2012-11-12 12:56:41

Mgr Zenari :"Une opposition unie pour dialoguer avec le gouvernement syrien"


L'opposition syrienne est parvenue lundi à former une coalition unie pour présenter une alternative crédible au régime de Bachar al-Assad, et attend désormais une reconnaissance internationale à cette entité saluée par les Occidentaux. Son nouveau chef, Ahmad Moaz Al-Khatib, devrait ainsi se rendre, quelques heures après la signature avant l'aube de l'accord à Doha, à la Ligue arabe au Caire.
Sur le terrain, les troupes du régime ont intensifié leurs raids aériens contre des bastions rebelles dans le Nord, tandis que les troupes au sol sont aux prises avec des insurgés à Damas et dans d'autres secteurs du pays.

Après une réunion marathon de quatre jours et d'intenses pressions internationales, les composantes de l'opposition ont réussi à s'entendre sur la mise en place de la "Coalition nationale syrienne des forces de l'opposition et de la révolution". Outre cheikh Khatib, la direction de cette coalition compte deux vice-présidents, Riad Seif, un ex-député, et la militante Souheir Atassi qui a joué un rôle dans la coordination du soulèvement à l'intérieur de la Syrie.

La coalition unie en quête de reconnaissance

La nouvelle entité a été saluée par Washington, Paris et Londres. Mais qu’en sera-t-il de Moscou, Pékin, Téhéran ? Outre cette reconnaissance internationale de la coalition unie, Georges Sabra, le nouveau chef du Conseil national syrien, désormais la principale composante de la nouvelle Coalition, a affirmé: "Nous n'avons pas seulement besoin d'argent et de pain, nous avons besoin d'armes pour nous défendre".

Une chose est certaine, les troupes du régime ont multiplié les frappes aériennes. La tension est à son comble. Le Nonce apostolique à Damas, Mgr Mario Zenari, le confirme, rentré samedi du Liban, où il accompagnait la mission du Cardinal Robert Sarah, envoyé spécial du Pape. Une mission dont le but principal était d’exprimer la proximité du Pape et de l’Eglise face à ce drame, Benoît XVI ayant renouvelé son appel à toutes les parties en Syrie pour qu'il soit mis fin à "l'effroyable souffrance" et que soit recherchée une solution de paix.

Le cardinal Sarah, à la tête de Cor Unum, qui coordonne l'ensemble des mouvements caritatifs de l'Eglise, est resté au Liban jusqu'à samedi, rendant visite à des réfugiés syriens et présidant à Beyrouth une réunion de coordination des institutions caritatives catholiques, auxquelles le Saint-Siège a demandé un engagement particulier en faveur de la population syrienne, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Il était aussi porteur d’une aide financière pour les réfugiés.

Mgr Zenari, nonce à Damas, confirme une montée de la violence en Syrie

Mgr Zenari, nonce apostolique à Damas, témoigne : « La tension est allée crescendo en Syrie ces dernières semaines. Même en s’approchant de Damas, on pouvait constater au loin des colonnes de fumée, ce qui implique des explosions, on voyait des hélicoptères qui volaient au-dessus de la ville, des postes de contrôle, etc... » « Mais je dois dire, explique-t-il, que j’ai ressenti aussi un autre sentiment, différent. Quand ils voyaient un ecclésiastique, quand j’expliquais que j’étais le représentant du Pape, j’était très bien accueilli et on me saluait comme l’on fait normalement dans ce pays, avec ce signe qui littéralement veut dire « soyez comme dans votre pays, comme chez vous en famille ». « La personne du Saint-Père, son autorité morale, est très appréciée par les chrétiens mais je dirais aussi par les autorités. »

Mgr Zenari précise dès lors que les chrétiens sont respectés et appréciés en Syrie. Et qu’en ce moment le rôle qu’ils peuvent jouer est de construire des ponts. « Avant même les aides que l’on peut offrir, une grande consolation et une grande aide sont notre présence, les valeurs de fraternité universelle, de réconciliation, de non-violence, que comme chrétiens nous cherchons à promouvoir. C’est un signe qui compte, un signe qui se voit ».

Libérer les coeurs de la haine, de la vengeance

Pour Mgr Zenari, cette visite la semaine dernière au Liban du Cardinal Sarah, envoyé spécial du Pape, représente un message de communion, pour tenter de coordonner toutes ces aides. Et tous ont pris conscience de la nécessité d’une plus grande coordination entre les différentes agences catholiques internationales et la Caritas locale, les institutions.
Selon lui, durant cette visite au Liban, l’accent a vraiment été mis surtout sur la réconciliation, la nécessité de faire taire les armes mais aussi de libérer les cœurs de la haine accumulée, de la vengeance. « C’est un travail très délicat, qui revient aux différentes religions, pour faire naître dans les cœurs l’esprit de la réconciliation. »

Mgr Zenari réagit aussi à la nomination de George Sabra, chrétien, comme nouveau président du Conseil National Syrien. Il aimerait l’interpréter dans cet esprit de nécessaire dialogue et réconciliation, mais admet qu’il est difficile d’exprimer pour l’instant un jugement.
« Ce que l’on voit ces jours-ci à Doha pourrait avoir ce résultat positif : chercher à parler d’une seule voix. Cette coordination est importante, cette plus grande unité parmi l’opposition, pour arriver à un possible compromis et à dialoguer avec le gouvernement.

(Entretien signé Claudia di Lorenzi) (Avec AFP)

(Photo: Damas, la capitale syrienne)







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