Gros plan : la lassitude des Malgaches face à une crise interminable
Depuis février 2009, la Grande Ile vit au ralenti. La crise politique qui a éclaté
il y a trois ans et demi entre le président Marc Ravalomanana et le maire d’Antananarivo
Andry Rajoelina n’a toujours pas trouvé d’issue. A l’époque, le jeune maire de la
capitale s’est opposé ouvertement et frontalement au chef de l’Etat. Après des affrontements
entre partisans de l’opposant et membres de la garde présidentielle qui firent une
trentaine de morts le 7 février, le pays n’a pas retrouvé de stabilité politique.
Marc Ravalomanana fut contraint à l’exil et Andry Rajoelina s’est autoproclamé chef
de la Haute Autorité de la Transition (HAT). Le premier n’a cessé depuis de contester
la légitimité du second.
Devant l’enlisement de la crise politique, la communauté
internationale a tenté d’intervenir pour aider les différents camps à s’entendre et
à ramener l’ordre. Mais les différentes médiations menées notamment par la SADC, la
Communauté de développement de l’Afrique australe, n’ont abouti à rien de concret,
les accords passés n’étant pas appliqués. Les Malgaches vivent dans une période incertaine,
et les conséquences sur la sécurité, sur l’économie et la société se font de plus
en plus lourdes et néfastes.
Le frère Norbert, témoin de la crise politique
Les
Malgaches sont ainsi les premières victimes d’une lutte pour le pouvoir qui n’en finit
pas et qui laisse en suspens tous les problèmes d’une société fragile. Témoin de cette
situation, le frère capucin Norbert Auberlin Solondrazana nous confirme que la population
se lasse de cette impasse et aspire à plus de stabilité. Vivant dans une paroisse
d’Antananarivo, il côtoie au quotidien les Malgaches et se rend compte de la détérioration
de leurs conditions de vie : insécurité croissante, en ville comme à la campagne,
baisse du pouvoir d’achat, grèves à répétition, difficultés économiques qui poussent
certains parents n’ayant plus les moyens à ne plus envoyer leurs enfants à l’école.
Au micro de Xavier Sartre, il revient sur la crise politique et ses
conséquences, sur son action quotidienne en tant que capucin et sur le rôle que pourrait
jouer l’Eglise catholique dans ce conflit
(photo
: manifestation de l'opposition le 19 mai 2012 dans le centre d'Antananarivo, la capitale
de Madagascar)