2012-09-25 20:00:21

Palestine : les ambitions de Mahmoud Abbas revues à la baisse


La 67ème Assemblée générale de l’ONU s’est ouverte ce mardi à New-York, focalisée cette année sur le conflit syrien qui s’éternise depuis 18 mois. Premier à la tribune du Palais de verre, le secrétaire général des Nations Unies a estimé que le conflit syrien était « un désastre régional avec des implications mondiales ». Pour Ban Ki Moon, il s’agit d’une « menace grave et croissante pour la paix et la sécurité internationale qui réclame l’attention du Conseil de sécurité ».

Un statut d'Etat non membre pour la Palestine

D’autres dossiers seront également au centre de l’attention lors de cette 67ème Assemblée : les tensions entre l’Iran et Israël, la vague de colère provoquée dans le monde musulman par la diffusion d’un film islamophobe ou encore le statut de la Palestine.

Cette année pas d’offensive diplomatique. Les responsables palestiniens n’ont déposé aucune demande d’adhésion pour faire de la Palestine le 194ème Etat des Nations Unies. Cette année, le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, devrait demander jeudi le statut d’Etat non membre qui ne requiert qu’une majorité simple de l’Assemblée générale et qu’il est sûr d’obtenir. Avec ce statut en poche, pas de reconnaissance universelle de la Palestine, mais la possibilité d’adhérer à toutes les agences onusiennes. Plus politique, le négociateur palestinien Saëb Erakat estime que « lorsque la Palestine aura le statut d’Etat non membre, aucun Israélien ne pourra plus dire que ce sont des territoires disputés ». Cela serait donc un tout petit pas en avant par rapport aux ambitions de l’an passé.

La solution à deux Etats est-elle en danger ?

Pourquoi n’avoir pas cette année encore demandé une adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU ? D’abord parce que les autorités palestiniennes savent d’avance qu’elles n’obtiendront pas la majorité requise au Conseil de sécurité. Les Etats-Unis pourraient de surcroît y opposer leur veto. Ensuite, parce que les conditions qui faisaient espérer Ramallah l’an dernier ne sont plus réunies : la réconciliation avec le Hamas est retombée, les pourparlers de paix avec Israël sont au point mort et la santé économique des territoires palestiniens, qui pourrait prouver au FMI et à la banque mondiale la viabilité d’un Etat palestinien, est étouffée par les restrictions israéliennes et par la crise budgétaire, illustrée encore récemment par la grogne sociale due à la hausse des prix et aux salaires impayés des fonctionnaires.

Aujourd’hui, selon un sondage effectué du 9 au 15 septembre par le Palestinian Center for Policy and Survey Research de Ramallah, les Palestiniens sont à 73% favorables à la voie onusienne pour obtenir une reconnaissance internationale, une stratégie diplomatique rejetée par Israël et les Etats-Unis. Malgré la tendance indiquée par cette enquête, un porte-parole du Hamas à Gaza a critiqué le projet de Mahmoud Abbas à l'ONU comme une « mesure unilatérale sans accord national ». Dans un entretien à l'AFP, Sami Abou Zouhri, affirme que « Abbas n'a pas consulté les mouvements palestiniens sur ce geste fatidique ».

« La reconnaissance de l'Etat palestinien est le bien le plus précieux que le monde arabe puisse obtenir dans toutes ses confessions chrétiennes et musulmanes »

Très récemment, lors du voyage du Pape au Liban, le Patriarche grec-melkite catholique de Damas a décidé d’aborder très largement le conflit israélo-palestinien dans son adresse à Benoît XVI en l'église Saint-Paul de Harissa lors de la cérémonie de signature de l'Exhortation Apostolique Post-synodale faisant suite à l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques. Sa Béatitude le Patriarche Grégoire III Laham a ainsi affirmé que « la reconnaissance de l'Etat palestinien est le bien le plus précieux que le monde arabe puisse obtenir dans toutes ses confessions chrétiennes et musulmanes ».

Extrait intégral du discours de Sa Béatitude le Patriarche Grégoire III Laham, le 14 septembre dernier à Harissa :

« La solution du conflit israélo-palestinien-arabe est garante de résoudre les problèmes les plus compliqués du monde arabe, elle est également une garantie pour freiner l'émigration des chrétiens et affermir leur présence dans cet Orient, qui est le berceau du christianisme, afin qu'ils puissent continuer leur rôle et leur mission, côte à côte et main dans la main avec leurs frères et concitoyens musulmans et d'autres confessions, afin que tous aient la vie, et l'aient en abondance (cf. Jean 10, 10), une vie plus libre, plus digne, plus ouverte, plus développée et plus florissante. La reconnaissance de l'Etat palestinien est le bien le plus précieux que le monde arabe puisse obtenir dans toutes ses confessions chrétiennes et musulmanes. Cela pourra garantir la réalisation des orientations exprimées dans cette Exhortation Apostolique Post-synodale, pour laquelle nous vous exprimons notre plus vive gratitude. Elle préparerait la voie vers un vrai printemps arabe, une vraie démocratie et une vraie révolution capable de changer la face du monde arabe et de donner la paix à la Terre Sainte, au Proche-Orient et au monde ».








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