2012-10-23 16:45:43

"La révolution hongroise, un exemple de l'unité d'un peuple"


Deux manifestations géantes devaient avoir lieu mardi à Budapest, en Hongrie : partisans et adversaires du Premier ministre hongrois Viktor Orban devaient mesurer leurs forces, sur fond de mécontentement grandissant vis-à-vis de la politique du gouvernement conservateur.

Les deux camps pensent réunir environ 100.000 sympathisants chacun lors de rassemblements parallèles qui se tiennent ce mardi 23 octobre. Une date symbolique : jour de la fête nationale hongroise, elle marque l'insurrection de Budapest de 1956.

Le cardinal Peter Erdo, archevêque de Esztergom-Budapest, revient sur cette journée. Quelles sont les valeurs de la révolution hongroise de 1956 encore valide aujourd'hui, dans une Europe qui vient de recevoir le prix Nobel de la paix ?

Le cardinal Erdo répond à notre confrère de la rédaction hongroise, Marta Vertse : RealAudioMP3

Le 23 octobre est le jour anniversaire du soulèvement hongrois contre le régime communiste en 1956 réprimé dans le sang par Moscou.

"Ce 23 octobre n'aura rien à voir avec 1956, mais il sera le théâtre de deux grandes démonstrations de force : l'une pour le gouvernement, et l'autre pour ceux qui en ont assez de ce qu'Orban fait avec le pays", écrit le premier journal du pays, Nepszabadsag (centre-gauche), sur son édition online.

La journée est marquée par le retour sur la scène politique de l'ancien Premier ministre Gordon Bajnai (sans étiquette), considéré comme un rival sérieux de Viktor Orban pour les élections législatives de 2014.

Il doit prononcer un discours très attendu au cours de la manifestation de l'association "Milla" ("Un million pour la liberté de la presse"), mouvement civil qui a dans le passé réussi à mobiliser des dizaines de milliers de personnes contre la politique d'Orban.

Gordon Bajnai, une "alternative à Viktor Orban"

"Son discours sera une excellente occasion pour lui de se positionner comme une alternative à Orban", souligne index, l'un des portails les plus visités de Hongrie, de tendance libérale. "Mais il est peu probable qu'il dévoile ses plans pour 2014. Il est trop prudent pour cela", ajoute le site dans un éditorial mardi.

Les socialistes n'ont pas prévu d'événement séparé et ont demandé à leurs partisans de se joindre au rassemblement de "Milla". Le parti de droite au pouvoir Fidesz n'organise pas non plus, du moins officiellement, de manifestation pour son chef, mais ses sympathisants sont invités à se joindre au "Békemenet" ("Marche de la paix"), financée par des hommes d'affaires et des journalistes proches du pouvoir.

Pour s'assurer que les rangs seront bien remplis, ils feront de nouveau venir des participants par cars entiers des quatre coins du pays, ainsi que d'Etats voisins où vit une minorité hongroise importante comme la Slovaquie ou la Roumanie.

Un Orban terni, une Hongrie en récession

Après son élection triomphale en 2010, qui lui a permis d'obtenir une majorité des deux tiers au parlement, l'étoile de Viktor Orban, 49 ans, s'est nettement ternie au fur et à mesure que les conditions économiques se sont détériorées.

La Hongrie est entrée en récession au deuxième trimestre, le chômage augmente régulièrement (10,4% de la population active fin août). La population est lasse de la multitude de nouvelles taxes introduites par le gouvernement pour boucher les trous du budget. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) a été relevée à 27% début 2012, soit le niveau le plus élevé de l'Union européenne (UE).

Résultat: les socialistes ont récemment remporté deux élections municipales, ce qui ne leur était pas arrivé depuis l'accession d'Orban au pouvoir. Dans le dernier sondage de l'institut Sonda-Ipsos, ils recueillent 16% des intentions de vote et se rapprochent du Fidesz (20%).

Gordon Bajnai, 44 ans, a dirigé le pays brièvement entre 2009 et 2010. Il a appliqué avec succès les mesures d'austérité imposées par le Fonds monétaire international (FMI) en échange d'un prêt de 20 milliards d'euros qui avait permis à la Hongrie d'échapper à la faillite.

Une éventuelle candidature de cet économiste de formation n'ira pas sans peine, tant l'opposition reste divisée dans le pays. Il pourrait créer son propre parti ou chercher à intégrer une coalition rassemblant les forces de la gauche.

Peut-être que le temps n'est pas encore venu de s'associer formellement, souligne le Nepszabadsag, "mais il faut aussi reconnaître qu'il n'est plus temps de se disputer".

Radio Vatican, avec AFP

(Photo : le Cardinal Peter Erdo lors du Synode, au Vatican)







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