Dossier : l’économie japonaise enlisée dans ses problèmes structurels
Le Japon a enregistré au troisième trimestre 2012 une croissance négative de -0,9%.
Techniquement, il ne s’agit pas encore de la récession mais cela démontre que l’archipel
a du mal à se sortir d’une crise qui ne semble pas vouloir l’abandonner depuis l’éclatement
de la bulle immobilière au début des années 1990.
Les effets positifs sur
l’économie nationale consécutifs au tsunami de mars 2011 commencent à s’estomper comme
les derniers mauvais chiffres de la croissance le laissent entrevoir. Le regain d’activité
lié à la reconstruction des zones dévastées se réduit, entrainant avec lui le ralentissement
de toute l’économie. Les problèmes régionaux en Asie, et notamment la crise diplomatique
entre Pékin et Tokyo, pèsent également sur la croissance japonaise.
Mais le
Japon est particulièrement touché par la crise qui touche les Etats-Unis et l’Union
européenne. Les importations dans ces deux zones ralentissent et du coup, les exportations
japonaises s’en ressentent. Tous ces éléments se conjuguent aux facteurs internes
propres au Japon pour en plomber la croissance. « Le Japon n’arrive pas à retrouver
un modèle de croissance parce que sa population a vieilli, parce qu’il est de plus
en plus dépendant de l’ensemble de sa région et parce que depuis des années, sa devise,
le Yen, est trop fort » explique Jean-François Di Meglio, président d’Asia Centre.
La dette publique s’établit à 250 % du PIB
« Le principal problème
reste d’abord et avant tout l’importance de l’endettement public qui s’établit aujourd’hui
à 250 % du PIB », souligne l’économiste. Dans certains pays, ce taux serait synonyme
de faillite ou d’énormes problèmes de financement comme pour la Grèce. Mais le Japon
a un grand avantage comparé à la plupart des pays européens. Sa dette est détenue
à 95 % par les Japonais et les épargnants continuent de faire confiance aux différents
gouvernements, finançant ainsi une dette qui ne cesse de croître.
Le Japon
est cependant confronté à un autre problème qui est celui de son « enfermement sur
lui-même ». La restructuration de son secteur bancaire dans les années 1990 a conduit
à fermer quasiment son marché financier aux investisseurs étrangers et à leur interdire
presque l’acquisition d’actifs. « Le Japon se trouve en fait face à des problèmes
qu’il ne peut résoudre que lui-même et du coup, il faudrait qu’il y ait un vrai choc
politique qui mette fin à la sclérose politique comparable à celle de la IVème République
en France » pour résoudre l’ensemble de ces dossiers, juge Jean-François Di Melgio.
Jean-François Di Melgio, président d’Asia Centre, interrogé par Xavier
Sartre
(
Photo : Le premier ministre japonais, Yoshihiko Noda )