2012-11-16 07:03:17

Dossier : le Tibet, épine dans le pied du PCC


Le 18e congrès du Parti communiste chinois a refermé ses portes et a ouvert un nouveau cycle du pouvoir avec l’intronisation de la cinquième génération menée par le nouveau Premier secrétaire du PCC Xi Jinping. La transition aux plus hauts postes de responsabilité s’est passée comme prévue, sans surprise. Lors de cette semaine de réunions au plus haut niveau, la sécurité a été considérablement renforcée notamment à Pékin aux abords de la place Tian ’amen. Les autorités chinoises voulaient empêcher tout désordre mais surtout, voulaient prévenir toute immolation par le feu de Tibétains.

Depuis plusieurs mois, près de soixante-dix Tibétains se sont donnés la mort. Le rythme de ces suicides s’est accéléré à l’approche du Congrès et pendant ses travaux. Huit Tibétains ont ainsi péri en l’espace d’une semaine. Ces actes désespérés sont sans équivalents depuis les émeutes de 2008 qui ont précédé les Jeux Olympiques de Pékin et qui ont rappelé au monde la persistance de la question tibétaine.

Circuler il n’y a rien à voir

Il est impossible de savoir si cette question inquiète vraiment les participants au Congrès. « Dans le discours public c’est un non-sujet » assure Marie Holzman, présidente de l’association Solidarité Chine dont le but est de faire connaître les mouvements démocratiques chinois. Les principaux dirigeants, quand ils sont interrogés sur la question, esquivent, minimisent ou nient tout problème.

Or, sur le terrain, année après année, la situation se détériore pour les Tibétains selon Marie Holzman qui ne voit aucune raison pour que la nouvelle direction change de politique. Elle reconnaît toutefois que le PCC est bien conscient de l’écho dont bénéficie la cause tibétaine dans le monde. Le Parti communiste craint surtout le séparatisme et accuse les Tibétains d’être des indépendantistes. « Les Chinois craignent que les Tibétains ne soient manipulés par des puissances extérieures et que cela conduise à l’explosion du territoire » précise la chercheuse.

Cette thèse développée par les autorités et relayée par la presse officielle, obtient un certain crédit auprès des Chinois dont la fibre nationaliste est ainsi exacerbée et auprès de certains étrangers qui refusent de comprendre « le malheur des Tibétains »qui doivent affronter des changements de leurs conditions et de leur style de vie très rapides.

Or « Le Dalaï Lama a toujours réclamé l’autonomie, il n’a jamais réclamé autre chose » explique la sinologue. Mais l’inflexibilité des autorités centrales chinoises et la dureté des autorités dans la province du Tibet ont poussé certains Tibétains à s’écarter de la voie pacifique tracée par le Dalaï Lama. De là, la multiplication des immolations par le feu, geste de désespoir de populations qui se voient refuser le droit de vivre comme ils l’entendent.
Marie Holzman interrogée par Xavier Sartre RealAudioMP3

(Photo : Des Tibétains en exil exhibent un portrait de leur leader le Dalaï Lama lors d'une manifestation à Dharamsala contre la désignation du nouveau président chinois Xi Jinping)







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