Le Cardinal Filoni évoque "la nouvelle audace missionnaire"
Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples à Rome, le cardinal Fernando
Filoni était présent à Paris les 29 et 30 septembre pour inaugurer au siège de la
Société des Missions Etrangères de Paris l’exposition « Missions du toit du monde
». Portant sur « l’audace missionnaire » qui avait dû porter les prêtres partis dans
la seconde moitié du XIXème siècle évangéliser le Tibet, la conférence du cardinal
a évoqué l’émergence de « nouvelles formes de présence missionnaire », portées cette
fois – mais pas exclusivement – par les laïcs, qu’ils partent comme jeunes volontaires,
en famille avec enfants ou encore en tant que « jeunes retraités ».
« Evangéliser
n’est jamais une affaire simple... Dans certains pays, pour évangéliser il faut une
véritable audace missionnaire. C’est le cas du Tibet, non seulement aujourd’hui, mais
depuis les premières tentatives de son évangélisation. D’où la nécessité d’y envoyer
des hommes de foi au caractère trempé, animés d’un zèle apostolique ardent et plein
d’enthousiasme pour leur mission. » C’est par ces considérations que le cardinal Fernando
Filoni, préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples, a débuté sa conférence
sur l’audace missionnaire, samedi 29 septembre après-midi à Paris, au siège de la
Société des Missions Etrangères de Paris, après avoir inauguré l’exposition dédiée
à la mission au Tibet.
Au cours de son intervention, le cardinal a retracé
l’histoire complexe et mouvementée de la mission au Tibet dont les débuts remontent
au XVIème siècle, avec les Portugais, jusqu’à ce que le vicariat apostolique du Tibet
soit confié, le 27 mars 1846, à la Société des Missions Etrangères de Paris. En ce
temps-là, la Société de la Rue du Bac ne manquait pas d’hommes audacieux, voire héroïques
comme les trois premiers missionnaires martyrisés à Séoul (Mgr Imbert, les PP. Maubant
et Chastan), dans la mission de Corée.
« Mais aujourd’hui pouvons-nous encore
parler d’audace missionnaire ? », s’est demandé le cardinal, soulignant les profondes
différences entre le contexte préconciliaire et le contexte actuel. « Les Eglises
issues de l’« audace » d’autrefois étaient dirigées par un personnel et des évêques
occidentaux ; les religieux étaient majoritairement des ‘blancs’, les moyens matériels
provenaient de l’Occident, les projets étaient créés par des Occidentaux avec des
formes d’adaptation pratique.
Aujourd’hui, les Eglises en Afrique, Asie et
Océanie sont assez différentes : les évêques et les prêtres sont majoritairement indigènes,
les séminaires sont riches de vocations autochtones, les institutions culturelles
travaillent avec un personnel local, les œuvres éducatives et sociales répondent à
des administrateurs du pays concerné, et même les instituts missionnaires occidentaux
– qu’ils soient hommes ou femmes –, accueillent du personnel indigène pour continuer
leur propre activité, sans parler des nouveaux instituts nés en terre « de mission
». Parallèlement, nous assistons à une rapide diminution des missionnaires des pays
de vieille chrétienté, à la crise des vocations, à l’abandon des traditions en Afrique,
en Asie et en Océanie.
Le cardinal a ensuite continué : « Le contexte actuel
me fait penser à un épuisement historique de cette audace, mais en même temps à la
naissance de nouvelles formes de présence apostolique liée, par exemple, à un laïcat
plus conscient de son rôle missionnaire, avec une sensibilisation au niveau des jeunes,
des familles, des professionnels et pourquoi pas des personnes du troisième âge prêtes
à donner quelques années de leur propre vie comme missionnaires. » Dans sa conclusion,
le préfet du dicastère missionnaire a invité l’assistance à s’interroger sur les nouvelles
frontières de la Mission de nos jours et à quel type d’audace il convenait de faire
référence aujourd’hui, soulignant que demeuraient toujours « immuables et intrinsèques
» les facteurs de la Mission elle-même : le message et l’homme. (Avec Eglises d’Asie)
Comment une mission au Tibet devient-elle une véritable aventure spirituelle,
humaine, scientifique et technique ? « Missions du toit du monde », une exposition
inédite et surprenante, raconte une mission difficile qui a néanmoins donné naissance
à des communautés chrétiennes dans les régions du Sichuan, du Yunnan, du Sikkim et
de l’état d’Arunachal Pradesh. L’exposition se tiendra du 2 octobre 2012 au 30 juin
2013 aux Missions Etrangères de Paris.
Ecoutons le Père Georges Colomb,
supérieur général des Missions Etrangères de Paris, interrogé par Manuella Affejee.
Il nous présente l'exposition :