2012-11-16 15:27:58

Le président ivoirien reçu par le Pape au Vatican


Le président ivoirien était en visite officielle vendredi au Vatican. Une première depuis son arrivée au pouvoir au printemps 2011. Alassane Ouattara a été reçu en audience privée par Benoît XVI. L’entretien, d’une vingtaine de minutes, en français, s’est déroulé dans la Bibliothèque du Palais apostolique. Le chef d’Etat ivoirien a également rencontré le Cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone ainsi que le secrétaire pour les relations avec les Etats Mgr Dominique Mamberti.

Dialogue et réconciliation nationale pour favoriser l'unité et le développement

Dans un communiqué, la Salle de presse du Saint-Siège précise que ces entretiens ont notamment porté sur « la contribution que peut offrir l'Eglise au bien du pays tout entier en encourageant à la paix et en promouvant le respect des droits humains, le dialogue et la réconciliation nationale, seule voie pour favoriser l'unité et le développement ». L’occasion également de souligner « la cordialité des relations entre le Saint-Siège et la Côte d’Ivoire » et de saluer « la collaboration fructueuse entre l’Eglise et l’Etat, en particulier dans le domaine de la santé et de l'éducation.

Les deux parties ont dit souhaiter une rapide conclusion des négociations en vue d'un accord bilatéral. Les entretiens ont par ailleurs permis "de passer en revue certains défis régionaux, actuellement suivis par le chef de l'Etat ivoirien en tant que Président de la Communauté économique des pays d'Afrique Occidentale".

La crise politico-militaire a laissé de profondes traces

La visite d’Alassane Ouattara au Vatican intervenait deux jours après la dissolution du gouvernement du Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio, officiellement suite à des dissensions au sein de la majorité. La Côte d’Ivoire, profondément meurtrie par la crise politico-militaire de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3 000 morts, est encore très fragile d’un point de vue politique. L’ancien président Gbgabo est toujours détenu à la Haye et la population reste divisée entre le parti au pouvoir et les partisans de l’ancien chef de l’Etat.

La presse ivoirienne accorde une large place à la visite d’Alassane Ouattara au Vatican. Fraternité Matin, 1er quotidien ivoirien d’informations générales, donne notamment la parole à son ancien directeur, Léon Francis Lébry, Enseignant chercheur à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) d’Abidjan, auteur d’un ouvrage intitulé «La Côte d’Ivoire et le Vatican, 40 ans d’amitié fraternelle». Ce livre a été présenté le 9 novembre dernier à Abidjan, en présence du Nonce apostolique et de plusieurs personnalités politiques et religieuse.

Les précisions de Romilda Ferrauto RealAudioMP3

Journaliste et chercheur, Léon Francis Lébry n’a pas de doutes. Cette visite aura des retombées importantes avant tout pour la Côte d’Ivoire. Son double statut permet au Pape de donner des conseils et de faire des suggestions aux chefs d’Etat. Or Alassane Ouattara en a besoin pour apaiser le climat social et favoriser la reconstruction. Pendant la crise postélectorale, le Saint-Siège s’est efforcé de faire comprendre que le conflit n’était pas interreligieux. Il avait tenté, sans succès, d’envoyer un émissaire à Abidjan. En venant au Vatican, le président ivoirien s’inscrit dans la tradition de ses prédécesseurs. Ce rendez-vous – affirme Léon Francis Lébry – Alassane Ouattara l’avait sollicité il y a un an, peu après son accession à la tête du pays. Car il connaît le poids et la place du Vatican dans le monde, et souhaite lui donner des gages de réconciliation.

Cela fait 40 ans que la Côte d’Ivoire et le Saint-Siège entretiennent des relations diplomatiques, renforcées par Jean-Paul II et Felix Houphouet-Boigny qui se sont rencontrés à plusieurs reprises. L’Eglise ivoirienne est influente et a soutenu la population, notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation. Pourtant, si la visite au Vatican d’Alassane Ouattara est un événement diplomatique majeur, elle ne fait pas que des heureux. Les violences postélectorales ont laissé des blessures et des divisions profondes en Côte d’Ivoire. La situation des pro-Gbagbo, détenus sans jugement entretient les ressentiments. Les ONG dénoncent la répression et les dérives autoritaires. Dans les rangs catholiques, certains accusent ouvertement les évêques de s’être résignés au silence pour assurer leur survie. 19 mois après le changement de régime, la réconciliation tarde à s’installer et l’insécurité persiste.


(Photo: le président ivoirien, Alassane Ouattara a offert un jeu d'échec en ivoire à Benoît XVI)







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