2012-10-30 10:51:52

NOUVELLE EVANGELISATION: LA PAROLE AUX PERES SYNODAUX AFRICAINS


La tâche que nous nous étions fixés pour cet éditorial était de dresser une liste des principales préoccupations qui ont accompagné les évêques africains venus participer au Synode sur la nouvelle évangélisation. La réponse presque unanime que nous avons eu de tous ceux avec qui nous avons parlé était la suivante: «Nous sommes venus pour écouter, puis nous attendons, nous devons d'abord écouter...»

En ce sens, beaucoup ont demandé de reporter les entretiens à une date ultérieure, peut-être plus proche de la fin de l'événement, afin de pouvoir faire une évaluation des perspectives du Synode et sur la contribution que l'Afrique peut et doit donner pour relever le défi de la nouvelle évangélisation.

Tous les évêques interpellés ont souligné, cependant, que l'Église en Afrique est actuellement impliqué dans la recherche de la meilleure façon pour mettre en œuvre l'exhortation post-synodale "Africae munus", en soulignant que les défis de la paix, de la justice et réconciliation sont le plus urgent pour le continent africain aujourd'hui.

Comment annoncer l'Evangile de la paix, de la justice et de la réconciliation, dans un contexte culturel dominé par une culture de haine, de violence, de l'oppression, de la pauvreté, mais aussi de la grande effervescence de la foi et l'espérance?

Le problème reste celui de l'inculturation de l'Évangile et le chrétien (thème principal du Concile Vatican II et du Synode de 1994) en vue de la libération à travers la paix, la justice, la réconciliation, dans l'esprit de la nouvelle évangélisation. Toutefois, le mot même de «nouvelle évangélisation» reste un concept encore à définir.

Pour les évêques africains, il est clair qu'une rencontre avec le Successeur de Pierre dans cette Assemblée synodale sur la nouvelle évangélisation, au début de l'année de la foi, fait partie du projet global visant à l'inculturation de l'Evangile, qui est l'un des grands défis de l'Eglise dans son ensemble.

L’exigence de l’inculturation de l’Evangile, de la foi et de la mission ne se limite pas aux Églises des régions appelées traditionnellement terre de mission. C'est aussi un défi pour l'évêque de Rome, qui doit donner l'exemple de l'inculturation du christianisme dans les changements historiques et culturels de notre temps, cinquante ans après le Concile Vatican II.

En ce sens, le projet d'inculturation fait partie de la fonction critique de l'Evangile de Jésus-Christ libérateur dans le monde moderne. En occident, après deux mille ans d'histoire chrétienne et cinquante ans après le Concile Vatican II, il s'avère que la foi est réduite à un acte purement individuel ou un débat purement politique. En outre, on éprouve une certaine difficulté à reconnaître, par exemple, les racines chrétiennes des cultures européennes modernes.

Ce n'est pas un hasard si le Pape Benoit XVI a convoqué cette Assemblée synodale. Le Pape Benoît XVI a participé au Concile Vatican II; il a également été le plus proche collaborateur de Jean-Paul II. Il s’ajoute, cependant, dans ce nouveau défi de la nouvelle évangélisation que cette tâche soit accomplie dans l'esprit d'un mot qui pendant des décennies avait disparu du contexte ecclésiologique: le concept de co-responsabilité au sein de l’Eglise. Afin que nous puissions donner au monde le signe de l'Église comme une maison, un lieu d'écoute, de dialogue et de joyeuse liberté des enfants de Dieu: un miroir pour l'humanité; une «famille des nations» selon le Pape Jean- Paul II.

Vers la fin de son pontificat et au seuil du nouveau millénaire de l’ère chrétienne,
le Pape Jean-Paul II a appelé les chrétiens à relever ce défi de la foi pour «Faire de l'Église la maison et l'école de la communion».

Dans le domaine de l'inculturation, les églises d'Afrique et d'Asie ont beaucoup à donner. Cependant, il reste une question cruciale pour les Eglises d’antiques traditions pour lesquelles le paradigme de l'inculturation et de la construction de l'identité chrétienne se référaient uniquement aux «églises de mission» appelées actuelles à être disponibles à l'écoute dans un esprit de co-responsabilité dans un contexte d’égalité de dignité des enfants de Dieu, créés à l'image et à la ressemblance même de Dieu.

Notre souhait est que ce Synode puisse régénérer la prise de conscience que, en tant qu'êtres humains, Dieu a doté chacun de nous de deux oreilles, deux yeux et une bouche: nous devons apprendre à écouter dans un esprit de responsabilité partagée, en tenant compte du fait que la parole est toujours créatif et que nos paroles sont comme l'eau et le sang: une fois versés, ils ne peuvent être ramassés.

Le drame de la foi aujourd'hui, c'est justement la perte du sens du langage.
De ce point de vue, l'Église, comme on dit André Manaranche et Jean-Marc Ela, est invitée à examiner attentivement ce qu'elle a à dire, et de parler avec modestie mais aussi avec une profonde conviction de la foi en Jésus-Christ Libérateur.

Edité par Filomeno Lopes, de la rédaction portugaise pour l'Afrique de Radio Vatican







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