L'armée française a mis fin mardi à sa mission de combat en Afghanistan en quittant
Kapisa, là où elle a perdu le plus de soldats depuis 2001, sonnant l'heure du retour
pour les soldats qui y étaient déployés, conformément à son calendrier de retrait
accéléré. Après le départ de ses dernières "forces combattantes" à la fin de l'année,
deux ans avant le délai prévu par la force de l'Otan, la France ne comptera plus que
1.500 soldats dans le pays: des formateurs et logisticiens essentiellement basés à
Kaboul.
En se repliant sur la capitale, l'armée française revient à une configuration
proche de celle existant avant 2007, avant que le président de l'époque Nicolas Sarkozy
ne décide d'accroître la présence militaire pour, à la demande des Américains qui
dirigent l'Isaf, aller davantage au contact des insurgés en Kapisa et dans le district
voisin de Surobi, au nord-est de Kaboul.
Entamée en 2008, la mission en Kapisa,
province très infiltrée par les rebelles talibans et du Hezb-e-Islami, était considérée
comme la plus difficile pour les Français en Afghanistan depuis leur arrivée dans
le pays. Les affrontements avec les insurgés s'y sont multipliés. Plus de 60% (54
sur 88) des soldats français morts dans le pays depuis 2001 y ont péri, dont les cinq
abattus par un soldat afghan alors qu'ils faisaient leur jogging dans une base militaire
en janvier dernier.
Il s'agissait de la première en 2012 de ces attaques meurtrières
de forces afghanes contre leurs alliés de l'Otan qui nourrit sérieusement les doutes
sur les capacités des forces locales à maintenir la sécurité du pays après 2014.
L'armée
française dit aujourd'hui laisser derrière elle un territoire relativement apaisé,
ce que confirme l'armée afghane, même si aucun chiffre n'a été avancé pour valider
cette thèse et que les incidents n'y ont pas cessé. Dans les faits, deux des six districts
de Kapisa sont en partie contrôlés par les insurgés, au nombre de 500 l'été et 250
l'hiver, estime toutefois le général Kohsar Mardhel, chargé de coordonner les forces
afghanes dans la province.
Au plus fort de son déploiement en Kapisa et dans
le district voisin de Surobi, les deux territoires afghans qu'elle contrôlait avant
de les transférer cette année aux autorités afghanes, la France y comptait environ
2.500 soldats. La sécurité de Kapisa sera désormais assurée par 4.700 policiers
et militaires afghans, épaulés par quelque 250 soldats américains, selon le général
Hautecloque-Raysz, optimiste sur la capacité des troupes afghanes à contenir l'insurrection
dans cette région stratégique.
Malgré onze années de combats aux côtés des
soldats et policiers afghans, la coalition n'a jamais pu se défaire de l'insurrection
menée par les talibans qu'elle avait chassés du pouvoir, faisant craindre à certains
une guerre civile après le départ de l'Otan fin 2014, alors que d'autres évoquent
un possible retour au pouvoir des talibans. (AFP)