Le Saint-Siège est attentif au sort des communautés chrétiennes où la liberté n'est
pas garantie
Le KAICIID, Centre International pour le Dialogue Interreligieux et Interculturel
Roi Abdallah Ben Abdelaziz, a été inauguré ce lundi soir à Vienne, en présence, notamment,
du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon et du président du Conseil pontifical
pour le Dialogue interreligieux, le cardinal Jean-Louis Tauran, ainsi que de quelque
600 invités. Ce Centre est le résultat d’une initiative lancée il y a neuf ans par
le roi d’Arabie saoudite. Ce pays est l’un des trois Etats co-fondateurs avec l’Autriche
et l’Espagne.
Le cardinal Tauran justifie la présence du Saint-Siège au
sein du centre
Le Saint-Siège a accepté d’y adhérer en qualité d’Observateur
Fondateur. Une délégation vaticane de haut niveau a ainsi été envoyée à la cérémonie
d’inauguration. A sa tête, le cardinal Tauran qui dans son discours, a rappelé que
le monde regardait attentivement ce qui se passait dans ce centre. « Nous sommes
observés », a d’emblée déclaré le cardinal qui est demeuré fidèle à ses principes
: ouverture au dialogue avec tous les interlocuteurs religieux ou politiques d’un
côté ; affirmation de la nécessité de la liberté religieuse de l’autre.
En
prenant la parole ce lundi soir, il n’a pas manqué de le rappeler avec clarté : «
le Saint-Siège est particulièrement attentif au sort des communautés chrétiennes dans
des pays où une telle liberté n’est pas suffisamment garantie ». Une référence
directe à certains pays musulmans, au premier rang desquels l’Arabie saoudite, à l’origine
de ce centre de dialogue. Oui pour discuter donc, encore faut-il que cela aboutisse
à quelque chose de concret. C’est une manière aussi pour le président du Conseil pontifical
pour le Dialogue interreligieux de répondre aux détracteurs de ce centre et à ceux
qui critiquent la présence du Saint-Siège en son sein, en tant qu’observateur. C’est
une manière de leur dire en substance : nous ne sommes pas dupes.
Trois
pistes pour améliorer le dialogue
Pour améliorer ce dialogue, « afin
que nos contemporains ne soient pas privés de la lumière et des ressources que la
religion apporte au bonheur de chaque être humain », le cardinal Tauran met en
évidence trois attitudes : « respecter l’autre dans sa spécificité » ; «
connaître objectivement la tradition religieuse des uns et des autres, particulièrement
grâce à l’éducation » ; enfin « collaborer afin que notre pèlerinage vers la
Vérité soit réalisé en toute liberté et en toute sérénité ».
En matière
de collaboration, le cardinal Tauran a assuré que l’Eglise catholique prendrait toute
sa part. Citant Benoît XVI dans son discours de bienvenue au Bénin le 18 novembre
2011, il a rappelé que « par sa présence, sa prière et ses différentes œuvres de
miséricorde, spécialement dans le domaine éducatif et sanitaire, [l’Eglise catholique]
souhaite donner ce qu’elle a de meilleur. Elle veut se montrer proche de celui qui
est dans le besoin, de celui qui cherche Dieu. »
Compte-rendu du discours
du cardinal Jean-Louis Tauran avec Xavier Sartre
(Photo
: Le prince Said Al Faisal, ministre des affaires étrangères de l'Arabie Saoudite
répond aux questions des journalistes devant le centre du KAICIID)
Ci-dessous
le texte du discours du cardinal Jean-Louis Tauran :
Discours
de Son Eminence le cardinal Jean-Louis Tauran lors de la cérémonie d’inauguration
du Centre Roi Abdallah ben Abdelaziz pour le Dialogue Interreligieux et Interculturel
(KAICIID : King Abdullah bin Abdulaziz Centre for Interreligious and Intercultural
Dialogue)
Hofburg, Vienne, Autriche 26 novembre 2012
Votre Sainteté, Excellences, Mesdames
et messieurs,
J’ai le privilège de porter à cette assemblée le salut de Sa
Sainteté le Pape Benoît XVI, ainsi que ses vœux les plus pieux pour le succès des
activités de ce centre de dialogue.
Mesdames et messieurs,
nous sommes
observés. Tout le monde, de cette initiative lancée par Sa Majesté le roi Abdallah,
soutenue par les gouvernements d’Autriche et d’Espagne, et avec l’aide du Saint-Siège
en tant qu’observateur fondateur, attend honnêteté, vision et crédibilité.
Ce
centre représente une autre occasion de dialoguer ouvertement sur tant de sujets,
y compris ceux concernant les droits fondamentaux de l’Homme, en particulier la liberté
religieuse dans tous ses aspects, pour chacun, pour chaque communauté, partout. A
cet effet, vous comprendrez que le Saint-Siège soit particulièrement attentif au sort
des communautés chrétiennes dans des pays où une telle liberté n’est pas suffisamment
garantie. L’information, de nouvelles initiatives, des aspirations, et peut-être aussi
des échecs seront portés à notre attention. Ce sera ensuite la tâche du Centre, et
quand cela sera possible, avec la coopération d’autres organisations, de vérifier
leur authenticité et d’agir en conséquence, afin que nos contemporains ne soient pas
privés de la lumière et des ressources que la religion apporte au bonheur de chaque
être humain.
Les croyants doivent travailler pour cela et pour soutenir tout
ce qui favorise la personne humaine dans ses aspirations matérielles, morales et religieuses.
Trois attitudes sont ainsi requises : 1 : respect de l’autre dans sa spécificité
; 2 : connaissance réciproque et objective de la tradition religieuse des uns et
des autres, particulièrement grâce à l’éducation ; 3 : collaboration afin que notre
pèlerinage vers la Vérité soit réalisé en toute liberté et en toute sérénité.
Pour
conclure, et en citant le Pape Benoît XVI, j’aimerais vous assurer de la coopération
de l’Eglise catholique : « par sa présence, sa prière et ses différentes œuvres de
miséricorde, spécialement dans le domaine éducatif et sanitaire, elle souhaite donner
ce qu’elle a de meilleur. Elle veut se montrer proche de celui qui est dans le besoin,
de celui qui cherche Dieu. » (Voyage apostolique au Bénin, cérémonie de bienvenue,
18 novembre 2011). C’est dans cet esprit de fraternité et d’amitié que nous devons
travailler !