Attentat suicide contre une église : Boko Haram continue de sévir au Nigéria
La Conférence des évêques catholiques du Nigéria se dit bouleversée par le nouvel
attentat perpétré dimanche contre la cathédrale catholique de Bauchi, dans le Nord
du pays alors que les fidèles sortaient de la messe dominicale. Le bilan est de trois
morts et 46 blessés. L'attentat suicide n'a pas été revendiqué mais il rappelle de
précédentes attaques menées par le groupe islamiste radical Boko Haram, considéré
comme responsable de la mort de plus de 1 400 personnes depuis 2010.
Interrogé
par l’agence vaticane Fides, le président de la Conférence épiscopale affirme que
les chrétiens ne doivent pas se laisser intimider par cette violence. Mgr Kaigama
les invite à s’efforcer de continuer à mener leur vie habituelle. De son côté, Maurizio
Misitano, membre de l’ONG augustinienne Apurimac, souligne que l’objectif de Boko
Haram est de déstabiliser le pouvoir. Pour y parvenir - dit-il - ils tentent de provoquer
une guerre entre les chrétiens et les musulmans. Les attaques contre les forces de
l’ordre et les structures de l’Etat sont d’ailleurs très fréquentes. Jusqu’ici les
mesures prises par les autorités se sont révélées inefficaces. Le Nigéria est l’Etat
le plus peuplé d’Afrique ; il abrite à lui seul le quart des Africains. C’est l’un
des principaux producteurs de pétrole du monde.
La société civile se mobilise
Des
associations sont en train de se mobiliser pour favoriser la paix et le dialogue.
Elles regroupent des représentants de l’Eglise catholique, des musulmans, des politiques,
des laïcs…. Une conférence internationale s’est tenue les 19 et 20 septembre à Jos
avec des représentants des ambassades du Canada, Italie, Allemagne, Espagne, Royaume
Uni, Etats-Unis. Les participants se sont déclarés convaincus que la solution de la
crise passe par le dialogue interculturel et interreligieux et par le renforcement
de la société civile.
Les attaques contre des églises chrétiennes le dimanche
au moment de la messe étaient quasi hebdomadaires durant les premiers mois de cette
année, souligne l'AFP, mais les violences ont diminué ces dernières semaines. Les
forces de l’ordre nigérianes ont récemment multiplié les opérations coups de poing
dans les milieux islamistes. La semaine dernière, elles auraient éliminé plusieurs
dirigeants de la secte. Mais Boko Haram est un mouvement tenace d'autant plus difficile
à terrasser aujourd’hui que des intérêts politiques nationaux et les tentacules d’al-Qaïda
au Maghreb islamique sont venus se greffer à des revendications strictement religieuses.