“Pour le vol aggravé, je me déclare innocent. Je me sens coupable d’avoir trahi la
confiance qu’avait placée en moi le Saint-Père, que j’aime comme un fils ". C’est
ce qu'a déclaré Paolo Gabriele, l’ancien majordome de Benoît XVI, dans sa déposition
au procès qui se déroule actuellement au Vatican. Il est accusé de vol de documents
confidentiels dans les appartements pontificaux. Ce mardi se déroulait en effet la
deuxième audience du procès, suivie notamment par huit journalistes de la presse italienne
et étrangère qui ont ensuite pu relater les détails de cette audience, lors d'un briefing
en la salle de presse du Vatican.
Paolo Gabriele a reconnu sa culpabilité pour
avoir photocopié des documents, et a affirmé avoir agi seul, "sans aucun complice",
reconnaissant seulement avoir de nombreux "contacts" au Vatican, où il sentait un
"mécontentement vaste et diffus". "Au fil du temps je suis arrivé à la conviction
qu’il est facile de manipuler la personne qui a un pouvoir de décision aussi énorme",
a souligné Paolo Gabriele qui a ajouté que "parfois quand ils étaient assis à table,
le Pape posait des questions sur des sujets dont il devait être informé".
Ni
argent, ni bénéfice
Pour avoir photocopié ces documents qui se trouvaient
dans le secrétariat du Pape, Paolo Gabriele a précisé n’avoir reçu ni argent ni autre
bénéfice, ni pour lui ni pour personne d’autre. Des documents passés au journaliste
Gianluigi Nuzzi, qui devait ensuite publier le livre "Sua Santità". Il a précisé que
cette gratuité était même une condition de leur accord, et que de tout cela il n’a
récolté en fait que des "effets destructeurs". Paolo Gabriele a précisé qu’il ignorait
que la documentation serait utilisée pour une publication.
Le Secrétaire de
Benoît XVI, Mgr Georg Gaenswein, appelé à la barre ce mardi en qualité de témoin,
a affirmé que "durant toutes les années de service, il n’a jamais eu de raison de
douter du travail de Paolo Gabriele". Dans sa déposition, qui devait durer quelques
35 minutes, Mgr Gaenswein précisait avoir commencé à nourrir des soupçons quand il
a lu le livre "Sua Santità" où apparaissaient deux lettres qui n’étaient jamais sorties
de son bureau.
Une enquête sur les conditions de détention de Paolo Gabriele
En
plus du secrétaire du Pape, d’autres témoins ont été entendus, Cristina Cernetti,
la "memores" en service aux appartements pontificaux, des membres de la gendarmerie
vaticane, Giuseppe Pesce, Gianluca Gauzzi Broccoletti e Costanzo Alessandrini. Le
procès se poursuivra ce mercredi avec l’audition des autres témoins alors que les
réquisitoires d’accusation et de défense se tiendront à une date non encore précisée.
Autre
information donnée lors du point presse, le Vatican a décidé d'ouvrir une enquête
sur les conditions de détention de Paolo Gabriele, contestées par ce dernier lors
de son audition. Il s'est plaint d'avoir notamment subi des "pressions psychologiques"
lors de sa détention après son arrestation le 23 mai. Il a affirmé avoir été détenu
pendant quinze jours dans une cellule où il ne pouvait même pas étendre les bras et
où la lumière était continuellement allumée.
(Photo : La Salle de presse du
Saint-Siège prise d'assaut ce mardi par les journalistes)