L’opposition syrienne peine à se structurer. Alors que les combats se poursuivent
et se durcissent en Syrie, les anti-Assad de l’extérieur ont du mal à s’unir et à
se faire entendre des rebelles armés. C’est pourquoi la réunion actuellement en cours
à Doha au Qatar, sous l’égide du pays hôte et de la Ligue arabe, est déterminante
pour la construction de l’après-Assad.
François Burgat, directeur de l’Institut
français du Proche-Orient à Beyrouth, rappelle que l’opposition souffre de trois maux
: « la population destinée à s’entendre est fractionnée sur plusieurs pays ; ses prétendants
ont une représentativité respective qui n’a été sanctionnée, mesurée et validée par
aucun scrutin et elle opère avec une opposition intérieure qui s’est militarisée et
qui a produit des ressources de légitimité concurrentes ; elle tente de s’unifier
sous la pression des puissances étrangères qui espèrent retrouver leur mise » après
la chute du régime de Bachar al Assad.
Une nouvelle instance de représentation
Les
derniers développements de la rencontre de Doha dessinent peu à peu les contours de
ce que sera la future opposition : une structure fédérant l’ensemble des composantes
de l’opposition afin de lui permettre d’unifier l’action militaire, de canaliser l’aide
humanitaire et d’administrer les zones libérées de la tutelle du régime syrien.
Parmi
ces composantes, le Conseil National Syrien (CNS), principal organe de représentation
à l’extérieur, et lui-même divisé. Sous la pression de la communauté internationale,
il s’est élargi afin d’être plus représentatif et a élu dans la nuit de mercredi à
jeudi un secrétariat général de 41 membres. Il lui faut encore désigner son président
et son bureau exécutif.
Le CNS en panne de légitimité
Créé au
début du conflit, au printemps 2011, le CNS s’est imposé, au moins auprès de la communauté
internationale et dans les médias, comme le principal interlocuteur. Mais si sa visibilité
médiatique est un fait, son poids et son influence réels sur le cour des événements
en Syrie est bien moindre.
« Les liens entre le CNS et l’opposition intérieure
sont très insuffisants » affirme François Burgat, qui a eu l’occasion de s’entretenir
avec des membres de l’ASL, l’Armée Syrienne Libre. « Le CNS a une très mauvaise réputation,
celle d’une assemblée de personnes qui se sont plus occupées de se répartir le pouvoir
que de réfléchir aux moyens de le prendre », poursuit le chercheur.
Dans un
contexte régional marqué par l’essor des courants islamistes, comme en Tunisie et
en Egypte, la présence notamment des Frères musulmans parmi l’opposition pose problème
aux Occidentaux. Mais, selon François Burgat, les difficultés actuelles de l’opposition
syrienne ne viennent pas tant des islamistes que des Kurdes qui réclament « des garanties
d’autonomie dans des régions où ils ne sont même pas démographiquement majoritaires
».
François Burgat, directeur de l’Institut français du Proche-Orient à
Beyrouth interrogé par Olivier Bonnel