La Terre Sainte et la doctrine sociale au coeur de la 9e congrégation du synode
Les travaux du synode des évêques sur la nouvelle évangélisation se poursuivent. Le
synode dure depuis bientôt une semaine. Samedi 13 octobre, 26 interventions ont eu
lieu lors de la 9ème congrégation générale. Les discussions se sont ouvertes sur le
rôle de Jérusalem dans la nouvelle évangélisation. Pour être moderne et efficace -
ont affirmé les pères synodaux - cette dernière doit redémarrer de la Terre Sainte,
mémoire collective vivante de l’histoire de Jésus. Le patriarche latin de Jérusalem,
Mgr Fouad Twal a évoqué les agressions qui visent régulièrement les lieux saints,
et rappelé que le dialogue interreligieux devait être fondé sur le respect. Ces lieux
saints ont besoin de pèlerins a rappelé le patriarche. La foi doit abattre les murs
et construire des ponts ont répété les évêques demandant au monde de ne pas oublier
les chrétiens d’Orient, et à ceux-ci de ne pas avoir peur. Parce que la foi n’appartient
pas à une idéologie qui porte à la violence mais au contraire elle aide à consolider
un sentiment de fraternité entre tous.
La doctrine sociale de l’Eglise élément
essentiel de la nouvelle évangélisation
Les évêques se sont également penchés
sur des dossiers d’actualité italienne. Le cas de l’usine sidérurgique Ilva à Tarente,
dans la région des Pouilles a été évoqué samedi 13 octobre. Les installations risquent
la fermeture car l’usine est jugé trop polluante par la justice italienne. Plusieurs
milliers d’emploi sont menacés, d’autres sont atteintes de cancers. Pour les évêques,
c’est une crise profonde, sociale et humaine qui émerge d’un modèle de développement
économique injuste estiment les participants au synode. C’est dans cette optique que
l’assemblée rappelle l’importance de la doctrine sociale de l’Eglise, élément essentiel
d’évangélisation parce que l’annonciation du Christ est le principal facteur de développement,
de justice et de paix.
« L’avarice et la cupidité ont brisé les liens
entre les travailleurs et la richesse qu’ils produisent »
Mgr François
Lapierre, évêque de Saint-Hyacinthe au Québec, a proposé que le synode donne plus
d’importance à la doctrine sociale de l’Église. Selon lui, la nouvelle évangélisation
doit rappeler ce lien intime qui existe entre l’annonce de l’Evangile et le service
de la justice et de la paix. « La crise économique actuelle nous fait découvrir
comment l’avarice et la cupidité ont brisé les liens entre les travailleurs et la
richesse qu’ils produisent (…). Dans ce contexte, il est très important que l’Eglise
n’apparaisse pas uniquement comme une lourde institution qui offre des services religieux,
mais comme une fraternité, un corps, le corps du Christ » a-t-il souligné.
Foi
et modernité
Le patriarche de Venise, Mgr Francesco Moraglia a souligné
combien la nouvelle évangélisation mettait en complémentarité la foi et la raison.
L’impression, a-t-il dit, est que « le catholique moyen nourrit parfois une sorte
de complexe d’infériorité quand il est confronté à la modernité et à la postmodernité
». Il est donc nécessaire de développer la dimension culturelle de la foi, afin
que les croyants se sentent partie prenante de l’histoire.
L’Eglise du
XXIème siècle souffre des pesanteurs de l’Église médiévale européenne
Autre
intervention remarquée, celle de Mgr Nicolas Foskolos, l’archevêque catholique d’Athènes,
qui a regretté que l’Eglise du XXIème siècle souffre parfois encore des pesanteurs
de l’Église médiévale européenne. Sans remettre en question la doctrine, ni de la
tradition, l’archevêque d’Athènes a invité l’Église à se faire plus « svelte », et
à ne pas se perdre « dans l’accumulation des choses inutiles ». « C’est en cessant
d’apparaitre parfois comme un pouvoir mondial ou occidental que l’Eglise d’aujourd’hui,
sur le modèle de l’Église primitive, saura toucher les non-croyants et non-catholiques
» a-t-il souligné.
La communauté chrétienne doit « s'exposer
au regard de la société »
L’Eglise ne doit pas craindre de se montrer
au monde ! Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, en France, a pris la parole
dans la salle du Synode cette semaine pour inciter l’ensemble de la communauté chrétienne
à « s'exposer au regard de la société ». Devant l’ensemble des participants
au synode il a souhaité que l’Eglise soit, « dans ses institutions, ses finances,
un témoin audible et crédible ». « Mais, a-t-il précisé, rêver d’un retour à la chrétienté
est un leurre, une illusion et repose sur la sacralisation d’une forme historique
de la présence de l’Eglise catholique ». Mgr Pascal Wintzer, a également mis en
garde contre un discours communautaire. « Il me semble dangereux et faux a-t-il
déclaré s’il est le seul dans lequel nous nous situons ». « Parmi ceux qui suivent
le Seigneur, dans l’Evangile, il y a les disciples, mais il y a aussi les foules.
Les évêques ne peuvent s’adresser qu’au seul premier groupe, ils parlent à tous, particulièrement
aux autres. »
Hélène Destombes a rencontré Mgr Wintzer. Entretien