2012-10-26 08:36:31

La trêve en Syrie rompue dès les premières heures


En Syrie, les apparitions du chef de l’état sont rares. Quelques jours après les images immortalisant sa rencontre avec le médiateur international Lakdhar Brahimi à Damas, la télévision officielle a montré, ce vendredi matin, Bachar Al Assad priant dans une mosquée de la capitale, assis en tailleur, souriant et décontracté.

Il prie alors que débute la trêve âprement négociée par l’émissaire de l’ONU. Pendant quatre jours, à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha, l’armée et les rebelles syriens ont accepté de suspendre les combats, chaque partie se réservant toutefois le droit de riposter en cas de violation de la trêve.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, le calme règne pour l’instant en Syrie, mais des combats ont eu lieu la nuit dernière dans la région de Damas, à Alep et dans le centre du pays près de la frontière libanaise.

«Une petite lueur d’espoir»

L'Iran, allié majeur du régime syrien dans la région, a salué cette trêve la qualifiant de «pas positif». Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, «la volonté affichée par les deux parties de respecter une trêve pendant la fête musulmane du sacrifice est une petite lueur d'espoir pour la population syrienne éprouvée par les souffrances, et un succès du médiateur international Lakdhar Brahimi. Ce qui est maintenant primordial, poursuit Guido Westerwelle, c'est que les actes suivent les paroles et que le cessez-le-feu soit effectivement appliqué dès vendredi matin.»

Ce n’est pas la première fois que les Nations Unies tentent de faire taire les armes en Syrie. Le 12 avril dernier, un cessez-le-feu négocié par Kofi Annan, le prédécesseur de Lakdhar Brahimi, n’avait duré que quelques heures. Aujourd’hui, si elle venait à être respectée, il s'agirait de la première trêve mise en œuvre sur le terrain après plus de 19 mois de violences.

550 tonnes d’aide pourraient être acheminées

En cas de trêve, le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés, le HRC, s’est dit prêt à envoyer 550 tonnes de colis d’aide à des milliers de familles syriennes, se trouvant notamment dans des endroits restés jusqu’à présent inaccessibles.

Ce vendredi, si la plupart des habitants d’Alep sont sceptiques, selon l’Agence France Presse, des familles du quartier rebelle de Salaheddine profitent néanmoins de ces quelques heures d’accalmie pour récupérer des habits chauds et des couvertures dans leur domicile afin d’affronter l’hiver. Il y a plusieurs semaines maintenant, ils avaient du fuir leur résidence en raison des bombardements et des combats.

Un prêtre retrouvé mort à Damas

Le cadavre du Père Fadi Jamil Haddad, prêtre grec orthodoxe, curé de Saint-Elie à Qatana, a été retrouvé ce jeudi. Il gisait dans le quartier de Jaramana, au nord de Damas, non loin du lieu où il a été enlevé le 19 octobre par un groupe armé non identifié. «Son corps était horriblement supplicié. Il a été scalpé et ses yeux arrachés», a raconté un confrère grec orthodoxe en larmes à l’agence missionnaire "Fides". C’est un acte de pur terrorisme. Le Père Haddad est un martyr de notre Eglise».
Quant à la responsabilité de l’acte, un jeu de ping-pong se déroule entre les forces de l’opposition, qui accusent les milices proches du régime, et les autorités gouvernementales, qui rejettent la faute sur les bandes armées de l’entourage de la rébellion armée. Les ravisseurs avaient demandé à la famille du prêtre et à son Eglise une rançon de 50 millions de livres syriennes (plus de 550’000 euros), selon des sources de "Fides". Il a été impossible de trouver la somme et de satisfaire à leur demande.

Parmi les diverses communautés chrétiennes présentes en Syrie, la communauté grecque orthodoxe est la plus nombreuse avec 500’000 fidèles environ. Elle se concentre principalement à l’ouest du pays et à Damas.

(Avec Afp, Fides et Apic)

Photo : Prière d'une femme alaouite réfugiée dans la province turque de Hatay, à la frontière avec la Syrie.







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