Après les plateaux télé, dernière ligne droite vers la présidence américaine
Après leur ultime débat, qui ne devrait avoir qu'un impact marginal sur le choix des
électeurs, Barack Obama et Mitt Romney vont porter dans les deux dernières semaines
la bataille pour la Maison Blanche sur le terrain, dans une dizaine d'Etats décisifs.
Bien
que le président américain ait profité de sa position de commandant en chef pour souligner
l'inexpérience de Mitt Romney, plusieurs experts interrogés par l'AFP estiment que
le débat, sur un thème qui intéresse traditionnellement peu les Américains, devrait
avoir un impact limité sur la dernière ligne droite dans laquelle chaque candidat
va employer les grands moyens.
"Tout dépend de la mobilisation des électeurs,
et de la capacité de chaque camp dans les deux dernières semaines à frapper à chaque
porte", estime Christopher Arterton, professeur à l'Université George Washington.
"Tout
va dépendre des opérations de terrain, encore plus que de la publicité", ajoute-t-il.
"Il y a tellement de publicité que l'influence marginale de chaque dollar dépensé
en publicité est très réduite".
Mitt Romney et le parti républicain disposaient
fin septembre d'un avantage financier conséquent avec 146 millions de dollars de trésorerie,
contre seulement 104 pour Barack Obama et les démocrates.
A dépenser en seulement
deux semaines, ces sommes excèdent largement la totalité des dépenses du républicain
John McCain en 2008 dans les deux mois qui ont séparé son investiture de l'élection
(84 millions, montant du financement public plafonné qu'il avait alors accepté).
L'électorat
féminin sera le plus disputé de ces deux dernières semaines, après un rattrapage de
Mitt Romney dans cette catégorie en octobre, à l'aune d'un recentrage sur plusieurs
questions de société et économiques.
Lundi soir lors du débat, les candidats
ont multiplié les réponses ciblant les femmes et l'économie, au risque d'apparaître
hors sujet.
Tout pourrait dépendre "d'un seul Etat"
"Romney avait
une stratégie intéressante, qui consistait à être d'accord avec Obama sur plusieurs
points, peut-être car il ne voulait pas paraître conflictuel, et il a souvent changé
le sujet de la politique étrangère vers la politique intérieure", analyse Dotty Lynch,
professeur à l'American University.
"Il a réussi à montrer qu'il n'était pas
le dangereux conservateur qu'Obama tentait de dépeindre", estime Christopher Arterton,
pour qui "Obama a réussi à continuer à s'adresser aux femmes grâce à ce débat".
Déjà
saturés de publicités politiques dans certaines villes, les espaces publicitaires
des télévisions vont être pris d'assaut, des chaînes nationales aux plus petites chaînes
du câble, et selon Dotty Lynch avec un ciblage particulier pour les femmes et les
ouvriers.
Plus discrètement, dans les Etats clés comme la Virginie, l'Ohio,
la Floride et le Wisconsin, des milliers de bénévoles et salariés maillent déjà les
quartiers pour inciter les électeurs à voter dès aujourd'hui, par correspondance ou
en personne dans certains Etats.
Plus de 4,5 millions d'électeurs ont ainsi
déjà voté, selon des chiffres officiels compilés par l'expert Michael McDonald, à
l'Université George Mason. Historiquement, les démocrates ont un avantage sur ces
opérations. Mardi matin, le vote anticipé sera possible dans les cinquante Etats américains
et le District de Columbia, siège de la capitale.
"A ce jour, la course est
si serrée qu'on peut imaginer que tout finisse par dépendre d'un seul Etat", conclut
Charles Franklin, cofondateur du site Pollster.com, qui rappelle qu'en 2004, il avait
fallu attendre le lendemain de l'élection pour connaître les résultats définitifs
de l'Ohio, et donc la victoire de George W. Bush.
AFP
(Photo : Mitt
Romney et Barack Obama lors du troisième et dernier débat télévisé, le lundi 22 octobre,
en Floride)