"La révolution hongroise, un exemple de l'unité d'un peuple"
Deux manifestations géantes devaient avoir lieu mardi à Budapest, en Hongrie : partisans
et adversaires du Premier ministre hongrois Viktor Orban devaient mesurer leurs forces,
sur fond de mécontentement grandissant vis-à-vis de la politique du gouvernement conservateur.
Les
deux camps pensent réunir environ 100.000 sympathisants chacun lors de rassemblements
parallèles qui se tiennent ce mardi 23 octobre. Une date symbolique : jour de la fête
nationale hongroise, elle marque l'insurrection de Budapest de 1956.
Le cardinal
Peter Erdo, archevêque de Esztergom-Budapest, revient sur cette journée. Quelles sont
les valeurs de la révolution hongroise de 1956 encore valide aujourd'hui, dans une
Europe qui vient de recevoir le prix Nobel de la paix ?
Le cardinal Erdo
répond à notre confrère de la rédaction hongroise, Marta Vertse :
Le 23 octobre
est le jour anniversaire du soulèvement hongrois contre le régime communiste en 1956
réprimé dans le sang par Moscou.
"Ce 23 octobre n'aura rien à voir avec 1956,
mais il sera le théâtre de deux grandes démonstrations de force : l'une pour le gouvernement,
et l'autre pour ceux qui en ont assez de ce qu'Orban fait avec le pays", écrit le
premier journal du pays, Nepszabadsag (centre-gauche), sur son édition online.
La
journée est marquée par le retour sur la scène politique de l'ancien Premier ministre
Gordon Bajnai (sans étiquette), considéré comme un rival sérieux de Viktor Orban pour
les élections législatives de 2014.
Il doit prononcer un discours très attendu
au cours de la manifestation de l'association "Milla" ("Un million pour la liberté
de la presse"), mouvement civil qui a dans le passé réussi à mobiliser des dizaines
de milliers de personnes contre la politique d'Orban.
Gordon Bajnai, une
"alternative à Viktor Orban"
"Son discours sera une excellente occasion
pour lui de se positionner comme une alternative à Orban", souligne index, l'un des
portails les plus visités de Hongrie, de tendance libérale. "Mais il est peu probable
qu'il dévoile ses plans pour 2014. Il est trop prudent pour cela", ajoute le site
dans un éditorial mardi.
Les socialistes n'ont pas prévu d'événement séparé
et ont demandé à leurs partisans de se joindre au rassemblement de "Milla". Le parti
de droite au pouvoir Fidesz n'organise pas non plus, du moins officiellement, de manifestation
pour son chef, mais ses sympathisants sont invités à se joindre au "Békemenet" ("Marche
de la paix"), financée par des hommes d'affaires et des journalistes proches du pouvoir.
Pour
s'assurer que les rangs seront bien remplis, ils feront de nouveau venir des participants
par cars entiers des quatre coins du pays, ainsi que d'Etats voisins où vit une minorité
hongroise importante comme la Slovaquie ou la Roumanie.
Un Orban terni,
une Hongrie en récession
Après son élection triomphale en 2010, qui lui
a permis d'obtenir une majorité des deux tiers au parlement, l'étoile de Viktor Orban,
49 ans, s'est nettement ternie au fur et à mesure que les conditions économiques se
sont détériorées.
La Hongrie est entrée en récession au deuxième trimestre,
le chômage augmente régulièrement (10,4% de la population active fin août). La population
est lasse de la multitude de nouvelles taxes introduites par le gouvernement pour
boucher les trous du budget. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) a été relevée à 27%
début 2012, soit le niveau le plus élevé de l'Union européenne (UE).
Résultat:
les socialistes ont récemment remporté deux élections municipales, ce qui ne leur
était pas arrivé depuis l'accession d'Orban au pouvoir. Dans le dernier sondage de
l'institut Sonda-Ipsos, ils recueillent 16% des intentions de vote et se rapprochent
du Fidesz (20%).
Gordon Bajnai, 44 ans, a dirigé le pays brièvement entre 2009
et 2010. Il a appliqué avec succès les mesures d'austérité imposées par le Fonds monétaire
international (FMI) en échange d'un prêt de 20 milliards d'euros qui avait permis
à la Hongrie d'échapper à la faillite.
Une éventuelle candidature de cet économiste
de formation n'ira pas sans peine, tant l'opposition reste divisée dans le pays. Il
pourrait créer son propre parti ou chercher à intégrer une coalition rassemblant les
forces de la gauche.
Peut-être que le temps n'est pas encore venu de s'associer
formellement, souligne le Nepszabadsag, "mais il faut aussi reconnaître qu'il n'est
plus temps de se disputer".
Radio Vatican, avec AFP
(Photo : le Cardinal
Peter Erdo lors du Synode, au Vatican)