2012-11-06 16:16:19

Mgr Mamberti s'exprime sur la violence criminelle contemporaine


Mgr Dominique Mamberti, Secrétaire du Vatican pour les Relations avec les Etats est intervenu ce lundi à la 81ème Session de l’Assemblée générale d’Interpol, réunie sur le thème « la police face aux défis de la violence criminelle contemporaine ».
Soulignant combien « au cours des dernières décennies, le phénomène criminel a connu un essor conséquent tant du point de vue quantitatif que du point de vue de la violence de ses manifestations, l’agressivité et l’atrocité des épisodes s’aggravant dangereusement », Mgr Mamberti reconnaissait que « les activités criminelles s’articulent à un niveau désormais planétaire, avec des systèmes de coordination et selon des pactes criminels qui dépassent les frontières des États. »

La mondialisation est arrivée à modeler la vie criminelle

« Des moyens techniques sophistiqués, des ressources financières considérables, quelquefois d’obscures complicités politiques sont autant d’éléments qui concourent à fournir un appui délétère à des formes organisées de violence extrême. En même temps, le développement des institutions démocratiques a permis d’affiner les techniques de protection de la liberté des individus et les modalités d’un usage proportionné et responsable de la force publique. Malgré cela, il reste toujours une marge de vulnérabilité devant la criminalité la plus atroce dont les manifestations remettent en cause les bases mêmes de la cohabitation civile, en attaquant l’échelle des valeurs sur lesquelles les institutions de l’État moderne sont fondées. »

Prévenir vaut mieux que guérir, avec un regard de vérité sur l’homme.

Mgr Mamberti a insisté sur la prévention que doivent mettre en place les pouvoirs publics. Si ces-derniers n’étaient plus en mesure d’agir de façon préventive dans cette direction, ils verraient par là même s’affaiblir leur propre légitimité. Mais attention : « L’autorité publique tire nécessairement sa propre vitalité et son autorité d’une constante référence à un ordre éthique objectif. Quand l’autorité perd le crédit et la confiance des citoyens et s’appuie seulement sur le formalisme juridique, sur la simple application des règles, sans un regard de vérité sur l’homme, cette autorité devient un géant aux pieds d’argile. »

Les conditions d’un état de droit

Pour que l’état de droit soit en vigueur, il faut que soient réunies, dans un ensemble harmonieux, un certain nombre de conditions : des normes constitutionnelles précises concernant la séparation des pouvoirs et les compétences des divers organes, la transparence des actes de gouvernement, le contrôle juridictionnel exercé par une magistrature indépendante, mais aussi l’existence de voix diverses capables de s’exprimer librement dans l’espace public. Le but est que, en droit comme en fait, toutes les personnes physiques, les institutions publiques et privées, les États et les Organisations internationales soient soumis à la loi, une loi qui doit être « juste et équitable ».

La valeur transcendante de l’homme pour une véritable justice

Au-delà du formalisme, la substance du droit est la justice, ou plutôt ce qui est juste. Aujourd’hui, il n’est pas toujours facile de déterminer quelle est la chose juste, en vue d’établir la norme de droit positif. La Déclaration des Droits de l’homme nous offre une référence importante pour délimiter ce qui est juste, mais elle n’est pas suffisante.
La valeur transcendante de la dignité humaine, enracinée dans la nature même de l’homme et accessible à la raison droite, offre au droit un fondement de stabilité sûre, parce que correspondant à la vérité de l’homme créé par Dieu, et elle permet en même temps que l’état de droit puisse poursuivre son véritable but, qui est la promotion du bien commun. Si, en effet, manque cette référence fondamentale, se créent des risques de déséquilibre : même l’affirmation de l’égalité devant la loi peut servir d’alibi à des discriminations flagrantes et, d’autre part, une affirmation excessive de l’égalité peut donner lieu à un individualisme où chacun revendique ses droits, sans se vouloir responsable du bien commun.

Collaboration entre le pouvoir répressif et les citoyens

La lutte contre toute forme de violence, surtout celle qui se manifeste avec le plus de brutalité, suppose le devoir moral de contribuer à réaliser les conditions pour que celle-ci ne puisse ni naître ni se développer. Ceux qui opèrent au sein des institutions de sécurité publique, comme les forces de police que vous représentez, sont conscients que les premiers anticorps à toute forme de criminalité sont justement les citoyens de chaque pays. C’est dans l’alliance et dans la solidarité entre les citoyens et les forces de l’ordre que se réalise le meilleur bastion de résistance à la criminalité.

Créer les conditions pour une société harmonieuse

Parmi les actions les plus efficaces pour créer un contexte social ordonné au bien commun, figure l’élimination des causes qui provoquent et alimentent des situations d’injustice. Dans ce domaine, Mgr Mamberti rappelle « qu’un rôle fondamental et préventif doit être reconnu à l’éducation inspirée par le respect de la vie humaine en toute circonstance. Sans elle, il est impossible en effet de réaliser un tissu social fort et uni sur les valeurs fondamentales, capable de résister aux provocations de l’extrême violence. »

En ce sens, le lieu primordial où l’homme se construit est la famille. En son sein, les enfants expérimentent la valeur de leur propre dignité transcendante, parce qu’accueillis dans la gratuité prévenante de l’amour réciproque et stable des époux. En son sein, sont pratiquées les premières formes de justice et de pardon, ciment des relations intrafamiliales et base d’une insertion correcte dans la vie sociale.

Le criminel reste une personne

Le criminel, « quelle que soit la gravité des délits commis, demeure toujours une personne humaine, dotée de droits et de devoirs. Ainsi l’Etat « devra dans tous les cas s’abstenir de la pratique des mauvais traitements et des tortures et assurer la sauvegarde des libertés fondamentales dont jouit toute personne. »










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