En Syrie, les apparitions du chef de l’état sont rares. Quelques jours après les images
immortalisant sa rencontre avec le médiateur international Lakdhar Brahimi à Damas,
la télévision officielle a montré, ce vendredi matin, Bachar Al Assad priant dans
une mosquée de la capitale, assis en tailleur, souriant et décontracté.
Il
prie alors que débute la trêve âprement négociée par l’émissaire de l’ONU. Pendant
quatre jours, à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha, l’armée et les rebelles
syriens ont accepté de suspendre les combats, chaque partie se réservant toutefois
le droit de riposter en cas de violation de la trêve.
Selon l'Observatoire
syrien des droits de l'homme, le calme règne pour l’instant en Syrie, mais des combats
ont eu lieu la nuit dernière dans la région de Damas, à Alep et dans le centre du
pays près de la frontière libanaise.
«Une petite lueur d’espoir»
L'Iran,
allié majeur du régime syrien dans la région, a salué cette trêve la qualifiant de
«pas positif». Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, «la volonté affichée
par les deux parties de respecter une trêve pendant la fête musulmane du sacrifice
est une petite lueur d'espoir pour la population syrienne éprouvée par les souffrances,
et un succès du médiateur international Lakdhar Brahimi. Ce qui est maintenant primordial,
poursuit Guido Westerwelle, c'est que les actes suivent les paroles et que le cessez-le-feu
soit effectivement appliqué dès vendredi matin.»
Ce n’est pas la première fois
que les Nations Unies tentent de faire taire les armes en Syrie. Le 12 avril dernier,
un cessez-le-feu négocié par Kofi Annan, le prédécesseur de Lakdhar Brahimi, n’avait
duré que quelques heures. Aujourd’hui, si elle venait à être respectée, il s'agirait
de la première trêve mise en œuvre sur le terrain après plus de 19 mois de violences.
550
tonnes d’aide pourraient être acheminées
En cas de trêve, le Haut Commissariat
de l’ONU pour les Réfugiés, le HRC, s’est dit prêt à envoyer 550 tonnes de colis d’aide
à des milliers de familles syriennes, se trouvant notamment dans des endroits restés
jusqu’à présent inaccessibles.
Ce vendredi, si la plupart des habitants d’Alep
sont sceptiques, selon l’Agence France Presse, des familles du quartier rebelle de
Salaheddine profitent néanmoins de ces quelques heures d’accalmie pour récupérer des
habits chauds et des couvertures dans leur domicile afin d’affronter l’hiver. Il y
a plusieurs semaines maintenant, ils avaient du fuir leur résidence en raison des
bombardements et des combats.
Un prêtre retrouvé mort à Damas
Le
cadavre du Père Fadi Jamil Haddad, prêtre grec orthodoxe, curé de Saint-Elie à Qatana,
a été retrouvé ce jeudi. Il gisait dans le quartier de Jaramana, au nord de Damas,
non loin du lieu où il a été enlevé le 19 octobre par un groupe armé non identifié.
«Son corps était horriblement supplicié. Il a été scalpé et ses yeux arrachés», a
raconté un confrère grec orthodoxe en larmes à l’agence missionnaire "Fides". C’est
un acte de pur terrorisme. Le Père Haddad est un martyr de notre Eglise». Quant
à la responsabilité de l’acte, un jeu de ping-pong se déroule entre les forces de
l’opposition, qui accusent les milices proches du régime, et les autorités gouvernementales,
qui rejettent la faute sur les bandes armées de l’entourage de la rébellion armée.
Les ravisseurs avaient demandé à la famille du prêtre et à son Eglise une rançon de
50 millions de livres syriennes (plus de 550’000 euros), selon des sources de "Fides".
Il a été impossible de trouver la somme et de satisfaire à leur demande.
Parmi
les diverses communautés chrétiennes présentes en Syrie, la communauté grecque orthodoxe
est la plus nombreuse avec 500’000 fidèles environ. Elle se concentre principalement
à l’ouest du pays et à Damas.
(Avec Afp, Fides et Apic)
Photo : Prière
d'une femme alaouite réfugiée dans la province turque de Hatay, à la frontière avec
la Syrie.