60 % des voitures et 100 % des camions roulent au diesel en Europe selon l’Union européenne.
Autant dire que l’enjeu est de taille pour les agrocarburants dont 80 % sont de l’agrodiesel.
Les besoins en matières premières, principalement du colza, du soja et de l’huile
de palme sont considérables. L’Union européenne, en 2008, s’était fixé trois objectifs
pour 2020 : réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre ; économiser 20
% en énergie ; porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la production
d’énergie totale.
Pour cela, les autorités européennes ont misé sur les agrocarburants.
Or, lundi, les 27 ministres de l’énergie ont décidé de limiter leur production, et
de baisser l’objectif à 5 % d’énergie renouvelable dans les transports, prenant en
compte les conséquences de cette politique sur les prix des marchés mondiaux des denrées
alimentaires et sur l’environnement.
Pourtant, cela ne suffit pas pour l’organisation
Oxfam qui milite pour le bannissement total de ces carburants. Selon l’ONG, qui a
publié un rapport au nom évocateur « les semences de la faim », « la surface agricole
nécessaire pour fournir les voitures européennes en agrocarburant aurait permis de
produire assez de blé et de maïs pour 127 millions de personnes pendant une année
». Autre effet pervers de ces agrocarburants selon l’organisation : la hausse
des prix des denrées alimentaires dans le monde. La surface agricole dévolue à l’alimentation
se réduit ainsi que la production, provoquant une pression à la hausse des cours.
Les premiers à être touchés sont les pays les plus pauvres, ceux qui ne réussissent
pas à subvenir à leurs besoins alimentaires ou qui n’ont pas les moyens financiers
de se fournir sur les marchés internationaux. Enfin, du point de vue environnemental,
Oxfam assure que les agrocarburants polluent davantage que les moteurs diesels. En
somme, les favoriser est une fausse bonne idée comme nous l’explique Marc-Olivier
Herman, du bureau européen d’Oxfam.