2012-11-10 16:29:26

Dossier : plus d’un Français sur 8 vit avec moins de 964 euros par mois


A cause d'un accident de parcours, professionnel ou personnel, ils perdent leur emploi, un chômage longue durée. Ils n'ont plus assez d'argent et se retrouvent privés de logement. En France, ce sont 8,6 millions de personnes qui vivent chaque mois avec moins de 964 euros, le seuil de pauvreté. Pire depuis la crise, le Secours Catholique note, dans son dernier rapport, une augmentation de la très grande pauvreté. Plus de 2 millions de Français ne disposent que de 640 euros chaque mois.

Qui cela concerne-t-il ? En 2011, le Secours Catholique a aidé 1 422 000 personnes dont 668 000 enfants. Le nombre d'enfants pauvres n'avait pas été si élevé depuis la fin des années 70. Les pauvres, ce sont également les jeunes, un sur cinq, les plus de 55 ans qui ne retrouvent plus d’emploi et de plus en plus de familles, en particulier monoparentales.


Bernard Schrick est le directeur de l'action « France » du Secours Catholique. Il nous explique ce que veut dire être pauvre aujourd’hui. Il est interrogé par Marie Duhamel RealAudioMP3

En dix ans, le secours catholique note un ancrage de la pauvreté. « Alors qu’en 2001, la situation de pauvreté apparaît comme la conséquence immédiate d’une difficulté, soit familiale soit liée à l’emploi, en 2011, pour 65 % des ménages rencontrés, cette situation apparaît installée durablement, c’est-à-dire n’étant pas la conséquence immédiate d’une difficulté », indique la Caritas France. « Les situations de précarité perdurent, se transmettant parfois de génération en génération ».

Construire le vivre ensemble suppose de donner à chacun un capital de confiance

Chaque année, le Secours Catholique apporte une aide d’urgence aux personnes fragiles, mais aussi une aide qualitative, d’accompagnement pour que les plus pauvres puissent se remettre dans une dynamique positive. Aujourd’hui, explique Bernard Schrick, « beaucoup de personnes ont du mal à croire que, oui, demain on peut retrouver un emploi, avoir des minima sociaux pour vivre et non plus survivre ».
En outre, ce travail de confiance peut initier un cercle vertueux. « Les personnes en difficulté ne sont pas des fardeaux, mais une richesse, explique-t-il, et c’est en mobilisant les énergies et la capacité créatrice de ces personnes que l’on peut collectivement s’en sortir. On porte un message d’espérance, mais on peine à le faire entendre, car les gens sont en situation de précarité depuis trop longtemps ».

Le regard de l’autre

Sur son site internet, le Secours Catholique affirme que « l’expérience de la pauvreté est d’autant plus difficile à vivre que le regard s’est durci sur les personnes en difficulté. En ces temps de crise, elles sont les boucs émissaires faciles d’une société fragilisée ». Mais comment aider une personne vulnérable et dépasser la peur que peut provoquer celui qui se trouve en difficulté ? Bernard Schrick estime que seule la rencontre, le dialogue et la connaissance permet d’échapper à une stigmatisation. « Il faut craindre la pauvreté, mais pas les pauvres », affirme-t-il.

Enfin l’association soumet dans son rapport une liste de propositions aux autorités :

- développement de l’offre de formation qualifiante tout au long de la vie.
- renforcement des moyens de Pôle emploi pour l’accompagnement dans la durée des demandeurs d’emploi.
- augmentation du RSA de 25 % durant le quinquennat.
- création d’une allocation de soutien à l’autonomie des jeunes de moins de 25 ans.
- garantie d’un accueil inconditionnel de toute personne, quelle que soit sa situation administrative, tout au long de l’année.
- construction de 500 000 logements par an dont 150 000 logements sociaux.
- mise en place d’un “bouclier énergétique” pour les personnes en difficulté qui concernerait les dépenses de toutes formes d’énergie.
- restauration du droit au travail pour les demandeurs d’asile.







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