2012-11-26 20:05:26

Le Saint-Siège est attentif au sort des communautés chrétiennes où la liberté n'est pas garantie


Le KAICIID, Centre International pour le Dialogue Interreligieux et Interculturel Roi Abdallah Ben Abdelaziz, a été inauguré ce lundi soir à Vienne, en présence, notamment, du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon et du président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, le cardinal Jean-Louis Tauran, ainsi que de quelque 600 invités. Ce Centre est le résultat d’une initiative lancée il y a neuf ans par le roi d’Arabie saoudite. Ce pays est l’un des trois Etats co-fondateurs avec l’Autriche et l’Espagne.

Le cardinal Tauran justifie la présence du Saint-Siège au sein du centre

Le Saint-Siège a accepté d’y adhérer en qualité d’Observateur Fondateur. Une délégation vaticane de haut niveau a ainsi été envoyée à la cérémonie d’inauguration. A sa tête, le cardinal Tauran qui dans son discours, a rappelé que le monde regardait attentivement ce qui se passait dans ce centre. « Nous sommes observés », a d’emblée déclaré le cardinal qui est demeuré fidèle à ses principes : ouverture au dialogue avec tous les interlocuteurs religieux ou politiques d’un côté ; affirmation de la nécessité de la liberté religieuse de l’autre.

En prenant la parole ce lundi soir, il n’a pas manqué de le rappeler avec clarté : « le Saint-Siège est particulièrement attentif au sort des communautés chrétiennes dans des pays où une telle liberté n’est pas suffisamment garantie ». Une référence directe à certains pays musulmans, au premier rang desquels l’Arabie saoudite, à l’origine de ce centre de dialogue. Oui pour discuter donc, encore faut-il que cela aboutisse à quelque chose de concret. C’est une manière aussi pour le président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux de répondre aux détracteurs de ce centre et à ceux qui critiquent la présence du Saint-Siège en son sein, en tant qu’observateur. C’est une manière de leur dire en substance : nous ne sommes pas dupes.

Trois pistes pour améliorer le dialogue

Pour améliorer ce dialogue, « afin que nos contemporains ne soient pas privés de la lumière et des ressources que la religion apporte au bonheur de chaque être humain », le cardinal Tauran met en évidence trois attitudes : « respecter l’autre dans sa spécificité » ; « connaître objectivement la tradition religieuse des uns et des autres, particulièrement grâce à l’éducation » ; enfin « collaborer afin que notre pèlerinage vers la Vérité soit réalisé en toute liberté et en toute sérénité ».

En matière de collaboration, le cardinal Tauran a assuré que l’Eglise catholique prendrait toute sa part. Citant Benoît XVI dans son discours de bienvenue au Bénin le 18 novembre 2011, il a rappelé que « par sa présence, sa prière et ses différentes œuvres de miséricorde, spécialement dans le domaine éducatif et sanitaire, [l’Eglise catholique] souhaite donner ce qu’elle a de meilleur. Elle veut se montrer proche de celui qui est dans le besoin, de celui qui cherche Dieu. »

Compte-rendu du discours du cardinal Jean-Louis Tauran avec Xavier Sartre RealAudioMP3

(Photo : Le prince Said Al Faisal, ministre des affaires étrangères de l'Arabie Saoudite répond aux questions des journalistes devant le centre du KAICIID)

Ci-dessous le texte du discours du cardinal Jean-Louis Tauran :


Discours de Son Eminence le cardinal Jean-Louis Tauran lors de la cérémonie d’inauguration du Centre Roi Abdallah ben Abdelaziz pour le Dialogue Interreligieux et Interculturel (KAICIID : King Abdullah bin Abdulaziz Centre for Interreligious and Intercultural Dialogue)

Hofburg, Vienne, Autriche
26 novembre 2012

Votre Sainteté,
Excellences,
Mesdames et messieurs,

J’ai le privilège de porter à cette assemblée le salut de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, ainsi que ses vœux les plus pieux pour le succès des activités de ce centre de dialogue.

Mesdames et messieurs,

nous sommes observés. Tout le monde, de cette initiative lancée par Sa Majesté le roi Abdallah, soutenue par les gouvernements d’Autriche et d’Espagne, et avec l’aide du Saint-Siège en tant qu’observateur fondateur, attend honnêteté, vision et crédibilité.

Ce centre représente une autre occasion de dialoguer ouvertement sur tant de sujets, y compris ceux concernant les droits fondamentaux de l’Homme, en particulier la liberté religieuse dans tous ses aspects, pour chacun, pour chaque communauté, partout. A cet effet, vous comprendrez que le Saint-Siège soit particulièrement attentif au sort des communautés chrétiennes dans des pays où une telle liberté n’est pas suffisamment garantie. L’information, de nouvelles initiatives, des aspirations, et peut-être aussi des échecs seront portés à notre attention. Ce sera ensuite la tâche du Centre, et quand cela sera possible, avec la coopération d’autres organisations, de vérifier leur authenticité et d’agir en conséquence, afin que nos contemporains ne soient pas privés de la lumière et des ressources que la religion apporte au bonheur de chaque être humain.

Les croyants doivent travailler pour cela et pour soutenir tout ce qui favorise la personne humaine dans ses aspirations matérielles, morales et religieuses. Trois attitudes sont ainsi requises :
1 : respect de l’autre dans sa spécificité ;
2 : connaissance réciproque et objective de la tradition religieuse des uns et des autres, particulièrement grâce à l’éducation ;
3 : collaboration afin que notre pèlerinage vers la Vérité soit réalisé en toute liberté et en toute sérénité.

Pour conclure, et en citant le Pape Benoît XVI, j’aimerais vous assurer de la coopération de l’Eglise catholique : « par sa présence, sa prière et ses différentes œuvres de miséricorde, spécialement dans le domaine éducatif et sanitaire, elle souhaite donner ce qu’elle a de meilleur. Elle veut se montrer proche de celui qui est dans le besoin, de celui qui cherche Dieu. » (Voyage apostolique au Bénin, cérémonie de bienvenue, 18 novembre 2011).
C’est dans cet esprit de fraternité et d’amitié que nous devons travailler !

Merci.










All the contents on this site are copyrighted ©.