Le Pape aux évêques français :" L'Eglise doit se faire entendre sans relâche"
39 évêques français des provinces du quart Nord-est de l’Hexagone ont terminé samedi
leur visite ad limina entamée le 12 novembre dernier, en rencontrant Benoît XVI au
Vatican. L’occasion pour le Pape d’aborder des sujets sensibles, comme la place de
l’Eglise dans la société, son devoir de parler haut et fort, surtout quand l’actualité
sociale et politique le réclame. Ainsi, le « mariage pour tous », ce projet de loi
beaucoup discuté et qui doit être examiné à l’Assemblée en janvier prochain.
Le
compte-rendu de Bernard Decottignies
« Plus l’Eglise
est consciente de son être et de sa mission, plus elle capable d’aimer ce monde, sans
céder à la tentation du découragement ou du repli ». Car, rappelait le Pape « dans
les débats importants de société, la voix de l’Église doit se faire entendre sans
relâche et avec détermination. » Certes, dans le respect de la tradition de la laïcité
à la française. « Vous apportez dans ces débats une parole indispensable de vérité,
qui libère et ouvre les cœurs à l’espérance. Cette parole, j’en suis convaincu, est
attendue. »
Prêcher à temps et contretemps
« L’Église, ajoutait
Benoît XVI, trouve dans sa mission divine l’assurance et le courage de prêcher, à
temps et à contretemps, la grandeur du dessein divin sur l’humanité, la responsabilité
de l’homme, sa dignité et sa liberté, – et malgré la blessure du péché – sa capacité
à discerner en conscience ce qui est vrai et ce qui est bon, et sa disponibilité à
la grâce divine. » Et le Pape partageait alors la préoccupation des évêques français
pour la transmission de la foi aux jeunes générations. Assurée encore par de nombreuses
familles, qui doivent être aidées, encouragées à prendre des initiatives dans le domaine
éducatif.
Mais malheureusement l’on doit souvent constater une véritable rupture
dans la transmission, parfois depuis plusieurs générations. Le défi est immense. Ce
n’est pas le seul. « Il y a également l’énorme défi à vivre dans une société qui ne
partage pas toujours les enseignements du Christ, et qui parfois cherche à ridiculiser
ou à marginaliser l’Église en désirant la confiner dans l’unique sphère privée. »
Cohérence et fidélité à l'enseignement moral de l'Eglise
Pour
relever ces immenses défis, l’Église a besoin de témoins crédibles. Et les fidèles
doivent sentir que « leur foi les engage, qu’elle est pour eux libération et non fardeau,
que la cohérence est source de joie et de fécondité. Cela vaut aussi bien pour leur
attachement et leur fidélité à l’enseignement moral de l’Église que, par exemple,
pour le courage à afficher leurs convictions chrétiennes, sans arrogance mais avec
respect, dans les divers milieux où ils évoluent. Ceux d’entre eux qui sont engagés
dans la vie publique ont dans ce domaine une responsabilité particulière. »
Et
le Pape de rappeler, et nous sommes au cœur de l’actualité française, que « les politiques
auront à cœur d’être attentifs aux projets de lois civiles pouvant porter atteinte
à la protection du mariage entre l’homme et la femme, à la sauvegarde de la vie de
la conception jusqu’à la mort, et à la juste orientation de la bioéthique en fidélité
aux documents du Magistère de l’Eglise. »
Aimer la vie monastique, et respecter
les normes pour l'Eucharistie
Le Pape n’a pas manqué non plus d’évoquer
la beauté et l’importance de la vie monastique en France, et ses retombées spirituelles
sur la vie de l’Eglise et la société. La grande tradition française aussi dans le
soin apporté aux célébrations liturgiques. Le Pape a encouragé les évêques au respect
des normes en la matière. « La beauté des célébrations, bien plus que les innovations
et les accommodements subjectifs, a conclu Benoît XVI, fait œuvre durable et efficace
d’évangélisation. »