Le 18e congrès du Parti communiste chinois a refermé ses portes et a ouvert
un nouveau cycle du pouvoir avec l’intronisation de la cinquième génération menée
par le nouveau Premier secrétaire du PCC Xi Jinping. La transition aux plus hauts
postes de responsabilité s’est passée comme prévue, sans surprise. Lors de cette semaine
de réunions au plus haut niveau, la sécurité a été considérablement renforcée notamment
à Pékin aux abords de la place Tian ’amen. Les autorités chinoises voulaient empêcher
tout désordre mais surtout, voulaient prévenir toute immolation par le feu de Tibétains.
Depuis plusieurs mois, près de soixante-dix Tibétains se sont donnés la mort.
Le rythme de ces suicides s’est accéléré à l’approche du Congrès et pendant ses travaux.
Huit Tibétains ont ainsi péri en l’espace d’une semaine. Ces actes désespérés sont
sans équivalents depuis les émeutes de 2008 qui ont précédé les Jeux Olympiques de
Pékin et qui ont rappelé au monde la persistance de la question tibétaine.
Circuler
il n’y a rien à voir
Il est impossible de savoir si cette question inquiète
vraiment les participants au Congrès. « Dans le discours public c’est un non-sujet
» assure Marie Holzman, présidente de l’association Solidarité Chine dont le but est
de faire connaître les mouvements démocratiques chinois. Les principaux dirigeants,
quand ils sont interrogés sur la question, esquivent, minimisent ou nient tout problème.
Or, sur le terrain, année après année, la situation se détériore pour les
Tibétains selon Marie Holzman qui ne voit aucune raison pour que la nouvelle direction
change de politique. Elle reconnaît toutefois que le PCC est bien conscient de l’écho
dont bénéficie la cause tibétaine dans le monde. Le Parti communiste craint surtout
le séparatisme et accuse les Tibétains d’être des indépendantistes. « Les Chinois
craignent que les Tibétains ne soient manipulés par des puissances extérieures et
que cela conduise à l’explosion du territoire » précise la chercheuse.
Cette
thèse développée par les autorités et relayée par la presse officielle, obtient un
certain crédit auprès des Chinois dont la fibre nationaliste est ainsi exacerbée et
auprès de certains étrangers qui refusent de comprendre « le malheur des Tibétains
»qui doivent affronter des changements de leurs conditions et de leur style de vie
très rapides.
Or « Le Dalaï Lama a toujours réclamé l’autonomie, il n’a jamais
réclamé autre chose » explique la sinologue. Mais l’inflexibilité des autorités centrales
chinoises et la dureté des autorités dans la province du Tibet ont poussé certains
Tibétains à s’écarter de la voie pacifique tracée par le Dalaï Lama. De là, la multiplication
des immolations par le feu, geste de désespoir de populations qui se voient refuser
le droit de vivre comme ils l’entendent. Marie Holzman interrogée par Xavier
Sartre
(Photo
: Des Tibétains en exil exhibent un portrait de leur leader le Dalaï Lama lors d'une
manifestation à Dharamsala contre la désignation du nouveau président chinois Xi Jinping)