Discours prononcé par le Pape, le 16 septembre, à son départ de Beyrouth
Texte intégral du discours prononcé par le Saint-Père, le 16 septembre à Beyrouth,
lors de la cérémonie de congé
Monsieur le Président, Messieurs
les Présidents du Parlement et du Conseil des ministres, Béatitudes et frères dans
l’épiscopat, Autorités civiles et religieuses, et chers amis,
Alors qu’arrive
le moment du départ, c’est avec regret que je laisse le cher Liban. Je vous remercie,
Monsieur le Président, pour vos paroles et pour avoir favorisé, avec le Gouvernement
dont je salue les représentants, l’organisation des divers évènements qui ont marqué
ma présence parmi vous, secondé de manière remarquable par l’efficacité des différents
services de la République et du secteur privé. Je remercie aussi le Patriarche Bechara
Boutros Raï, et tous les Patriarches présents ainsi que les évêques orientaux et latins,
les prêtres et les diacres, les religieux et les religieuses, les séminaristes et
les fidèles qui se sont déplacés pour me recevoir. Vous visitant, c’est comme si Pierre
venait à vous, et vous avez reçu Pierre avec la cordialité qui caractérise vos Églises
et votre culture. Mes remerciements vont particulièrement à l’ensemble du peuple
libanais qui forme une belle et riche mosaïque et qui a su manifester au Successeur
de Pierre son enthousiasme, par l’apport multiforme et spécifique de chaque communauté.
Je remercie cordialement les vénérables Églises sœurs et les communautés protestantes.
Je remercie particulièrement les représentants des communautés musulmanes. Durant
tout mon séjour, j’ai pu constater combien votre présence a contribué à la réussite
de mon voyage. Le monde arabe et le monde entier auront vu, en ces temps troublés,
des chrétiens et des musulmans réunis pour célébrer la paix. Il est de tradition au
Moyen-Orient, de recevoir l’hôte de passage avec égard et respect, et vous l’avez
fait. Je vous en remercie tous. Mais, à l’égard et au respect, vous avez apporté un
complément ; il peut se comparer à l’une de ces fameuses épices orientales qui enrichit
la saveur des mets : votre chaleur et votre cœur, qui m’ont donné le goût de revenir.
Je vous en remercie particulièrement. Que Dieu vous bénisse pour cela ! Durant
mon trop bref séjour, motivé principalement par la signature et la remise de l’Exhortation
apostolique Ecclesia in Medio Oriente, j’ai pu rencontrer les différentes composantes
de votre société. Il y a eu des moments plus officiels, d’autres plus intimes, des
moments de haute densité religieuse et de prière fervente et d’autres encore, marqués
par l’enthousiasme de la jeunesse. Je rends grâce à Dieu pour ces occasions qu’il
a permises, pour les rencontres de qualité que j’ai pu avoir, et pour la prière qui
a été faite par tous, et pour tous au Liban et au Moyen-Orient, quelle que soit l’origine
ou la confession religieuse de chacun. Dans sa sagesse, Salomon a fait appel
à Hiram de Tyr, pour l’élévation d’une maison pour le Nom de Dieu, un sanctuaire pour
l’éternité (cf. Si 47, 13). Et Hiram que j’ai évoqué en arrivant, envoya du bois provenant
des cèdres du Liban (cf. 1 R 5, 22). Des boiseries de cèdre meublaient l’intérieur
du Temple et portaient des guirlandes de fleurs sculptées (cf. 1 R 6, 18). Le Liban
était présent dans le Sanctuaire de Dieu. Puisse le Liban d’aujourd’hui, ses habitants,
continuer à être présents dans le sanctuaire de Dieu ! Puisse le Liban continuer à
être un espace où les hommes et les femmes peuvent vivre en harmonie et en paix les
uns avec les autres pour donner au monde, non seulement le témoignage de l’existence
de Dieu, premier thème du Synode passé, mais également, celui de la communion entre
les hommes, second thème du même Synode, quelle que soit leur sensibilité politique,
communautaire et religieuse ! Je prie Dieu pour le Liban, afin qu’il vive dans
la paix et résiste avec courage à tout ce qui pourrait la détruire ou la miner. Je
souhaite au Liban de continuer à permettre la pluralité des traditions religieuses
et à ne pas écouter la voix de ceux qui veulent l’en empêcher. Je souhaite au Liban
de fortifier la communion entre tous ses habitants, quelle que soit leur communauté
et leur religion, en refusant résolument tout ce qui pourrait conduire à la désunion,
et en choisissant avec détermination la fraternité. Ce sont là des fleurs qui sont
agréables à Dieu, des vertus qui sont possibles et qu’il conviendrait de consolider
en les enracinant davantage. La Vierge Marie, vénérée avec dévotion et tendresse,
par les fidèles des confessions religieuses présentes ici, est un modèle sûr pour
avancer avec espérance sur le chemin d’une fraternité vécue et authentique. Le Liban
l’a bien compris en proclamant il y a quelque temps, le 25 mars comme jour férié,
permettant ainsi à tous ses habitants de pouvoir vivre davantage leur unité dans la
sérénité. Que la Vierge Marie dont les antiques sanctuaires sont si nombreux dans
votre pays, continue à vous accompagner et à vous inspirer ! Que Dieu bénisse
le Liban et tous les Libanais ! Qu’il ne cesse de les attirer à Lui pour leur donner
part à sa vie éternelle ! Qu’il les comble de sa joie, de sa paix et de sa lumière
! Que Dieu bénisse tout le Moyen-Orient ! Sur chacun et chacune d’entre vous, j’invoque
de grand cœur l’abondance des Bénédictions divines. لِيُبَارِك الربُّ جميعَكُم [Que
Dieu vous bénisse tous !]