Le président des évêques italiens réclame une politique plus clairvoyante et solidaire
Le cardinal Angelo Bagnasco, Archevêque de Gênes et président de la Conférence des
évêques italiens, a ouvert dans la soirée du 24 septembre l’assemblée d’automne du
Conseil permanent de la Conférence épiscopale. A l’ordre du jour de cette assemblée
: la formation chrétienne des adultes, la préparation du Congrès ecclésial prévu en
2015 à Florence, la création d’un Bureau national pour la pastorale des vocations,
et des questions liées aux « unions de fait », avec en toile de fond la crainte d’une
légalisation du mariage homosexuel.
La crise économique et son impact sur l’emploi,
notamment des jeunes, et sur le budget des familles, est bien présente dans l’esprit
des évêques qui ne cachent plus leur indignation face au comportement d’une classe
politique discréditée et indifférente aux souffrances de la population. Le cardinal
Bagnasco avait récemment appelé de ses vœux une réforme en profondeur de l’Etat et
de la politique en Italie.
Le gouvernement doit se concentrer sur les dossiers
prioritaires
Et c’est un discours particulièrement énergique que le président
des évêques italiens a prononcé lundi soir, réclamant des stratégies clairvoyantes
à long terme et une politique de solidarité pour le bien de la nation. L’heure est
grave, la population italienne vit dans l’angoisse : dès les premières lignes de son
discours, le cardinal Bagnasco évoque la crise sans détours, il dénonce l’absence
d’une vision d’ensemble, et va jusqu’à appeler de ses vœux un anticonformisme sensé
pour sauver l’Italie de la stagnation.
Il est essentiel, selon lui, que la
classe politique se concentre sur les dossiers prioritaires : l’économie et l’emploi,
la réforme des partis politiques et des procédures électorales, la lutte contre la
corruption, le clientélisme et les scandales qui n’épargnent pas les administrations
régionales. On parle d’austérité et de coupes budgétaires – s’insurge le président
des évêques italiens - alors que certains continuent à gaspiller les deniers publics.
Selon lui, la classe politique a tort de sous-estimer l’indignation que suscitent
ces malversations et l’immoralité des administrateurs.
La fragilité sociale
devient une maladie de l’âme
C’est une nation, découragée et en crise de
confiance que le cardinal Bagnasco décrit avec des accents dramatiques : après des
décennies de culture de l’illusion et de l’apparence, la fragilité sociale, le sous-emploi
des jeunes, la crise de la famille deviennent une maladie de l’âme. La majorité silencieuse
et invisible de la population tient bon mais elle n’entend plus se laisser tromper
par les bavardages ; elle est disposée à faire des sacrifices mais pas les yeux fermés.
Il est donc urgent de renouveler les formations politiques et d’écarter ceux
dont la réputation a été entamée ; il serait sage de miser sur les communautés locales
et de les impliquer davantage, pour que le bien général l’emporte sur les intérêts
particuliers et sur la recherche du profit personnel. L’Eglise sait que sa parole
peut déranger, mais le christianisme n’est pas moribond – avertit le cardinal Bagnasco.
Il a des modèles à proposer.
Eviter « d’humiliantes et dangereuses capitulations
»
En clair, selon le cardinal Bagnasco, il faut que le gouvernement actuel
finisse le travail entrepris pour éviter à l’Italie « d’humiliantes et dangereuses
capitulations ». Dans une conjoncture particulièrement complexe, les partis politiques
se sont effacés. Ils devront entreprendre les réformes nécessaires et attendues pour
remplir correctement leur rôle.