Le mariage entre un homme et une femme est « une conquête de la civilisation »
Dans son éditorial hebdomadaire, Octava Dies, le directeur de la Salle de Presse du
Saint-Siège a tenu à rappeler ce samedi la position de l’Eglise sur le mariage monogame,
l’union d’un homme et d’une femme qui représente « une conquête de la civilisation
», alors que dans plusieurs pays les législations sur le mariage sont remises en
question.
Le père Lombardi cite trois exemples « préoccupants ». En France,
le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a adopté un projet de loi favorable au mariage
homosexuel. En Espagne, la Cour Constitutionnelle a rejeté un recours contestant la
législation existante qui parle de conjoint A et B, excluant toute référence entre
la femme et l’homme. Enfin aux Etats-Unis, dans plusieurs Etats des référendums se
sont tenus cette semaine sur la question. Le résultat fut là aussi à la faveur du
mariage homosexuel.
Une tendance « préoccupante » à abandonner la vision
classique du mariage
« Il est donc évident que dans les pays occidentaux,
il y a une tendance répandue à modifier la vision classique du mariage entre un homme
et une femme, ou plutôt à tenter de l'abandonner, supprimant sa reconnaissance légale
spécifique et privilégiée par rapport à d'autres formes d'unions », a affirmé le directeur
de la Salle de presse du Saint-Siège.
« Ce n’est pas une nouveauté, mais cela
ne cesse de nous surprendre », poursuit le père Lombardi qui s’interroge : « est-ce
que cela correspond vraiment au ressenti de la population, parce qu’on n’en distingue
pas bien la logique dans une vision, au long terme, de bien commun ». Ce questionnement
n’est pas le seul fait de l’Eglise. « Le grand rabbin de France l'a relevé dans un
raisonnement de bon sens : il ne s'agit pas, en fait, d'éviter une discrimination
injuste pour les homosexuels, car cela doit et peut être garanti par d'autres moyens
», souligne-t-il dans son éditorial.
Pour que les enfants puissent savoir
et dire qu'ils ont un père et une mère
Pour le père Lombardi, « la question
est d'admettre qu'un mari et une épouse soient reconnus publiquement comme tels, et
que les enfants qui viennent au monde puissent savoir, et dire qu'ils ont un père
et une mère » afin de préserver une vision de la personne et des relations humaines
où « il y a une reconnaissance publique que le mariage monogame entre un homme et
une femme est une conquête de la civilisation ».
« Sinon, se demande le père
Lombardi, pourquoi ne pas également envisager une polygamie librement choisie, et
bien sûr, pour ne pas discriminer, une polyandrie ? » L’Eglise, conclut le directeur
de la Salle de presse du Saint-Siège, ne renoncera pas à proposer une société qui
accorde une « place spécifique » au mariage entre un homme et une femme.
L'Osservatore
Romano demande à la France un délai supplémentaire de réflexion
Déjà,
ce vendredi, l’Osservatore Romano a consacré à ce sujet un éditorial,intitulé
Le courage d’une pensée alternative. Alors que le Conseil des ministres français
venait d’adopter un projet de loi sur le mariage homosexuel, une journaliste du quotidien
du Saint-Siège, Lucetta Scaraffia, a demandé un délai supplémentaire de réflexion
et de débat « avant d’accomplir cette révolution anthropologique, dont les conséquences
ne sont pas quantifiables ». L’éditorialiste parle d’un débat qui en France est
ouvert, où « l’Eglise n’est pas la seule à émettre des doutes », ajoutant ainsi que
cette « nécessité de discussion émise par d’autres montre que l’Eglise n’est pas «
l’ennemi de la modernité » que certains se plaisent à critiquer mais « revêt les habits
de défenseur de l’humain, capable de mettre les personnes en garde contre les mauvais
choix ».