Assise : La crise économique s'invite au Parvis des Gentils
Une nouvelle édition du Parvis des Gentils s’est achevée ce samedi soir dans la ville
de Saint François en Italie. Du couvent à la basilique supérieure, les lieux les plus
symboliques de la ville d’Assise, en Ombrie, ont été le théâtre de deux jours de réflexion
autour du thème « Dieu, cet inconnu – dialogue entre croyants et non croyants ».
Quarante religieux et laïcs ont ainsi débattu sur des sujets spirituels culturels,
sociaux et économiques.
Cardinal Ravasi : En ces temps de crise, «l’Eglise
doit contribuer à un réveil éthique»
La crise économique de l'europe et
de l'Italie fut la toile de fond des débats. Ce samedi soir, le chef du dicastère
organisant cet événement a conclu les deux jours de travaux, en insistant sur le rôle
à jouer pour l’Eglise en ces « temps d’incertitude », une expression emprunté au président
italien, Giorgio Napolitano à l’ouverture des débats. Le Cardinal Gianfranco Ravasi,
président du Conseil pontifical de la culture, a estimé que l’Eglise doit contribuer
au réveil éthique, condamnant à haute voix la mauvaise utilisation de l’argent public
et l’évasion fiscale. « Si on ne paie pas les taxes, a-t-il dit, il est inutile de
faire des dons de bienfaisance. » De son côté, le ministre italien du développement
économique, qui concluait les rencontres d’Assise avec le cardinal Ravasi, Corrado
Passera a lancé un appel à l’unité pour tenir bon face à la crise.
« Le
cri des pauvres »
Samedi après-midi, lors d’un atelier intitulé « le cri
des pauvres », Luigino Bruni exhortait, lui, à adopter un comportement solidaire.
Pour l’économiste italien, le déséquilibre des richesses ne dépend pas du PIB par
habitants, c’est le fruit d’un rapport politique et relationnel malade. « Les investissements
ne suffiront pas à éradiquer la pauvreté, si on ne s’inspire pas du baiser aux lépreux
de Saint François. » Evidemment, le Parvis des Gentils d’Assise fut aussi dédié
à des entretiens portés sur la foi. Parmi les échanges pris d’assaut par les croyants
et non croyants rassemblés à Assise, celui du philosophe Giulio Giorello et du prieur
de Bose, Enzo Bianchi, sur le thème « Contemplation et méditation. » « Contempler
signifie toujours s’adresser à un autre. Meme si cet « autre » n’a pas de majuscule
pour les non croyants », a affirmé Enzo Bianchi. Faisant écho à ces propos, le philosophe
italien a estimé que la contemplation doit être entendue comme « une activité qui
unit les hommes intelligents, disposés à « comprendre » les raisons des autres ».
Au regard de son étymologie latine, l’« intelligence » suppose la capacité de discernement
et de créer du lien entre les choses. L’« intelligence » vient du latin , « discerner
» ou « comprendre », un mot composé du préfixe « entre », et du verbe « cueillir
», « choisir », « lire ».
(Photo : Le Cardinal Ravasi, à gauche, écoute
le président de la République italienne Giorgio Napolitano, au centre)