurait fui face
au danger.
Ses opposants dénoncent de manière de plus en plus virulente la
dérive autoritaire du régime et le projet de constitution qui fait référence à la
charia. Le texte, rédigé par une commission essentiellement composée d’islamistes,
doit être soumis à un référendum consultatif dans une dizaine de jours. Face à cela
et aux récentes décisions prises par le président Morsi qui a entamé un bras de fer
avec la justice, les mots d’ordre entendus dans la rue ces derniers jours rappellent
ceux criés il y a presque deux ans lors de la chute d’Hosni Moubarak : « dégage »
ou « le peuple veut la chute du régime ». Les journaux ont décidé de manifester à
leur manière ne paraissant pas dans les kiosques mercredi.
« Période difficile
et pénible »
Mounir Abdel-Nour est député et secrétaire général du parti
nationaliste Wafd. C’est une des figures de l’opposition. Pour lui, le chef d’Etat
est responsable des fractures qui minent le pays. « On savait que cette période de
transition serait longue, difficile et pénible », reconnait l’opposant. « Ce qui était
beau dans les jours qui ont suivi le 25 janvier 2011 (chute d’Hosni Moubarak NDLR),
c’était de voir la fantastique unité de toutes les forces politiques qui voulaient
bâtir un Etat démocratique, moderne, juste. Là, nous voyons une division de l’opinion
publique entre une Egypte qui se veut laïque, dans le respect des religions, et une
Egypte qui se veut islamiste et qui veut sortir du monde méditerranéen et de cette
ouverture d’esprit qui a été sa caractéristique au cours de l’histoire », regrette-t-il.
« On n’a pas fait la révolution en janvier 2011 pour déloger un dictateur
pour le remplacer par un autre dictateur qui veut imposer de surcroît un fascisme
religieux » assène Mounir Abdel-Nour.
Mounir Abdel-Nour, député et secrétaire
général du parti nationaliste Wafd est interrogé par Olivier Bonnel (Photo
: manifestants devant les grilles du palais présidentiel au Caire mardi)