2012-11-19 09:34:32

RDC : les rebelles du M23 sont aux portes de Goma


Ce lundi, l’incertitude et la peur dominent pour les habitants de Goma. Ce week-end, les rebelles congolais du Mouvement du 23 mars ont mené leur plus violente offensive depuis leur mutinerie en mai dernier et ils seraient ce lundi matin à seulement quelques kilomètres de la capitale régionale du Nord Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo. La Caritas Goma tient en ce moment une réunion pour chercher à venir en aide aux populations de déplacés qui ont du fuir le camps de Kanyarucinya, au nord de Goma, pour se réfugier en ville.

Réunion d'urgence pour la Caritas Goma

Les rebelles du M23 affirment que cette offensive sert uniquement à faire entendre leurs revendications*, mais se font menaçants : « si les FARDC (ndlr, les Forces armées de la République démocratique du Congo, l’armée congolaise) nous attaquent, on prendra la ville », a indiqué hier le colonel Innocent Kayina.

Ce responsable du M23 a indiqué avoir installé son poste de commandement près de l’aéroport au nord de la ville, à la hauteur du camp de Munigi, le principal camp de la Minusco, la mission des Nations Unies en RDC. Un fait qu’a démenti le porte-parole de l’armée congolaise. Interrogé par l’Agence France presse, ce dernier a assuré que les FARDC, les forces armées de la République Démocratique du Congo), étaient en position dans cet endroit et aux abords de la ville. Une troisième version émanant d’une source militaire occidentale, affirme elle, qu’un accord aurait été trouvé pour que les rebelles s’arrêtent sur les hauteurs à 5 kilomètres du centre-ville.

« Débandade »

Les rebelles sont en tout cas aux portes de Goma, et selon plusieurs sources certains membres de l’armée ainsi que des autorités, dont le gouverneur du Nord-Kivu, auraient quitté la ville hier après-midi. Plusieurs responsables civils seraient partis par bateau sur le lac Kivu pour rejoindre la capitale du Sud Kivu, la ville de Bukavu, à 80 km au sud de Goma. Plusieurs chefs militaires seraient eux repliés à Sake, à 20 km à l’est de Goma. Selon le vice-gouverneur du Nord Kivu, les militaires se sont retirés « pour éviter un bain de sang » dans Goma « ville de déplacés » pris en étau entre la zone occupée par le M23 et le lac Kivu.

Hier après-midi, plusieurs sources, onusienne, humanitaire et locales, ont utilisé les mots de « débâcle » ou de « débandade » pour qualifier le retrait des militaires. Parmi ces sources, le porte-parole de la province du Nord-Kivu qui a également dénoncé l’inaction des Casques bleus.

La Minusco restera à Goma en prenant garde à la protection des civils

Pour bloquer l’avancée des rebelles et les empêcher de prendre l’aéroport de Goma, des hélicoptères de l’ONU, qui appuient l’armée congolaise, ont tiré hier des roquettes et des obus hier, selon les dires d’un porte-parole des Nations Unies s’exprimant à New York. Hier soir, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, a assuré qu'en dépit de l’avancée rebelle, les forces de l'ONU stationnées en République Démocratique du Congo, soit 6 700 hommes au Nord Kivu, resteront dans la ville de Goma. Dans un communiqué de l’ONU, on peut ainsi lire que la mission de l'ONU « restera présente à Goma et continuera d'appliquer son mandat avec la totalité de ses moyens en prenant garde à la protection des civils ». Il est également indiqué qu'aucune action visant les forces de l'ONU « ne sera tolérée ».
Samedi, le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé aux rebelles de renoncer à marcher sur Goma, exigeant de surcroît que « tout soutien extérieur et toute fourniture d'équipement au M23 cessent immédiatement ». Kinshasa et l'ONU accusent le Rwanda de soutenir les rebelles, ce que Kigali dément.

30 000 personnes à la recherche d'un abri

Aucune victime n’a été officiellement recensée, mais des photographies d'agences de presse montrent au moins un corps vêtus d'un uniforme militaire gisant à terre. Cette offensive a en outre poussé les dizaines de milliers de déplacés du camp de Kanyarucinya, souvent des populations venant de la région de Rutshuru conquise en juillet par le M23, à fuir leur lieu d’accueil pour se réfugier à Goma. La Caritas Goma tient en ce moment une réunion d’urgence à ce sujet.


* Le Mouvement du 23 mars a été créé au printemps dernier par d’anciens combattants de la rébellion pro-rwandaise du Congrès national pour la défense du peuple, pour la plupart d’entre eux. Officiellement intégré l'armée en 2009 après un accord avec le gouvernement, ce soldats se sont mutinés car, ils estiment que Kinshasa n'avait pas respecté ses engagements. Ils réclament notamment le maintien de tous les officiers dans leurs grades et refusent le « brassage » que veut leur imposer Kinshasa ce qui les éloignerait de leur zone d'influence dans l'est.

(avec AFP)

(Photo : des déplacés ont trouvé refuge dans le camp de Munigi, le principal camp de la Minusco, la mission des Nations Unies en RDC.)







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