Synode : pour l'archevêque de Canterbury, "il faut se ré-évangéliser soi-même"
Tandis que s'ouvre l'Année de la Foi ce jeudi 11 octobre, les pères synodaux doivent
se réunir l'après-midi pour la sixième congrégation général du Synode sur la Nouvelle
Evangélisation.
Mercredi soir, ces derniers ont accueilli Mgr Rowan Williams,
l’archevêque de Canterbury, venu illustrer le synode du point de vue anglican. Son
intervention a été perçue comme une lueur d’espoir.
Les précisions de Marie
Duhamel :
Alors que
les pères synodaux s’interrogent sur la transmission de la foi « dans un monde marqué
par un oubli de Dieu et une surdité à son égard », selon l’expression de Benoît XVI
mercredi 10 octobre, lors de l’audience générale, Rowan Williams, l'archevêque de
Canterbury, a proposé le même jour de prendre de la distance par rapport aux craintes
que peuvent représenter la sécularisation ou même le fondamentalisme religieux.
Pour
le primat de l’Eglise anglicane, l’évangélisation, vieille ou nouvelle, doit prendre
ses racines dans cette confiance profonde : que l’on ait un destin humain à montrer
et à partager avec le monde. A ces fins, il faut se concentrer sur sa foi, « se ré-évangéliser
soi-même » : être contemplatif pour accueillir en nos cœurs ce que le Père veut y
placer pour pouvoir être transfiguré par Lui et faire rayonner Sa gloire.
La
contemplation, l’oubli de soi pour accueillir Dieu et son prochain, représente l’unique
réponse au monde « irréel et fou auquel nos systèmes financiers, notre culture publicitaire
et nos émotions chaotiques et non contrôlées nous habituent. » Vivre de manière contemplative
est un acte « profondément révolutionnaire », parce que cela veut apprendre ce qui
sert pour vivre dans la fidélité, l’honnêteté et d’amour.
« Le visage que
le chrétien veut montrer au monde est marqué par la justice et l’amour, assure-t-il,
il formé par la contemplation, la discipline du silence et la capacité de se détacher
des objets qui nous rendent esclaves et des instincts qui peuvent nous décevoir ».
Avec cette recherche, poursuit l’archevêque de Canterbury, il ne s’agit pas d’une
« expérience privé de religion qui nous rendrait plus sûr de nous », il s’agit, en
se tournant ainsi vers le Seigneur et en s’oubliant, d’apprendre à se regarder les
uns les autres, à regarder les créations de Dieu.
Rowan Williams évoque enfin,
fraternel, l’œcuménisme spirituel. Au delà des divisions d’institution et de spiritualité,
cela devrait être perçu, dit-il, « comme une recherche commune pour nourrir et alimenter
les disciplines de la contemplation dans l’espoir de dévoiler le visage de cette nouvelle
humanité » afin de rendre « attractif » l’Evangile aux hommes de notre temps, dans
la joie de la communion. Plus nous nous tenons à distance entre chrétiens, moins notre
visage sera convaincant, a-t-il conclu hier. Ce message n’a pas laissé les pères synodaux
indifférents mercredi soir. Nombre d’entre eux ont remercié le Primat anglican pour
son intervention.
Après sa prise de parole en salle du Synode, l’archevêque
de Canterbury s’est entretenu pendant un long moment avec le Pape.
(Photo :
Mgr Rowan Williams, archevêque de Canterbury, reçu par le Pape après sa prise de parole
lors de la cinquième congrégation générale du Synode sur la Nouvelle Evangélisation,
mercredi soir)