Palestine : les ambitions de Mahmoud Abbas revues à la baisse
La 67ème Assemblée générale de l’ONU s’est ouverte ce mardi à New-York, focalisée
cette année sur le conflit syrien qui s’éternise depuis 18 mois. Premier à la tribune
du Palais de verre, le secrétaire général des Nations Unies a estimé que le conflit
syrien était « un désastre régional avec des implications mondiales ». Pour Ban Ki
Moon, il s’agit d’une « menace grave et croissante pour la paix et la sécurité internationale
qui réclame l’attention du Conseil de sécurité ».
Un statut d'Etat non membre
pour la Palestine
D’autres dossiers seront également au centre de l’attention
lors de cette 67ème Assemblée : les tensions entre l’Iran et Israël, la vague de colère
provoquée dans le monde musulman par la diffusion d’un film islamophobe ou encore
le statut de la Palestine.
Cette année pas d’offensive diplomatique. Les responsables
palestiniens n’ont déposé aucune demande d’adhésion pour faire de la Palestine le
194ème Etat des Nations Unies. Cette année, le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud
Abbas, devrait demander jeudi le statut d’Etat non membre qui ne requiert qu’une majorité
simple de l’Assemblée générale et qu’il est sûr d’obtenir. Avec ce statut en poche,
pas de reconnaissance universelle de la Palestine, mais la possibilité d’adhérer à
toutes les agences onusiennes. Plus politique, le négociateur palestinien Saëb Erakat
estime que « lorsque la Palestine aura le statut d’Etat non membre, aucun Israélien
ne pourra plus dire que ce sont des territoires disputés ». Cela serait donc un tout
petit pas en avant par rapport aux ambitions de l’an passé.
La solution
à deux Etats est-elle en danger ?
Pourquoi n’avoir pas cette année encore
demandé une adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU ? D’abord parce que les autorités
palestiniennes savent d’avance qu’elles n’obtiendront pas la majorité requise au Conseil
de sécurité. Les Etats-Unis pourraient de surcroît y opposer leur veto. Ensuite, parce
que les conditions qui faisaient espérer Ramallah l’an dernier ne sont plus réunies
: la réconciliation avec le Hamas est retombée, les pourparlers de paix avec Israël
sont au point mort et la santé économique des territoires palestiniens, qui pourrait
prouver au FMI et à la banque mondiale la viabilité d’un Etat palestinien, est étouffée
par les restrictions israéliennes et par la crise budgétaire, illustrée encore récemment
par la grogne sociale due à la hausse des prix et aux salaires impayés des fonctionnaires.
Aujourd’hui,
selon un sondage effectué du 9 au 15 septembre par le Palestinian Center for Policy
and Survey Research de Ramallah, les Palestiniens sont à 73% favorables à la voie
onusienne pour obtenir une reconnaissance internationale, une stratégie diplomatique
rejetée par Israël et les Etats-Unis. Malgré la tendance indiquée par cette enquête,
un porte-parole du Hamas à Gaza a critiqué le projet de Mahmoud Abbas à l'ONU comme
une « mesure unilatérale sans accord national ». Dans un entretien à l'AFP, Sami Abou
Zouhri, affirme que « Abbas n'a pas consulté les mouvements palestiniens sur ce geste
fatidique ».
« La reconnaissance de l'Etat palestinien est le bien le plus
précieux que le monde arabe puisse obtenir dans toutes ses confessions chrétiennes
et musulmanes »
Très récemment, lors du voyage du Pape au Liban, le Patriarche
grec-melkite catholique de Damas a décidé d’aborder très largement le conflit israélo-palestinien
dans son adresse à Benoît XVI en l'église Saint-Paul de Harissa lors de la cérémonie
de signature de l'Exhortation Apostolique Post-synodale faisant suite à l'Assemblée
Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques. Sa Béatitude le Patriarche Grégoire
III Laham a ainsi affirmé que « la reconnaissance de l'Etat palestinien est le bien
le plus précieux que le monde arabe puisse obtenir dans toutes ses confessions chrétiennes
et musulmanes ».
Extrait intégral du discours de Sa Béatitude le Patriarche
Grégoire III Laham, le 14 septembre dernier à Harissa :
« La solution
du conflit israélo-palestinien-arabe est garante de résoudre les problèmes les plus
compliqués du monde arabe, elle est également une garantie pour freiner l'émigration
des chrétiens et affermir leur présence dans cet Orient, qui est le berceau du christianisme,
afin qu'ils puissent continuer leur rôle et leur mission, côte à côte et main dans
la main avec leurs frères et concitoyens musulmans et d'autres confessions, afin que
tous aient la vie, et l'aient en abondance (cf. Jean 10, 10), une vie plus libre,
plus digne, plus ouverte, plus développée et plus florissante. La reconnaissance de
l'Etat palestinien est le bien le plus précieux que le monde arabe puisse obtenir
dans toutes ses confessions chrétiennes et musulmanes. Cela pourra garantir la réalisation
des orientations exprimées dans cette Exhortation Apostolique Post-synodale, pour
laquelle nous vous exprimons notre plus vive gratitude. Elle préparerait la voie vers
un vrai printemps arabe, une vraie démocratie et une vraie révolution capable de changer
la face du monde arabe et de donner la paix à la Terre Sainte, au Proche-Orient et
au monde ».