Vivre ensemble, pauvres mais heureux, dans les bidonvilles de Manille
Nous sommes aux Philippines. Dans la périphérie de Manille, la pauvreté est partout.
Sur les 16 à 20 millions d’habitants que compte la capitale, près de la moitié d'entre
eux vivent dans des bidonvilles. Et l’exode rural continue. D’anciens pécheurs ou
paysans décident encore aujourd’hui de quitter la misère sociale dans laquelle ils
vivaient en province, pour chercher une vie meilleure en ville. Ils se retrouvent
finalement dans ces espaces squattés, plus ou moins grands (jusqu’à 200 000 personnes),
où aucune règle urbanistique n’a été pensée et mise en place.
Il y a douze
ans, quand le père Daniel Godefroy est arrivé dans un de ces bidonvilles de 30 000
habitants, il n’y avait ni eau, ni électricité, ni ramassage des ordures. Il n’a pas
fui, mais au contraire, ce prêtre français, membre des Fils de la Charité, une congrégation
dont la vocation est de vivre dans les quartiers de fracture auprès de plus pauvres,
s’est investi aux côtés de ces squatteurs. Messe, catéchisme, soin, éducation et conseils
: sa pastorale consiste à accompagner ces familles pauvres afin qu’elles arrivent
toutes ensemble dans un effort collectif à améliorer leur condition de vie.
Squatteur
lui-même, le père Daniel Godefroy des Fils de la charité nous raconte la vie quotidienne
dans ces zones déshéritées de Manille. Il est interrogé par Marie Duhamel
Après
douze ans de vie dans un bidonville, le père Daniel Godefroy en charge, avec sa communauté,
de cinq chapelles dans son bidonville reconnait qu’il existe des moments de difficultés.
« Il faut accepter de ne pas se plaindre » à cause du bruit, de l’inconfort, de la
promiscuité ou du fait que les gens viennent vous voir quand ils sont en difficulté,
mais assure-t-il, « à partir du moment où l’on fait ce choix, le regard change et
notre regard devient positif sur les gens ».
Le père Daniel Godefroy nous
explique l’admiration qu’il a pour les habitants des bidonvilles de Manille, des gens
joyeux et pleins d’espoir en dépit de leur pauvreté, notamment parce qu’ils vivent
en communauté et non dans l’isolement