Mgr Kirillos : les Coptes se démarquent des auteurs du film islamophobe
Le procureur général d'Egypte a engagé, le mardi 18 septembre, des poursuites contre
sept Coptes égyptiens vivant aux Etats-Unis et soupçonnés d'être impliqués dans la
production ou la distribution du film amateur islamophobe qui continue d’embraser
le monde musulman. Les sept hommes sont accusés, selon le communiqué du Parquet, d'insultes
à la religion islamique, insultes au prophète (Mahomet) et incitation à la haine religieuse.
Cette
affaire fait craindre de nouvelles tensions entre chrétiens et musulmans en Egypte
et les autorités s’efforcent de canaliser l’émotion populaire pour éviter qu’elle
ne dégénère.
Monseigneur Kirillos condamne le film, «un geste d’agression»
Dès
les premières marches de protestation en Egypte, les Eglises chrétiennes du pays ont
condamné ce film «contraire à ce que l’Evangile nous enseigne», «un geste d’agression
contre les symboles religieux». Ce mardi, l'évêque catholique copte d'Assiout en Haute-Egypte
prend sur nos ondes, ses distances avec les auteurs, quels qu’ils soient, de cette
vidéo islamophobe. Avec la décision prise ce mardi par la justice égyptienne,
les Coptes peuvent-ils, par association malheureuse, être l’objet de dérapage ? Monseigneur
William Samaan Kirillos estime qu’il est «très facile pour des extrémistes non chrétiens
d’accuser les Coptes pour n’importe quelle bêtise». Remarquant l’importante couverture
médiatique sur ce film en Egypte, il note qu’il y a «aussi beaucoup d’autres choses
contre le christianisme, même ici en Egypte, et personne n’en parle (…) Il y a un
projet de loi chez nous contre ceux qui se moquent de notre religion, mais qui n’est
jamais, jamais appliquée» . «Une injustice».
Ecoutez Monseigneur Kirillos,
l’évêque catholique copte d'Assiout en Haute-Egypte
Les Coptes
choqués et angoissés
Selon l'AFP, la communauté copte de Californie s’est
dite choquée par ces informations ; l’évêque Serapion et d’autres dirigeants de l’Eglise
copte orthodoxe de Los Angeles ont condamné un film qui heurte les sentiments religieux.
Ils disent ne pas connaître l’auteur présumé du film. Quiconque l’a produit – soulignent-ils
– ne représente pas la foi chrétienne qui exige le respect de toutes les religions.
L'Union
des jeunes de Maspéro, qui regroupe de jeunes chrétiens d'Égypte, a tenu à souligner
que les Coptes qui ont pris part à la production du film en question ne sont pas représentatifs
de la grande majorité des Coptes. Ils ne représentent ni le christianisme, ni l'Église,
ni les Coptes de la diaspora. Certaines associations coptes ont même organisé des
manifestations parallèles pour manifester leur solidarité avec les musulmans contre
le film brûlot. Quant au Patriarche par intérim de l'Eglise copte d'Egypte, Anba Pachomios,
il a dénoncé le film et ceux qui cherchent à semer la zizanie.
Quand on
se moque de Jésus Christ, aucun copte ne réagit de cette façon
Selon le
correspondant au Caire du Nouvel Observateur, les Coptes d'Egypte éprouvent un sentiment
d’angoisse et d’abandon. Ils ne cautionnent pas le film mais ils ne comprennent pas
cet emballement : « Quand on se moque de Jésus Christ, aucun copte ne réagit de cette
façon » - souligne l'un d'eux. Un autre montre au journaliste le résidu d’un crucifix
et raconte que des musulmans l’ont cassé l’année dernière pendant les affrontements.
Le
correspondant d’RFI affirme lui aussi qu’un sentiment de crainte s’est emparé de la
communauté copte d'Egypte. Ils seraient nombreux à vouloir quitter le pays.