L'unité des chrétiens s’impose pour raffermir la crédibilité de l’annonce de l’Evangile
Avant de repartir pour Rome, dans l'après-midi du dimanche 16 septembre, à Beyrouth,
Benoît XVI a participé à une rencontre œcuménique au Patriarcat syro-catholique de
Charfet, un monastère fondé il y a 225 ans et connu pour sa riche bibliothèque avec
ses 3 000 manuscrits en langues syriaque et arabe. Les Patriarches orthodoxes et les
représentants des confessions protestantes du Liban avaient été invités ainsi que
les Patriarches catholiques. Une brève rencontre à caractère privé mais essentielle
dans une région où les différentes communautés chrétiennes sont parfois très divisées.
A cette occasion, le Pape a prononcé une brève allocution. Ecoutez :
Texte de l'allocution
du Pape Sainteté, Béatitude,, Vénérés Patriarches, chers Frères dans l’épiscopat, Chers
Représentants des Eglises et des Communautés protestantes, Chrs frères,
C’est
avec joie que je me trouve parmi vous, dans ce monastère Notre Dame de la Délivrance
de Charfet, haut-lieu de l’Eglise Syriaque catholique pour le Liban et pour tout le
Moyen-Orient. Je remercie Sa Béatitude Ignace Youssef Younnan, Patriarche d’Antioche
des Syriaques catholiques, pour ses fortes paroles d’accueil. Je salue fraternellement
chacun de vous qui représentez la diversité de l’Eglise en Orient et en particulier
Sa Béatitude Ignace IV Haram, Patriarche de Antioche des grecque-orthodoxes et de
tout l’Orient et Mar Ignatius Zakka I Iwas, Patriarche de l’Eglise Syriaque-Orthodoxe
d’Antioche et de tout l’Orient, dont l’heureuse présence solennise cette rencontre.
Je vous remercie de tout cœur pour être parmi nous. Ma pensée va aussi vers l’Eglise
copte-orthodoxe d’Egypte et l’Eglise éthiopienne orthodoxe qui ont eu la douleur de
perdre leur Patriarche respectif. Je les assure de ma proximité fraternelle et de
ma prière.
Permettez-moi de saluer ici le témoignage de foi rendu par l’Eglise
Syriaque d’Antioche au cours de sa glorieuse histoire, témoignage d’un amour ardent
pour le Christ qui lui a fait écrire, jusqu’à nos jours, des pages héroïques pour
demeures fidèle à la foi jusqu’au martyre. Je l’encourage à être pou les peuples de
la région, un signe de la paix qui vient de Dieu et une lumière qui fait vivre leur
espérance. J’étends cet encouragement à toutes les Eglises et communautés ecclésiales
présentes dans cette région.
Chers frères, notre rencontre de ce soir est un
signe éloquent de notre désir profond de répondre à l’appel du Seigneur Jésus « Que
tous soient un » (Jn 17,21). Dans ces temps instables et inclines à la violence que
connaît votre région, il est toujours plus urgent que les disciples du Christ donnent
un témoignage authentique de leur unité, à fin que le monde croie dans son message
d’amour, de paix et de réconciliation. C’est ce message que tous les chrétiens et
nous en particulier avons reçu mission de transmettre au monde, et qui prend une valeur
inestimable dans le contexte actuel du Moyen-Orient.
Travaillons sans relâche
pour que notre amour pour le Christ nous conduise peu à peu vers la pleine communion
entre nous. Pour cela, par la prière et par l’engagement commun, il nous faut revenir
sans cesse vers notre unique Seigneur et saveur. Car, comme je l’ai écrit dans l’Exhortation
apostolique Ecclesia in Medio Oriente que j’ai le plaisir de vous remettre, “Jésus
unit ceux qui croient en lui et qui l’aiment en leur donnant l’Esprit de son Père,
ainsi que Marie, sa mère” (n. 15).
Je confie à la Vierge Marie chacune de vos
personnes ainsi que les membres de vos communautés. Qu’elle implore pour nous son
divin Fils afin que nous soyons délivrés de tout mal et de toute violence, et que
cette région du Moyen-Orient connaisse enfin le temps de la réconciliation et de la
paix. Que la Parole de Jésus que j’ai souvent citée au cour de ce voyage, “Salami
o-tikum!” (Jn 14, 279, soit pour nous tous le signe commun que nous donnerons au nom
du Christ aux peuples de cette région bien-aimée qui aspire avec impatience à la réalisation
de cette annonce! Merci a vous!
**********
En accueillant le Pape au
début de la rencontre, le Patriarche Ignace Youssef III Younan l’a salué en syriaque-araméen,
la langue liturgique de l’Eglise syriaque catholique : «shlomo w-houbo» «paix et amour»!
Il a remercié Benoît XVI d’être venu, malgré les bouleversements douloureux qui secouent
plus d’un pays dans la région. Il a rappelé que la montagne libanaise a été un refuge
pour les chrétiens persécutés. Il a réaffirmé la fidélité de son Eglise au siège de
Rome.
La cathédrale syriaque de Bagdad cible d'un attentat meurtrier en
2010
Notre Eglise, si petite en nombre, éprouvée terriblement pour sa
fidélité au Sauveur, fut tout au long de son histoire la cible de tant de haine et
de persécution – a rappelé le Patriarche avant d’évoquer le carnage perpétré dans
la cathédrale syriaque de Bagdad, il y a deux ans. Pour lui, le témoignage chrétien
doit être renouvelé car il risque d’être entravé par la méfiance et même par l’hostilité
de la part de la majorité religieuse.
Les chrétiens – a-t-il rappelé - sont
à l’heure actuelle, le groupe religieux en butte au plus grand nombre de persécutions
à cause de leur foi. Nous, les chrétiens du Moyen-Orient, tout en reconnaissant nos
faiblesses et défaillances, nous nous attendons à ce que nos droits humains, surtout
notre liberté religieuse et de conscience soient respectés, et que la communauté internationale
et, tout particulièrement, les nations dites démocratiques et pluralistes, défendent
effectivement nos aspirations à vivre dans nos pays d’origine dans la dignité des
citoyens et citoyennes à part entière.
L’unité œcuménique, une exigence
au Moyen-Orient
Dans l’exhortation apostolique post-synodale pour le Moyen-Orient,
Benoît XVI plaide en faveur de l’unité œcuménique « qui n’est pas l’uniformisation
des traditions et des célébrations » mais qui s’impose pour raffermir la crédibilité
de l’annonce de l’Evangile et le témoignage chrétien dans un « contexte politiquement
contraignant, instable et actuellement enclin à la violence », où l’Eglise vit dans
une multiformité remarquable.
Le texte énonce des propositions concrètes pour
une pastorale œcuménique d’ensemble. Il recommande, entre autres, l’application de
l’ouverture conciliaire vers une certaine communicatio in sacris pour les sacrements
de la Pénitence, de l’Eucharistie et de l’onction des malades. Il invite explicitement
les pasteurs à habituer les fidèles à être des témoins de la communion dans tous les
domaines de leur vie et les Eglises à se prononcer d’une seule voix sur les grandes
questions morales.
Pour une traduction commune du Notre-Père
Le
Pape se dit certain que des accords pourront être trouvés pour une traduction commune
du Notre Père dans les langues vernaculaires de la région. En priant ensemble avec
les mêmes paroles, les chrétiens reconnaîtront leur enracinement commun dans l’unique
foi apostolique. Il propose des initiatives conjointes comme l’approfondissement commun
de l’étude des Pères orientaux et latins et une lecture ensemble de la Bible