La communauté copte est inquiète de la tournure politique de l’Egypte. La Constitution,
rédigée par une assemblée à majorité islamiste doit passer en force avec un vote en
cours ce jeudi 29 novembre. Le pape Tawadros II, élu le 4 novembre dernier Patriarche
des coptes orthodoxes, est une figure incontournable du pays.
Ce jeudi
matin,Tawadros II a reçu pour la première fois une délégation de journalistes étrangers.
Notre confrère Olivier Bonnel en faisait partie
«Il
faut prier pour ce qu’il se passe en Egypte aujourd’hui ». D’emblée, le nouveau Patriarche
des coptes orthodoxes ne fait pas mystère de son inquiétude sur les bouleversements
qui traversent le pays. Le nouveau chef spirituel des coptes reçoit, accompagné d’un
conseiller, au patriarcat dans un salon tapissé d’icônes. D’une voix douce, le pape
Tawadros II énumère les défis auxquels sont confrontés les Egyptiens, et les chrétiens
en particulier.
La citoyenneté plus que la religion
Dans le
contexte d’une Egypte qui se cherche, plaider en faveur de la citoyenneté, « un parapluie
qui protège toute personne », est un élément essentiel, souligne-t-il. Cela doit donc
être encouragé, au lieu de mettre en avant la religion. Ces dernières heures, le président
égyptien Mohamed Morsi a accéléré les travaux de la constitution qui doit être votée
ce jeudi, avant d’être soumise à référendum. « Nous avons refusé cette constitution
», explique Tawadros II en faisant référence aux libéraux et chrétiens qui ont claqué
la porte de l’assemblée constituante. « Si elle est acceptée, sa longévité sera faible,
tant qu’il n’y a pas de consensus » prédit-il.
Pas de guerre civile en
vue
Si les positions se radicalisent face à l’intransigeance des islamistes,
le Patriarche des coptes orthodoxes ne craint pas une hausse de la violence qui pourrait
conduire à une vraie guerre civile, comme certains l'annoncent. « Nous vivons dans
un pays où le Nil unit les Egyptiens du Nord au Sud du pays », explique-t-il, rappelant
que cette identité égyptienne reste très forte.
Les troubles ne sont néanmoins
pas terminés et le pays n’est pas à l’abri d’épisodes violents. « Nous voulons la
sécurité pour tous les égyptiens, c’est un besoin dans chaque famille » précise Tawadros
II, en rappelant aussi à destination des pays étrangers que les « droits de l’homme
doivent être encouragés et traités comme une priorité ».