Un rapport de "Justice et paix" accablant pour le Vietnam
La Commission ‘Justice et Paix’ de l'Eglise catholique au Vietnam a publié un rapport
critiquant sévèrement, d’un point de vue moral, la société vietnamienne actuelle.
Il dénonce notamment le développement de la corruption et de la violence, ainsi que
la répression de la liberté d’expression et de religion dans le pays. Le rapport,
destiné à la Conférence épiscopale du Vietnam, constate que l’application de la loi
reste souvent arbitraire au Vietnam, surtout au niveau régional. Certains cas d’arrestations
violent les lois du pays ainsi que les conventions internationales que le gouvernement
s’est engagé à respecter. La situation s’est encore détériorée depuis le précédent
rapport de ’Justice et Paix’, en mai 2012.
Le document, publié le 1er novembre
2012, a été traduit et diffusé le 14 novembre 2012 par l’agence d’information des
missions étrangères de Paris, Eglises d’Asie. Il juge "irrationnelles et totalement
injustes" les sentences infligées à trois jeunes chrétiens à Vinh, le 20 septembre
2012, ainsi qu’à trois blogueurs, le 24 septembre à Hô-Chi-Minh-Ville. Ces verdicts
sont, selon le texte, un "exemple concret de violation du droit à la liberté d’expression
et à la liberté de la presse".
Violence et corruption en augmentation
’Justice
et Paix’ note que les autorités n’ont pas la volonté de se conformer à la loi et à
la justice. Elles sont accusées de protéger les intérêts d’investisseurs ou de différents
groupes privilégiés. Pour justifier ce comportement, les contestataires sont généralement
accusés d’avoir été incités à protester par "des forces hostiles" à l’Etat.
Les
autorités auraient de plus en plus souvent recours à des ‘voyous’ pour rétablir l’ordre.
Ce phénomène aurait pour effet d’intensifier la violence dans la société. La corruption
est devenue "un fléau national" note le rapport. Et elle a pour moteur essentiel les
organes dirigeants. Le Vietnam fait aujourd’hui partie des nations "les moins transparentes"
du monde. En outre Le trafic des êtres humains, la traite des femmes, jusqu’ici clandestins,
sont devenus "officiels".
La population laissée sans défense face à la "menace
chinoise"
La population n’est pas informée du véritable contenu des "arrangements"
et des "pactes" conclus avec la Chine voisine, assure le document. Ces "liens amicaux"
menaceraient l’indépendance et la souveraineté nationale. Ils auraient des "conséquences
néfastes" pour les Vietnamiens, aussi bien dans le domaine politique qu’économique.
"Les agissements de Pékin consistant à affirmer leur souveraineté en mer de Chine
témoignent de son intention d’établir une ‘Grande Chine’ ", assure le rapport. ’Justice
et Paix’ fustige la répression du pouvoir à l’encontre des individus qui s’élèvent
contre l’influence chinoise.
Religion réprimée
Dans bon nombre
de régions, les lois relatives à la liberté religieuse sont appliquées de façon arbitraire,
explique le rapport. La célébration de cérémonies religieuses et la création de centres
religieux en dehors des édifices existants restent des opérations très complexes.
Elles dépendent entièrement du bon vouloir d’autorités régionales souvent réfractaires.
Une
éducation ’aliénante’
Dans la société vietnamienne actuelle, l’homme est
‘aliéné’, considéré comme un outil au service d’objectifs politiques et économiques.
Le système éducatif est en train de former des hommes instrumentalisés plutôt que
des personnes libres, capables de responsabilité et d’initiative.
Le rapport
de ’Justice et Paix’ note également qu’une réelle société civile n’a pas encore fait
son apparition au Vietnam. (Apic)