Mgr Zenari :"Une opposition unie pour dialoguer avec le gouvernement syrien"
L'opposition syrienne est parvenue lundi à former une coalition unie pour présenter
une alternative crédible au régime de Bachar al-Assad, et attend désormais une reconnaissance
internationale à cette entité saluée par les Occidentaux. Son nouveau chef, Ahmad
Moaz Al-Khatib, devrait ainsi se rendre, quelques heures après la signature avant
l'aube de l'accord à Doha, à la Ligue arabe au Caire. Sur le terrain, les troupes
du régime ont intensifié leurs raids aériens contre des bastions rebelles dans le
Nord, tandis que les troupes au sol sont aux prises avec des insurgés à Damas et dans
d'autres secteurs du pays.
Après une réunion marathon de quatre jours et d'intenses
pressions internationales, les composantes de l'opposition ont réussi à s'entendre
sur la mise en place de la "Coalition nationale syrienne des forces de l'opposition
et de la révolution". Outre cheikh Khatib, la direction de cette coalition compte
deux vice-présidents, Riad Seif, un ex-député, et la militante Souheir Atassi qui
a joué un rôle dans la coordination du soulèvement à l'intérieur de la Syrie.
La
coalition unie en quête de reconnaissance
La nouvelle entité a été saluée
par Washington, Paris et Londres. Mais qu’en sera-t-il de Moscou, Pékin, Téhéran ?
Outre cette reconnaissance internationale de la coalition unie, Georges Sabra, le
nouveau chef du Conseil national syrien, désormais la principale composante de la
nouvelle Coalition, a affirmé: "Nous n'avons pas seulement besoin d'argent et de pain,
nous avons besoin d'armes pour nous défendre".
Une chose est certaine, les
troupes du régime ont multiplié les frappes aériennes. La tension est à son comble.
Le Nonce apostolique à Damas, Mgr Mario Zenari, le confirme, rentré samedi du Liban,
où il accompagnait la mission du Cardinal Robert Sarah, envoyé spécial du Pape. Une
mission dont le but principal était d’exprimer la proximité du Pape et de l’Eglise
face à ce drame, Benoît XVI ayant renouvelé son appel à toutes les parties en Syrie
pour qu'il soit mis fin à "l'effroyable souffrance" et que soit recherchée une solution
de paix.
Le cardinal Sarah, à la tête de Cor Unum, qui coordonne l'ensemble
des mouvements caritatifs de l'Eglise, est resté au Liban jusqu'à samedi, rendant
visite à des réfugiés syriens et présidant à Beyrouth une réunion de coordination
des institutions caritatives catholiques, auxquelles le Saint-Siège a demandé un engagement
particulier en faveur de la population syrienne, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur
du pays. Il était aussi porteur d’une aide financière pour les réfugiés.
Mgr
Zenari, nonce à Damas, confirme une montée de la violence en Syrie
Mgr
Zenari, nonce apostolique à Damas, témoigne : « La tension est allée crescendo en
Syrie ces dernières semaines. Même en s’approchant de Damas, on pouvait constater
au loin des colonnes de fumée, ce qui implique des explosions, on voyait des hélicoptères
qui volaient au-dessus de la ville, des postes de contrôle, etc... » « Mais je dois
dire, explique-t-il, que j’ai ressenti aussi un autre sentiment, différent. Quand
ils voyaient un ecclésiastique, quand j’expliquais que j’étais le représentant du
Pape, j’était très bien accueilli et on me saluait comme l’on fait normalement dans
ce pays, avec ce signe qui littéralement veut dire « soyez comme dans votre pays,
comme chez vous en famille ». « La personne du Saint-Père, son autorité morale, est
très appréciée par les chrétiens mais je dirais aussi par les autorités. »
Mgr
Zenari précise dès lors que les chrétiens sont respectés et appréciés en Syrie. Et
qu’en ce moment le rôle qu’ils peuvent jouer est de construire des ponts. « Avant
même les aides que l’on peut offrir, une grande consolation et une grande aide sont
notre présence, les valeurs de fraternité universelle, de réconciliation, de non-violence,
que comme chrétiens nous cherchons à promouvoir. C’est un signe qui compte, un signe
qui se voit ».
Libérer les coeurs de la haine, de la vengeance
Pour
Mgr Zenari, cette visite la semaine dernière au Liban du Cardinal Sarah, envoyé spécial
du Pape, représente un message de communion, pour tenter de coordonner toutes ces
aides. Et tous ont pris conscience de la nécessité d’une plus grande coordination
entre les différentes agences catholiques internationales et la Caritas locale, les
institutions. Selon lui, durant cette visite au Liban, l’accent a vraiment été
mis surtout sur la réconciliation, la nécessité de faire taire les armes mais aussi
de libérer les cœurs de la haine accumulée, de la vengeance. « C’est un travail très
délicat, qui revient aux différentes religions, pour faire naître dans les cœurs l’esprit
de la réconciliation. »
Mgr Zenari réagit aussi à la nomination de George Sabra,
chrétien, comme nouveau président du Conseil National Syrien. Il aimerait l’interpréter
dans cet esprit de nécessaire dialogue et réconciliation, mais admet qu’il est difficile
d’exprimer pour l’instant un jugement. « Ce que l’on voit ces jours-ci à Doha
pourrait avoir ce résultat positif : chercher à parler d’une seule voix. Cette coordination
est importante, cette plus grande unité parmi l’opposition, pour arriver à un possible
compromis et à dialoguer avec le gouvernement.