Un sommet extraordinaire de la Conférence internationale sur les Grands Lacs, consacré
à la situation en République démocratique du Congo, se réunira ce samedi à Kampala.
Ce mercredi, les présidents de l’Ouganda, Yoweri Museveni, du Rwanda, Paul Kagame,
et de RDC, Joseph Kabila, déjà réunis en Ouganda, ont demandé aux rebelles du Mouvement
du 23 mars de «cesser immédiatement»leur offensive et de se retirer de la
ville de Goma dans l'est de la République Démocratique du Congo.
Le M23
en route vers Bukavu
Les soldats, qui se sont mutinés en avril dernier
contre leur transfert hors de leur zone d’influence dans l’est du pays et qui, depuis,
se battent contre l’armée congolaise des FARDC, se sont emparés mardi de la capitale
de la province du Nord-Kivu. Les rebelles ont également déclaré mercredi soir avoir
pris le contrôle de Sake, une localité située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest
de Goma. Ils seraient maintenant en marche vers Bukavu, la capitale de la province
du Sud-Kivu.
Comment la population de la ville perçoit-elle l’avancée de
rebelles ? Le père Justin Nkunzi est le directeur de la Commission Justice
et Paix de l’archidiocèse de Bukavu. Il est interrogé par Marie Duhamel.
Le
chef de la Monusco, la mission de l'ONU dans le pays, Roger Meece a affirmé hier avoir
« reçu plusieurs compte-rendu faisant état d'exécutions sommaires visant tous ceux
qui se trouvent en travers de la route (des rebelles), y compris des responsables
gouvernementaux et des chefs traditionnels qui s'opposent ou échouent à coopérer avec
cette structure » du M23. La Monusco compte 17 000 hommes en RDC, 6 700 dans le Nord-Kivu
et 1 500 encore en place dans la ville de Goma. Le chef de la Monusco s'est également
montré inquiet d'un possible élargissement des manifestations qui se développent depuis
mardi contre le gouvernement ou les forces de l'ONU sur place, accusées de n'être
pas intervenues pour défendre Goma.
Message des évêques d'Afrique
Ce
mercredi 21 novembre, les évêques d'Afrique ont appelé à l’arrêt de la guerre et au
respect de l’intégrité territoriale de la RDC. Vous trouverez ci-dessous leur message
en intégralité.
1. Nous, évêques présidents des Conférences Episcopales
d’Afrique et évêques présidents des Caritas d’Afrique, en provenance de 34 pays
du continent, participant à la Rencontre sur l’identité et la mission de Caritas
qui se tient du 20 au 22 novembre 2012 à Kinshasa, nous exprimons notre profonde
inquiétude ainsi que notre proximité et notre solidarité à la Conférence épiscopale
et à toute la population congolaise. Nous sommes indignés et choqués de constater
que la guerre déclenchée dans l’Est de la République Démocratique du Congo il y a
quelques mois est en train de s’étendre et de causer à nouveau un drame humain majeur.
2.
Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, victimes des affres de cette guerre
qui leur est imposée, sont désemparés et jetés une fois de plus sur la route dans
un dénuement total à Goma et dans ses environs. Ils sont à la merci des intempéries,
de la faim, du viol et de toute sorte d’exactions, y compris l’enrôlement d’enfants.
Cela constitue une offense à leur dignité de personne humaine et d’enfants de Dieu.
3.
Nous sommes convaincus que l’heure n’est plus à la guerre ni à la conquête, mais bien
plutôt à la coopération entre les peuples et que l’intégrité territoriale de la
République Démocratique du Congo doit être protégée et respectée par tous. A cet
effet, nous estimons que l’exploitation illégale des ressources naturelles qui
est la principale cause de cette guerre doit cesser. Les ressources naturelles
doivent être exploitées et gérées d’une manière légale, dans la transparence et
contribuer ainsi au développement de tous et à la paix en RDC.
4. En communion
avec les évêques du Congo qui se sont exprimés à maintes reprises sur ce drame,
nous lançons un appel pressant aux Nations Unies, à l’Union Africaine, à l’Union Européenne,
au Gouvernement de la RD Congo et aux Gouvernements des autres pays impliqués de
quelque manière que ce soit dans cette guerre ainsi qu’aux entreprises multinationales
du secteur extractif. Qu’ils s’attaquent une fois pour toutes aux causes de cette violence
récurrente, en privilégiant le dialogue dans la vérité et la transparence pour trouver, de
toute urgence, une solution juste et concertée, capable de mettre définitivement fin
aux souffrances des populations civiles de l’Est de la RDC, et éviter de les plonger
dans le désespoir et la violence. Les auteurs de tant de violences et de destructions
ne doivent pas rester impunis.
5. Face à l’aggravation de ces souffrances
dont pâtissent injustement ces frères et soeurs, et fidèles à la mission de solidarité
et de charité chrétienne, nous demandons au réseau Caritas, aux autres organisations
caritatives de nos Eglises respectives et aux autres agences humanitaires de redoubler
d’efforts pour leur venir en aide.
6. Nous implorons le Dieu tout puissant,
Seigneur de la Paix, de convertir le coeur de ceux qui font la guerre, ceux qui
l’inspirent, la programment et la planifient, et de faire croître en eux et dans
le coeur des habitants de la Région des Grands Lacs la fraternité et le respect mutuel. Puisse
Marie, Notre Dame d’Afrique et Notre Dame de la Paix, intercéder pour nous.